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On refait le tour (1ère partie) : Le départ et la descente de l’Atlantique

Tout au long de la semaine, vendeeglobe.org refait le tour du monde. Résumés, phrases marquantes, photos, vidéos, faits de course... En quatre parties, revivez l'essentiel de ce 7e Vendée Globe. Aujourd'hui : le départ et la descente de l'Atlantique.

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RÉSUMÉ
1ère semaine
Samedi 10 novembre. Pour le départ de ce 7e Vendée Globe, il ne fait pas bon mettre le nez dehors... et pourtant, dans le petit matin, pluvieux, plus de 300 000 personnes sont venues applaudir les vingt concurrents qui s'apprêtent à s'élancer autour du monde, à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance. Comme à chaque édition, l'émotion dans le chenal des Sables d'Olonne est immense. Une gigantesque haie d'honneur salue chaque sortie de ces marins porteurs de rêve et d'aventure. 13h02, le départ est donné par l'acteur François Cluzet, parrain de la course. Pressés d'en découdre, cinq concurrents vont couper la ligne trop tôt (Gabart, de Pavant, Gutkowski, Le Cléac'h et Riou) pendant que Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), qui a endommagé son bateau à 25 minutes du départ, est déjà revenu au ponton. Il repartira avec treize heures de retard, en croisant au passage le malheureux Marc Guillemot (Safran). Après 4h43 de course seulement, le Breton a perdu sa quille. C'est le premier abandon. Dès le départ, François Gabart (Macif), plein de jeunesse et d'une fougue bien ordonnée, prend les commandes de la flotte. Il attaque fort dans une mer difficile. Puis vient rapidement, après trois jours de course un deuxième abandon. Kito de Pavant (Groupe Bel) entre en collision avec un chalutier, alors qu'il était parti dormir dix minutes seulement. Bout-dehors et roof arrachés. Il se détourne vers Cascaïs, au Portugal. Derrière Gabart, Le Cléac'h (Banque Populaire) et Stamm (Cheminées Poujoulat) maintiennent le rythme imprimé par le leader, suivi de Riou (PRB), un peu plus décalé dans l'ouest... les premières options se dessinent avec un passage de front qui provoque des écarts latéraux. C'est au tour de Louis Burton (Bureau Vallée), le benjamin de la flotte (27 ans), d'entrer en collision avec un chalutier. Hauban endommagé, il prend la décision de rebrousser chemin vers Les Sables d'Olonne pour tenter de réparer et repartir mais va finalement se résoudre à abandonner. Le jeudi 15 au soir, c'est Samantha Davies (Savéol) qui démâte dans des conditions très difficiles... Quatrième abandon. Après une semaine de course, la flotte du Vendée Globe a déjà perdu 20% de son effectif. Le Cléac'h s'est emparé de la place de leader au large des Canaries devant Gabart et Stamm. Le trio de tête se tient en 25 milles. Mieux, moins de 100 milles séparent les six premiers.

2e semaine
Les concurrents retrouvent des conditions de navigation beaucoup plus agréables. Le 17 novembre, Jérémie Beyou (Maître CoQ), en septième position, casse son vérin de quille dans le nord-ouest du Cap-Vert. Il abandonne deux jours plus tard. Le même week-end, Alex Thomson (Hugo Boss) casse sa barre de liaison de safran en deux endroits et parvient à réparer sans quasiment perdre de terrain. Au même moment, Javier Sanso (ACCIONA 100%EcoPowered) doit monter dans le mât pour réparer son rail de grand voile. La flotte est maintenant scindée en trois groupes : les favoris (Le Cléac'h, Gabart, Dick, Stamm, Riou, Thomson), les outsiders vite baptisés « Tontons flingueurs » (Golding, Wavre, Le Cam), et les « retardataires » (Boissières, de Lamotte, de Broc, Gutkowski, Sanso, Di Benedetto). Au 9e jour de course, le fameux pot au noir se profile pour Le Cléac'h, toujours leader, ce qui permet aux poursuivants de se rapprocher. Dans cette zone de vents erratiques, particulièrement active aux avant-postes, certains bateaux vont naviguer à vue et se tenir en moins de trois milles pendant plusieurs heures ! Le 21 novembre, après plusieurs jours d'une trajectoire surprenante, le Polonais Zbigniew Gutkowski (Energa), alias « Gutek », en proie à d'insolubles problèmes de pilote, jette l'éponge. Le même jour, Armel Le Cléac'h s'extirpe le premier du pot au noir et franchit l'équateur en tête, établissant le deuxième temps de référence depuis Les Sables d'Olonne (10j 19h), juste derrière Jean Le Cam (10j 11h en 2004). Quelques heures plus tard, ses concurrents directs le rejoignent dans l'Atlantique Sud. Derrière la tête de flotte, Mike Golding (Gamesa) franchit l'équateur pour la 22e fois. Au 12e jour de course, huit concurrents naviguent dans les alizés de l'hémisphère sud. Armel Le Cléac'h est leader depuis une semaine. L'anticyclone de Sainte-Hélène, placé très au sud, oblige un large contournement par l'ouest pour les premiers.

