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On refait le tour (4e partie) : La remontée de l'Atlantique

Tout au long de la semaine, vendeeglobe.org refait le tour du monde. Résumés, phrases marquantes, photos, vidéos, faits de course... En quatre parties, revivez l'essentiel de ce 7e Vendée Globe. Aujourd'hui, dernier acte : la remontée de l'Atlantique et l'arrivée.

Acciona dans l'île des Estats

RÉSUMÉ

8e semaine de course
Même si les premiers sont un peu freinés à l'approche du cap Horn, l'avance sur leur concurrent le plus proche, Dick, se maintient à 400 milles au passage du mythique rocher qu'ils enroulent le 1er janvier 2013, Gabart en tête. Il a 1h15 d'avance seulement sur Le Cléac'h. Le soulagement des deux skippers devra attendre encore un peu car la descente vers l'extrême sud de l'archipel chilien s'est faite sous la menace d'icebergs suspectés d'avoir dérivé jusqu'au niveau de l'île des Etats. Au même moment, Di Benedetto entre dans le Pacifique. Un peu moins de deux jours plus tard, Dick enroule à son tour le dernier cap du parcours, 250 milles devant Thomson. Il faudra ensuite attendre 6 jours et demi pour voir Le Cam revenir dans l’Atlantique. Il ouvre la voie à un peloton qui s'est agrandi dans les mers du Sud. Stamm, Boissières et Sanso ont rejoint les « tontons flingueurs » et ce nouveau groupe se tient en 500 milles. Le skipper de Cheminées Poujoulat, victime d'une nouvelle collision qui arrache à nouveau l'un de ses hydrogénérateurs, pendant que l'autre à rendu l'âme, est obligé de se faire ravitailler en gasoil après le cap Horn. Il signifie son abandon juste avant que le jury ne confirme sa disqualification.

9e-11e semaines de course
Le cap Horn franchi, la route est encore longue et si les leaders ont maintenant quitté les mers du sud, ils vont rapidement affronter des vents de 45 nœuds et des creux de 6 mètres. Pour le trio de tête, la remontée de l'Atlantique débute brutalement et de façon cruelle pour Dick qui, après être bien remonté sur le duo de tête, doit ralentir fortement pour réparer son étai principal. Pour Le Cléac’h, les problèmes sont moins spectaculaires mais les conséquences également désastreuses. Un souci de gennaker dans le détroit de Le Maire lui fait perdre du terrain alors qu'il était revenu à seulement 10 milles de Gabart. Le 6 janvier, un décalage dans l'ouest qu'il pensait bénéfique tourne au cauchemar avec la traversée très difficile d'un front plus compliquée que prévu. Passé à 100 milles le 8 janvier, le retard du skipper de Banque Populaire s'étend à plus de 260 milles six jours plus tard. Ce sera le plus grand écart de toute la course. Une traversée moins facile du pot au noir pour le jeune leader permettra à Le Cléac’h de revenir un peu mais pas suffisamment.

Arrivées
Le 27 janvier 2013, à 15h18, François Gabart franchit la ligne d'arrivée et entre en grand vainqueur dans le chenal des Sables d'Olonne, au terme d'un incroyable duel qui aura duré 78j 02h 16’, soit 28 646 milles parcourus à la moyenne ahurissante de 15,3 nœuds. 3h17 plus tard seulement, Armel Le Cléac'h boucle également son tour du monde, juste à temps pour entrer dans le chenal, encore tout chaud de l'enthousiasme et de belles clameurs d'un public venu très nombreux. Cette journée historique voit les arrivées successives de deux jeunes surdoués, premiers marins à boucler un tour du monde sur un monocoque en solitaire en moins de 80 jours. Deux jours plus tard, Alex Thomson complète le podium au terme d'une magnifique performance sur un voilier de la génération précédente, mis à l'eau en 2007. Il bénéficie certes de l’avarie de Jean-Pierre Dick, incroyable 4e au terme d'un ultime numéro d'équilibriste de 2650 milles parcourus sans quille, perdue à 600 milles au sud des Açores. Pour le groupe des quinquagénaires, l'Atlantique s'est montré particulièrement retors et il faut attendre le 6 février pour voir Jean Le Cam entrer à son tour dans le chenal des Sables d'Olonne, juste devant Mike Golding et Dominique Wavre. Suivront dans la foulée Arnaud Boissières et Bertrand de Broc, un peu plus tard Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et enfin Alessandro Di Benedetto, magnifique 11e célébré comme un vainqueur. Encore neuvième au passage retour de l’équateur, Javier Sanso n’a pas eu cette chance. Victime de la perte de sa quille ayant entraîné le chavirage de son bateau 400 milles au sud des Açores, le 3 février, le skipper espagnol a été récupéré sain et sauf par la marine portugaise. 

