Derrière, la guerre des positions continue
La bulle anticyclonique qui sépare les trois leaders du reste de la flotte est bien visible sur la cartographie. Cette grande zone bleutée fait toujours office de « barrière infranchissable », le terme utilisé par Jérémie Beyou (Charal, 6e). Il faudra être patient : ce n’est qu’à partir de mercredi que l’anticyclone remontera vers le Nord et permettra aux skippers de s’échapper. En attendant, ceux qui sont derrière et qui bénéficient de vent fort peuvent revenir.
Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer, 10e), Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 11e), Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) bénéficient ainsi d’un vent particulièrement soutenu. « J’espère me tromper mais l’état de la mer va rendre les prochaines 24 heures très compliquées, confiait Clarisse ce matin. Il y a 40 à 45 nœuds de vent de travers à négocier. Si je n’arrive pas à faire de bonnes moyennes, je vais voir le bus (le front) partir sans moi ! »
Pip Hare, les illusions perdues
Dans la flotte, la nouvelle du démâtage de Pip Hare (Medallia, 16e), la nuit dernière, est encore dans toutes les têtes. « J’ai ressenti énormément de tristesse, j’en ai eu les larmes aux yeux, c’est vraiment dur, confie Isabelle Joschke (MACSF, 18e). « Pip est une fille géniale, toujours souriante, toujours la patate, confie Arnaud Boissière (La Mie Câline, 29e). Je suis de tout cœur avec elle ! » Conrad Colman (MS Amlin, 27e) a connu la même mésaventure en 2016 : « chaque mât qui tombe, c’est un couteau dans le cœur. Ça fait remonter chez moi beaucoup d’émotions. Quand ça t’arrive, tu as l’impression que tout ton monde s’effondre ». Nombreux sont les marins à avoir écrit à Pip pour lui témoigner de leur soutien.
La Britannique, rayonnante depuis le début de la course, est encore sous le choc. « Je vais bien, dit-elle dans une vidéo, tentant de trouver les mots malgré la déception et la douleur. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Le bateau a décollé et quand il a atterri, le mât est tombé en deux morceaux. Je ne pense pas pouvoir expliquer ce que je ressens pour l’instant ». Pip s’est activée à mettre en place un gréement de fortune qui lui a permis de progresser à environ 4 nœuds tout au long de la journée. Elle pointe à 700 milles des côtes australiennes qu’elle devrait rallier dans une dizaine de jours.
Dans la flotte, les bobos se multiplient
Alors que débute la 6e semaine de course, la fatigue s’accumule et les soucis aussi. Benjamin Ferré (Monnoyeur - DUO for a JOB, 23e) a été tiré d’une sieste à cause d’un « énorme claquement ». « Il y avait de l’huile partout dans le bateau, la fixation du vérin de quille a littéralement explosé ». Un temps, le skipper pense à abandonner, à faire route vers l’Australie. « J’ai vraiment cru que mon Vendée Globe était terminé ». Il s’est surtout activé « pendant douze heures », aidé par son équipe technique à terre et Jean Le Cam qui l’a appelé régulièrement. Un travail « de titan et sans repos » qui lui a permis de réparer et de reprendre sa route.