Ce n’est pas une obligation mais plus de la moitié des équipes ont un skipper remplaçant. Il s’agit d’un marin qui possède l’expérience et la formation nécessaire pour prendre la relève au cas où un événement improbable se produisait. Si cette situation s’est déjà présentée à la Route du Rhum ou encore à la Barcelona World Race, cela ne s’est encore jamais produit dans l’histoire du Vendée Globe.
Une situation “un peu étrange”
Parmi les remplaçants, nous retrouvons Yann Eliès pour Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) ou Franck Cammas pour Jérémie Beyou (Charal). Le Britannique Will Harris est le skipper remplaçant de l'Allemand Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer) et Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef) peut compter sur son fidèle compère de navigation, Julien Villion. La plupart d’entre eux ont déjà parcouru des milliers de milles sur leurs IMOCA respectifs, en participant notamment aux courses en double.
C’est notamment le cas de Will Harris qui rêve de prendre le départ de la 11e édition du Vendée Globe en 2028. Ces derniers mois au sein du team Malizia-Seaexplorer, il a partagé avec Boris Herrmann les responsabilités et la charge de travail avant le tour du monde. Objectif ? Être prêt à prendre le départ à tout moment. Pourtant, il sait que ses chances de partir sont infimes. « C'est un peu étrange de se préparer à cette course même si j'ai déjà été remplaçant de Boris sur d'autres, comme la Route du Rhum. D’habitude, il y a la perspective d'être absent pendant deux ou trois semaines. Cette fois-ci, ce serait plutôt trois mois ! »
De fait, d’après Will Harris, il y a « bien plus de choses à prendre en compte » Lui qui était déjà skipper remplaçant il y a quatre ans n’a « pas les mêmes responsabilités aujourd’hui. J'ai une femme et un bébé qui doit naître d'ici peu. Nous en avons parlé et j'ai obtenu le feu vert. À cinq jours du départ, si les chances de partir sont très minces, vous avez toujours cette petite perspective dans la tête... »
La meilleure préparation au Vendée Globe 2028 ?
Will a parcouru presque autant de milles que Boris à bord de l’IMOCA, à l'exception des deux courses transatlantique de cette année, « Ce qui est vraiment bien dans mon rôle, c'est que je me suis préparé pour cette course comme si j’allais la faire moi-même. Le skipper a généralement son entreprise à gérer, il a une famille, il se prépare pour la course et pour partir trois mois. C’est une bonne chose pour Boris et pour tout skipper solitaire d’avoir quelqu’un à ses côtés qui peut prendre sa place si jamais ».
Will souhaite donc disputer le Vendée Globe dans un avenir proche : « Pour moi, il n'y a pas de meilleur moyen de me préparer pour la prochaine édition. Au-delà des semaines passées ici, c'est tout le temps passé à travailler sur les performances du bateau qui est précieux. J'ai été très impliqué dans tout cela et dès que Boris sera en course, nous pourrons voir ce que nous avons bien fait et moins bien fait. Tout cela sera très bénéfique pour l'avenir, pour l'équipe et pour moi ».
Pour l'équipe de Malizia – Seaexplorer, ces trois semaines passées ici aux Sables d'Olonne sont mises à profit, mais le bateau, lui, est arrivé absolument prêt à courir : « Pour nous, la course a commencé le 18 octobre. Depuis notre arrivée ici, nous avons une règle stricte : on ne touche pas au bateau. Il est arrivé prêt à courir. Nous ne testons pas les voiles, nous ne voulons pas que Boris navigue avec quelque chose qui n'a pas été testé. Nous avons amarré le bateau aux Sables d’Olonne le 17 octobre, depuis nous faisons des tours du bateau, vérifions que nous avons documenté tout ce qui se trouve à bord et mis en place des procédures de réparation et d'utilisation des pièces de rechange. Il y a des listes de où se trouvent les choses, de sorte qu'en cas de problème, nous pouvons orienter Boris vers un dossier de photos pour voir comment réparer. Tout ce qui est météo, roadbooks etc sont également mis à jour. D’autres aspects sont étudiés longtemps à l'avance, comme les ports accessibles en cas d’avarie, la liste des petites îles auprès desquelles s’abriter etc, ainsi que les éléments fournis par l’autorité organisatrice, telles que les zones d'exclusion des glaces et autres zones à éviter ».
Prendre soin du « Talent »
Pour Julien Villion, tout aussi prêt à partir en cas de pépin de Justine Mettraux, le Vendée Globe ne figure pas sur sa liste d'objectifs futurs : « J'ai suivi toutes les formations médicales et autres stages spécifiques de l'IMOCA. Je travaille avec « Juju » (Justine Mettraux) et son équipe depuis trois ans et j'ai participé à toutes les sessions de navigation, à l'exception des courses en solitaire bien sûr. Je connais donc très bien le bateau et tous ses systèmes embarqués. C'est pourquoi je suis le skipper remplaçant.
Si je n'ai pas de désir absolu de faire le Vendée Globe un jour, j'aime cette course et je sais que ça compte beaucoup dans la carrière d’un skipper. Aujourd'hui, mon profil est davantage sollicité pour être équipier d’un team. En plus de travailler avec Justine, je fais également partie de l'équipe Gitana (Ultime). Mon objectif est de faire le tour du monde, mais plutôt en 40 jours qu'en 70 et en équipage plutôt qu'en solitaire mais je suis sûr que si j’avais l’opportunité de courir le Vendée Globe, j’en serais très heureux. En tout cas, si cette éventualité se produisait dans les cinq prochains jours, je serais prêt et saurais saisir cette chance, mais, en attendant, je prends soin de Justine ! »