 

Les deux abandons

9 Janvier : Abandon Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), ravitaillement en fioul suite à la perte de ses hydrogénérateurs après collision avec un OFNI (Bernard Stamm a également été disqualifié par le Jury le 2 janvier pour assistance du bateau russe Professor Kkoromov. Malgré la réouverture du cas, la décision sera confirmée le 12 janvier)

3 Février : Abandon Javier Sansó (ACCIONA 100% EcoPowered), chavirage au large des Açores après perte de la quille

 

LA photo

Les mains d'Arnaud Boissières

© ARNAUD BOISSIERES / AKENA VERANDAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres faits marquants
1er janvier : François Gabart et Armel Le Cléac'h passent le cap Horn à 1h15 d’intervalle

2 janvier : Bernard Stamm est disqualifié par le jury international pour infraction à l’article 3.2 de l’avis de course

3 janvier : Bernard Stamm demande la réouverture de son cas

5 janvier : Réouverture du cas « Bernard Stamm » à la suite de nouveaux éléments envoyés par le skipper suisse

6 janvier : Cheminées Poujoulat percute un objet flottant non identifié qui arrache son hydrogénérateur bâbord. Le second semble également hors d’usage. Du fait de problèmes d’énergie préalables, le bateau ne dispose plus de réserves de carburant. Bernard Stamm signifie alors à son équipe à terre qu’il coupe l’ensemble de ses sources de consommation d’énergie - y compris ses moyens de communication - pour préserver ce qu’il lui reste pour l’usage de son pilote automatique

9 janvier : Cheminées Poujoulat est ravitaillé en fioul après le cap Horn par le skipper basque Unaï Basurko, ami de Bernard Stamm, navigant dans le secteur dans le cadre de ses projets personnels. Une fois la charge suffisante, le Suisse signifie son abandon à la direction de course du Vendée Globe et reprend sa route pour rallier Les Sables d'Olonne hors course

12 janvier : Après avoir statué sur la demande de réouverture d’instruction formulée par Bernard Stamm, le jury international confirme la disqualification de Cheminées Poujoulat

15 janvier : François Gabart passe l’équateur après 66j 01h 39’ et établit un nouveau record sur la distance Sables d’Olonne - équateur retour (ancien record détenu par Michel Desjoyeaux en 71j 17h 12’)

21 janvier : Alessandro Di Benedetto se casse une côte après une chute lors d'un empannage involontaire (empannage chinois). Le skipper franco-italien perd son petit spi dans la manœuvre

22 janvier : Virbac-Paprec 3 perd sa quille (bulbe et voile)

27 janvier : François Gabart remporte le Vendée Globe à 15h18. Le skipper MACIF devient ainsi le plus jeune vainqueur de l’épreuve et recordman du tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance en 78j 05h 33’ 52’’ (- 6j 00h 53’)

Armel Le Cléac’h coupe la ligne 3h17 plus tard et termine deuxième avec le plus faible écart par rapport au premier

30 janvier : Alex Thomson complète le podium en franchissant la ligne d’arrivée à 08h25. C’est son premier Vendée Globe achevé, en 80j 19h 23’ 43’’
Jean-Pierre Dick décide de s’abriter dans l’anse de San Ciprián en prévision d’un fort coup de vent dans le golfe de Gascogne. Il repartira le 3 février au matin

3 février : Initiatives-cœur entre en collision avec un OFNI. Le safran tribord (déjà endommagé) est désormais cassé et la dérive bâbord a pivoté dans son puits, provoquant une importante voie d’eau à l’avant du monocoque

Alessandro Di Benedetto ne dispose plus de voile de portant

ACCIONA 100% EcoPowered chavire à l’ouest de Madère, à 360 milles de Sao Miguel (Açores). Javier Sansó attend les secours dans son canot de survie. Il sera hélitreuillé et rapatrié sur l’île de Terceira dans la nuit

4 février : Jean-Pierre Dick termine 4e du Vendée Globe en arrivant aux Sables d’Olonne après 86j 03h 03’ 40’’ de course. Il aura parcouru au total 2 650 milles sans quille.

