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Sauve-qui-peut !

« Un problème sans solution est un problème mal posé », disait Albert Einstein. En ce sens, la difficulté à laquelle sont actuellement confrontés les marins du Vendée Globe - en particulier les leaders -, ressemble fort à un Rubik’s Cube sans couleurs. On parle là d’une vilaine dépression qui ne va leur laisser en réalité que deux choix : faire le dos rond ou… faire le dos rond. Elle est en effet tellement balèze qu’ils n’ont pas la possibilité de la contourner d’un côté ou de l’autre. Le seul compromis qu’elle leur offre, c’est de prendre 45 nœuds dans six mètres de vagues plutôt que 60 nœuds dans dix. On a déjà vu mieux comme alternative. Ce mardi, tous les marins du groupe de tête, y compris Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) qui ont attendu davantage de temps que leurs adversaires pour modifier leur trajectoire, crapahutent vers le nord pour s’éloigner autant que possible du centre du système en question même s’ils savent que, dans tous les cas, ils vont se faire copieusement malmener pendant les prochaines 48 heures.

COURSE, 02 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 03 décembre 2024. (Photo du skipper Justine Mettraux) Coucher de soleil
COURSE, 02 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau TeamWork - Team Snef lors de la course à la voile du Vendée Globe, le 03 décembre 2024. (Photo du skipper Justine Mettraux) Coucher de soleil

Si les marins partent généralement du principe que tout problème a une solution, ils font cependant parfois face à des difficultés qui les obligent à chercher des perspectives alternatives. En l’espèce, la grosse dépression qui prévoit de leur chatouiller les moustaches et même de tester la solidité de leurs plombages dentaires à partir de demain les oblige, depuis 48 heures déjà, à revoir leurs plans de route pour rejoindre le cap Leeuwin. Et pour cause, alors qu’elle ne cesse de se creuser à mesure qu’elle se rapproche d’eux, elle les oblige à prendre quelques précautions, notamment en contournant son centre pour éviter le plus dur, ce qui ne relève pas d’une capitulation, mais d’une stratégie lucide. En fait, il n’y a pas trop de solutions. La route s’arrête net. Il va juste falloir être très prudent et précautionneux avec le bateau. Laisser passer le plus gros de la tempête en espérant qu’on la traverse sans encombre et que tout se passe bien », a commenté Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), prêt à jouer à la tortue et rentrer dans sa carapace si nécessaire.

Privilégier la sécurité : une stratégie nécessaire

« J’appréhende un peu. On va serrer les fesses pendant 48 heures. J’ai déjà pris 67 nœuds lors de The Ocean Race en 2023. Je sais que ce n’est pas agréable du tout mais il n’y a pas d’échappatoires », a confirmé le Sablais qui, comme les autres, décortique les fichiers de vent mais aussi ceux concernant l’état de la mer. Pour l’heure, pas moins de 60 nœuds et dix mètres de creux sont annoncés dans l’axe de la fameuse dépression. 


Ça ne va être facile pour personne.

Sébastien Simon
Groupe Dubreuil

« Ça ne va être facile pour personne. On va subir », a assuré Sébastien Simon, dont le choix stratégique est clair et se résume en un mot : prudence. C’est exactement la même chose pour ses rivaux, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA), Thomas Ruyant (VULNERABLE) mais aussi Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Jérémie Beyou (Charal), Sam Goodchild (VULNERABLE), Yannick Bestaven (Maître CoQ V), Paul Meilhat (Biotherm) qui ont, pour leur part, entrepris d’incurver leur trajectoire vers le Nord bien plus tôt. Tous ne seront pas mangés exactement à la même sauce et leurs conditions de navigations sont d’ailleurs déjà très différentes aujourd’hui.

Bien d’éviter d’aller au carton quand c’est possible

Pendant que les premiers composent avec de petits airs au près, les autres profitent d’une journée propice à la vitesse. C’est également le cas pour bon nombre de leurs poursuivants, et en particulier pour le gros du peloton qui file bon train dans un vent qui ne va faire que se renforcer d’ici à jeudi. Pour eux, les conditions de vent devraient néanmoins rester bien plus maniables que pour les leaders même si les courants des Aiguilles risquent de corser les choses aux abords du cap de Bonne Espérance. Certains devraient même réussir à passer entre les gouttes de cette première « patate » australe, à l’image de Manu Cousin, qui ne peut que s’en réjouir à la suite de sa mésaventure avec un OANI, avant-hier. « Mes routages me font effectivement passer derrière cette grosse dép’, ce qui est plutôt pas mal. Cela me laisse un peu de temps pour me remettre du choc psychologique que j’ai vécu. J’ai bien cru que ma course allait s’arrêter-là. J’ai vraiment eu la trouille. Je suis content de ne pas aller au carton juste après ça », a terminé le skipper de Coup de Pouce qui sait bien cependant que, quoi qu’il arrive, naviguer dans les mers du Sud, c’est forcément faire face à une violence climatique légendaire à un moment ou à un autre.


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