Des soucis en pagaille
Szabolcs Weöres (New Europe) a quant à lui arraché sa grand-voile et sa voile d’avant A7 dans la soirée d’hier. Les conditions météos, encore délicates, l’empêchent pour l’instant de pouvoir réparer sereinement et il s’active afin d’éviter tout autre avarie dans les prochaines heures.
De son côté, Thomas Ruyant tente toujours de régler son problème de voie d’eau à l’avant de son IMOCA, au niveau de la soute à voile. « C’est parfois un peu les chutes du Niagara avec toute l’eau sur le pont. Ça me prend pas mal d’énergie de pomper pour vider l’habitacle, trente minutes à une heure toutes les deux heures mais ça ne m’empêche pas de naviguer », confie-t-il aux vacations. Le Nordiste se fait presque philosophe : « on aura d’autres soucis et les autres aussi ».
Clarisse Cremer (L’Occitane en Provence) a vécu « une nuit de l’enfer » : elle a perdu sa plus grande voile d’avant (le grand gennaker, MHO). « Sans cette voile, les prochains jours au portant dans des petits airs ne vont pas être drôles » reconnaît-elle.
Guirec Soudée (Freelance.com) n’a pas été épargné non plus : « je ne peux plus utiliser mon spi qui est tombé à l’eau et mon petit gennaker non plus. C’est frustrant de ne pas être au max des capacités du bateau ». Il attend que les conditions soient plus propices pour réparer. « J’irai me mettre à l’abri à côté de Madère pour réparer un peu ».
Chez Clarisse comme chez Guirec, il y a cette impression tenace de ne pas tomber dans l’abattement, comme s’ils avaient intégré qu’une part de souffrance s’inviterait de toute façon dans leur aventure. « La course est encore longue », assure Clarisse, « j’ai quand même la patate » poursuit Guirec. Le même constat s’est imposé en écoutant Éric Bellion (STAND AS ONE) : « c’est un peu la galère, je suis en ‘mode guerrier’, je sais qu’il ne faut pas réfléchir ».
Il y a les mots et les attitudes aussi : dans une courte vidéo où il s’offre un sandwich, Giancarlo Pedote (Prysmian) laisse apparaître des cernes creusées, témoins de la répétition des efforts. Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family) s’est filmé dans le brouhaha de la nuit ravi de « sa sieste de 30 minutes ».
Malgré tout, tous tiennent bon et c’est un exploit en soit : pour la première fois depuis vingt ans et la 5e édition du Vendée Globe, tous les skippers ont passé le Cap Finisterre et restent en course.
Ce qui permet de se projeter sur la suite et de garder le sourire. Guirec Soudée s’est amusé hier à évoquer son envie de pizza… Avant d’en sortir une de son bateau. Sauf que dans la vidéo, il n’évoque pas la cuisson. Il en rigole encore aujourd’hui : « j’ai essayé les applis de livraisons mais ça ne marchait pas. Des amis m’avaient gardé deux pizzas. Je l’ai mangé froide mais c’était une tuerie ! »
C’est une certitude : le large aussi à ses petits bonheurs du quotidien.