6 février : Jean Le Cam prend la 5e place de la course en 88j 00h 12’ 58’’, suivi de Mike Golding (6e) 6h23 après. Bernard Stamm arrive hors course à 22h30.

8 février : Dominique Wavre franchit la ligne d’arrivée en 7e position après 90j 03h 14’ 42’’ en mer

9 février : Arnaud Boissières termine 8e à 15h11 et boucle son deuxième Vendée Globe de suite en 91j02h09’02’’

10 février : Bertrand de Broc boucle son Vendée Globe en 9e position après 92j 05h 10’ 14’’ de course

17 février : Tanguy de Lamotte passe la ligne d’arrivée à 10h58 et termine 10e en 98j 21h 56’ 10’’

22 février : Alessandro Di Benedetto, dernier concurrent encore en mer, arrive aux Sables après 104j 02h 34’, soient 26 jours après le vainqueur. C’est le plus petit écart entre le dernier et le premier en sept éditions.

 

Classement final du Vendée Globe 2012-2013
1- François Gabart (FRA/MACIF) 78j02h18'
2- Armel Le Cléac´h (FRA/Banque Populaire) 78j 05h 33' (+3h17’)
3- Alex Thomson (GBR/Hugo Boss) 80j 19h 23' (+2j 13h 49’)
4- Jean-Pierre Dick (FRA/Virbac-Paprec 3) 86j 03h 03' (+8j 00h 47’)
5- Jean Le Cam (FRA/SynerCiel) 88j 00h 12' (+9j 21h 56’)
6- Mike Golding (GBR/Gamesa) 88j 06h 36' (+10j 04h 19’)
7- Dominique Wavre (SUI/Mirabaud) 90j 03h 14' (+12j 00h 58’)
8- Arnaud Boissières (FRA/AKENA Vérandas) 91j 02h 09' (+12j 23h 52’)
9- Bertrand de Broc (FRA/Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) 92j 17h 10' (+14j 14h 53’)
10- Tanguy de Lamotte (FRA/Initiatives-coeur) 98j 21h 56' (+20j 19h 39’)
11- Alessandro Di Benedetto (FRA-ITA/Team Plastique) 104j 02h 34' (+26j 00h 17’)

Temps intermédiaires
Cap Horn - Equateur
1- 
François Gabart 13j 19h 28’
2- Bertrand de Broc 13j 20h 59’
3- Alex Thomson 14j 00h 21’
4- Jean-Pierre Dick 14j 05h 30’
5- Armel Le Cléac´h 14j 09h 14’
6- Tanguy de Lamotte 15j 17h 06’
7- Mike Golding 15j 22h 09’
8- Jean Le Cam 16j 11h 41’
9- Dominique Wavre 16j 21h 26’
10- Arnaud Boissières 17j 04h 25’
11- Javier Sansó 17j 13h 36’
12- Alessandro Di Benedetto 18j 05h 08’

Equateur - Les Sables
1- 
Armel Le Cléac´h 11j 13h 48’
2- François Gabart 12j 01h 37’
3- Alex Thomson 12j 04h 30’
4- Jean Le Cam 12j 17h 14’
5- Mike Golding 12j 18h 23’
6- Bertrand de Broc 13j 02h 12’
7- Dominique Wavre 13j 07h 31’
8- Arnaud Boissières 13j 11h 57’
9- Tanguy de Lamotte 17j 11h 48’
10- Alessandro Di Benedetto 17j 15h 57’
11- Jean-Pierre Dick 18j 05h 03’

 

LA vidéo


Cinquième montée victorieuse pour Jean-Pierre Dick par VendeeGlobeTV

 

Ils ont dit...
Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-cœur), le 4 janvier 2013
« (Sur l’engouement autour du Vendée Globe) Je ne me rends pas trop compte d’ici mais c’est génial que les gens se passionnent. Ça fait plaisir de savoir que grâce à nous, les gens pensent à des choses positives. Ça leur donne des idées de voyages ou autre. Ils pourront peut-être réaliser leur projet comme ça. »

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel), le 8 janvier 2013
« Le passage du Horn ? Un grand moment. Le Pacifique est terminé, ma remontée s’annonce plutôt pas mal, il y a une mer normale. Mais à chaque fois c’est pareil. Quand on quitte l’Indien, on va dans le Pacifique et le nom rassure mais il n’a de pacifique que le nom.