3e semaine
Le samedi 24 novembre, Vincent Riou entre en collision avec un OFNI, une grosse bouée métallique dérivante qui laisse une longue déchirure à l'avant de la coque et endommage sérieusement un tirant d'outrigger (pièce qui assure la bonne tenue du mât). Malgré une première tentative de réparations, le skipper de PRB doit se résoudre à abandonner le lendemain. Les premières grandes stratégies se dessinent avec Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) qui s'éloigne de la route directe en plongeant vers le sud, bientôt suivi de François Gabart pendant qu'Armel Le Cléac'h continue sur la route directe. Ça revient par derrière, Jean Le Cam (SynerCiel) en tête, suivi de Mike Golding et Dominique Wavre (Mirabaud). 250 milles derrière le Suisse, Javier Sanso devance lui-même Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) de 150 milles.

4e semaine
Au 30 novembre, les premiers résultats des options se profilent et le leader lui-même reconnaît que le passage par le sud était visiblement un peu meilleur. A l'approche du Grand Sud, le 1er décembre, Jean-Pierre Dick prend furtivement les commandes à Armel Le Cléac'h, leader depuis le 16 novembre, et bat au passage le record des 24h en monocoque et en solo en passant la barre symbolique des 500 milles (502 !). Mais c'est François Gabart qui passe en tête la première des huit portes des glaces, disposées par la direction de course (par points GPS) à intervalles réguliers dans le Grand Sud pour éviter aux concurrents toute collision avec des icebergs. Dès lors on observe un très fort regroupement de la flotte des leaders, composée de Le Cléac'h, Gabart, Dick et Stamm, suivie un peu plus de 100 milles derrière par Thomson pendant que les « tontons flingueurs » essaient de rester dans le même système météo, à 400 milles des leaders. Le 2 décembre, Jean Le Cam constate que sa quille a accroché un filet. Il va plonger avec succès mais non sans mal pour libérer l'objet. Ce sera un des moments les plus forts de cette course. Le lundi 3 décembre, c'est Armel Le Cléac'h qui passe le cap de Bonne Espérance en leader, 22j 23h 46’ après son départ des Sables d'Olonne, améliorant d'un peu plus de 24h le record détenu par Vincent Riou depuis le Vendée Globe 2004. C'est maintenant l'heure d'entrer dans l'Océan Indien !

 

Les 7 abandons du mois de novembre
10 : Abandon de Marc Guillemot (Safran), perte de la quille
12 : Abandon de Kito de Pavant (Groupe Bel) collision avec un chalutier
16 : Abandon de Samantha Davies (Savéol), démâtage le 15
16 : Abandon de Louis Burton (Bureau Vallée), collision avec un chalutier le 14
19 : Abandon de Jérémie Beyou (Maître CoQ), avarie du vérin de quille décelée le 17
21 : Abandon de Zbigniew Gutkowski (Energa), problème de pilote automatique
25 : Abandon de Vincent Riou (PRB), collision avec un OFNI le 24

LA photo

La détresse et le désarroi de Kito de Pavant après son abandon

© Ricardo Pinto / Windreport' / Groupe Bel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres faits marquants

10 novembre : Bertrand de Broc revient aux Sables d'Olonne vingt minutes avant le départ pour réparer un trou dans l'étrave

12 novembre : Bernard Stamm rencontre ses premiers problèmes de fixation de ses hydrogénérateurs. Le début des ennuis pour le skipper de Cheminées Poujoulat.