Je suis passé à un mille du cap Horn (rires). Au lever du jour, juste au bon moment. J’ai eu un cul bordé de nouilles, incroyable. Je me suis régalé, j’ai fait des vidéos. C’était top. J’ai une histoire avec ce cap Horn. La dernière fois je l’ai passé en double avec Vincent. Pour une course en solitaire, ce n’est pas banal. En 2004, je l’ai passé en tête avec Bonduelle et en 82, je faisais mon service militaire sur euromarché. Ça fera certainement partie de mes plus beaux souvenirs de ce Vendée Globe. »

Dominique Wavre (Sui, Mirabaud), le 9 janvier 2013
« Ça fait partie des grands moments que l’on vit. C’est la 9e fois que je passe ici, c’est toujours extraordinaire. Il y a tout un arrière plan historique. On navigue dans un cimetière à bateaux, les marins qui passaient par là passaient dans des conditions extrêmement difficiles et ça a généré énormément de naufrages. J’ai un respect énorme pour tous les marins qui nous ont précédés ici. Ça fait partie de ce qu’on ressent lorsqu’on passe au large de ce caillou incroyable. »

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat), le 10 janvier 2013
« (Au sujet de la suite des événements) Tout de suite, je ne suis pas à 100% de mes capacités. Les conditions sont très instables et il fallait être vigilant à cause des glaces qu’on nous signalait. Ça a été compliqué à passer au niveau du vent. Tout ça fait que j’ai pu me reposer il y a seulement quelques heures. Après je vais faire ça (ndlr : la remontée de l’Atlantique) comme en course. Je vais essayer de mener le bateau proprement comme d’habitude. Je vais essayer d’en profiter. Là, il y avait un passage difficile au niveau navigation. Naviguer les yeux fermés dans ces endroits, c’est compliqué. Dans ma tête, ça fait longtemps qu’elle (la course) est terminée pour moi. On ne gagne pas une course avec tous les problèmes que j’ai eus. Depuis plusieurs jours, j’avais plutôt en tête une navigation destinée à une mise en sécurité du bateau. »

Bertrand de Broc (FRA, Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), le 14 janvier 2013
« Après avoir passé une trentaine de jours dans des conditions un peu sauvage (humidité, flotte, ciré), dans une mer difficile qui ne fait pas de cadeau, c’est bien d’en sortir. Mais c’est pour ça qu’on vient aussi dans le Pacifique. Il se mérite, c’est très dur et quand on en sort, on est content. »

Javier Sanso (ESP, ACCIONA 100%EcoPowered), le 16 janvier 2013
« Quand nous avons créé les batteries de mon bateau, notre but était de prouver qu’on pouvait faire cette course en n’utilisant que des sources d’énergie renouvelables. Et nous avons prouvé que c’était possible. Dans le sud, j’ai un peu utilisé mon hydrogénérateur au large de la Nouvelle-Zélande et c’est tout. Cette technologie, c’est notre futur. »

Alex Thomson (GBR, HUGO BOSS), le 26 janvier 2013
« Voici comment j’en suis arrivé à prendre la décision de rester aux côtés de Jean-Pierre Dick. Les prévisions météo annonçaient des vents violents, j’étais à 90 milles de JP et je ne m’imaginais pas le laisser dans de telles conditions à bord d’un bateau sans quille. Et puis pour moi, franchement, ce n’est pas un énorme effort. Mais vu que j’ai déjà été secouru par le passé, je sais à quel point c’est important d’avoir quelqu’un qui surveille vos arrières au cas où. »

Christophe FAVREAU, Aurélia MOURAUD et Arthur GUYARD


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