15 novembre : Javier Sanso cherche un abri après un problème technique. Il navigue 32 heures sans grand voile avant de se diriger vers les Canaries. Il repart le 17 novembre avec son bateau à 100%

16 novembre : Premières réparations pour Alex Thomson (barre de safrans)

21 novembre : Pénalité contre 7 concurrents pour avoir emprunté le rail des cargos (2h pour Le Cam, Wavre, Sanso, De Lamotte, Gutek ; 30 minutes pour Golding ; 20 minutes pour Dick)

1er décembre : Jean-Pierre Dick établit un nouveau record de distance sur 24h avec 502 milles (vitesse moyenne : 20,9 nœuds)

2 décembre : Jean Le Cam plonge sous SynerCiel pour dégager un filet coincé dans le bas de sa quille. L'opération dure trente minutes et Le Cam reprend normalement sa route. Macif passe la première porte des glaces, la porte des Aiguilles.

Classement au cap de Bonne-Espérance
1- Armel Le Cléac´h 22j23h46’  
2- Jean-Pierre Dick 23j03h03’ (+3h17’)
3- François Gabart 23j03h43’ (+3h 57’)
4- Bernard Stamm 23j06h44’ (+6h58’)
5- Alex Thomson 23j12h33’ (+12h47’)
6- Mike Golding 24j07h18’ (+1j07h32’)
7- Jean Le Cam 24j12h48’ (+1j13h02’)
8- Dominique Wavre 24j13h53’ (+1j14h07’)
9- Arnaud Boissières 26j15h58’ (+3j15h12’)
10- Javier Sansó 26j17h05’ (+3j17h19’)
11- Bertrand de Broc 28j08h58’ (+5j09h12’)
12- Tanguy de Lamotte 30j00h14’ (+7j00h28’)
13- Alessandro Di Benedetto 32j05h28’ (+9j05h42’)

LA vidéo
 


Sam Davies après son démâtage/ after her dismasting/ después de perder su palo par VendeeGlobeTV

Ils ont dit…
Marc Guillemot (FRA, Safran), le 11 novembre
« Je suis dépité et extrêmement déçu mais j’espère découvrir ce qui a pu arriver. C’est dur mais il m’en faut un peu plus pour m’arrêter, toute cette déception va s’atténuer au fil des jours et on va essayer d’avancer et surtout de comprendre pourquoi. La course continue, je ne penserai plus qu’à ceux qui sont sur l’eau. »

Kito de Pavant (FRA, Groupe Bel), le 16 novembre
« La déception ne s’estompe pas, l’hiver va être long pour Marc, Sam, Louis et moi. Ça va être des moments difficiles. »

Jérémie Beyou (FRA, Maître CoQ), le 19 novembre
« La course est finie. Je suis en colère. Cela n’aurait pas dû arriver. Lorsque c’est arrivé, j’étais tellement nerveux que j’étais mort de rire, tellement je n’y croyais pas. Après j’étais dans un énervement total, complètement concentré sur la réparation. Hier, toute la journée, j’ai été incapable de dormir. Je me suis jeté sur la nourriture - il y a de quoi faire… - et j’ai fini par m’écrouler de sommeil. Ce matin, ça va mieux, j’ai l’esprit plus clair. »

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire), le 21 novembre
« On est dans l’hémisphère sud depuis environ 8h ce matin. Ça va, le champagne n’a pas trop d’effet, je n’en ai pas trop bu. Je suis content que ce soit la fin du parcours entre les Sables et l’Equateur, les écarts sont faibles, les camarades ne sont pas très loin. On voit que les favoris sont là, la bagarre s’annonce belle pour les prochaines semaines. »

Vincent Riou (FRA, PRB), le 25 novembre
« J’ai pris le temps de mûrir la décision car s’il y avait la moindre possibilité de continuer, il fallait la prendre. A un moment, on est obligé d’être fataliste, il n’y avait plus de moyen raisonnable de finir la course. C’est un des côtés difficiles du métier de marin, il n’y a pas toujours de justice, il faut aussi savoir accepter sinon on ne vit plus. Mais c’est tellement de travail en amont que c’est un peu dramatique. »

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel), le 3 décembre
« Quand on est à l’eau, on y est ! Mais avant d’y aller on se pose toutes les questions du monde. Il faut bien réfléchir à la manœuvre avant, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de se mettre à l’eau. Si on m’avait dit qu’un jour j’aurais plongé dans les quarantièmes j’aurais dit : « T’es dingue ou quoi ? » »

 

Christophe FAVREAU, Aurélia MOURAUD et Arthur GUYARD


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