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Raphaël Dinelli : « Des évolutions énormes et très positives »

L’ANALYSE DU DIMANCHE. Raphaël Dinelli s'est illustré en participant à quatre éditions consécutives du mythique Vendée Globe entre 1996 et 2008. Malgré les défis extrêmes de cette course en solitaire autour du monde sans assistance, il a montré une persévérance exceptionnelle, terminant en 12ᵉ position lors de sa première participation, puis en 10ᵉ lors de sa dernière. Son courage et sa résilience lui ont valu une place parmi les héros de cette épreuve légendaire. Aujourd'hui, il s'est réinventé avec son projet Climate Impulse, un engagement ambitieux pour promouvoir des solutions écologiques et durables. À travers ce projet, le pilote a conçu un avion fonctionnant exclusivement grâce aux énergies renouvelables, une prouesse technologique utilisant des panneaux solaires et éliminant l'usage de carburants fossiles. En associant sa passion pour l'innovation et son souci de préserver notre planète, il s'investit également dans la recherche et le développement de technologies respectueuses de l’environnement. Aujourd’hui, il livre son regard sur la course.

Raphaël Dinelli
© Vendée Live

Vendée Globe :

Comment as-tu perçu cette 10e édition ?

Raphaël Dinelli
Ancien concurrent du Vendée Globe

J’ai été surpris en regardant les temps des premiers. Entre le départ des Sables et l’équateur, il n’y avait pas d’écart significatif. C’est ensuite qu’ils ont fait la différence. Cela montre une dimension de vitesse incroyable, presque de "survitesse". Les premiers ont constamment bénéficié de conditions et de systèmes météorologiques parfaitement adaptés aux designs des bateaux, ce qui a permis d’atteindre ces performances exceptionnelles. Sébastien Simon disait à son arrivée que les records sont faits pour être battus, mais j’ai des doutes sur le fait qu’on puisse aller plus vite. Ce record de 64 jours semble intouchable pour un bon moment, car toutes les conditions étaient réunies pour que ce soit "le top du top". Bien sûr, j’espère que ce temps sera encore amélioré lors des prochaines éditions, mais ce sera un sacré défi.

Vendée Globe :

Ton avis sur la régate ?

Il y a eu – et il y a toujours - du match dans chaque groupe, et c’est ça qui rend le Vendée Globe passionnant. Le duel entre les deux premiers était spectaculaire. Malheureusement, Sébastien Simon a cassé son foil, sans quoi il aurait pu rester avec eux et intensifier encore la bagarre. Derrière, dans les autres groupes, on voit que ça bataille aussi à tous les niveaux. C’est cette compétition constante qui fait l’essence du Vendée Globe. Même ceux qui terminent 25 ou 30 jours après le premier naviguent avec le même engagement. On ne part pas sur cette course pour faire de la croisière ! Il faut garder un état d’esprit compétitif, car si tu n’es pas dans le match, tu risques de craquer nerveusement. Le Vendée Globe, c’est une routine exigeante : l’alimentation, la gestion du sommeil, le réglage des voiles… Il faut constamment optimiser le bateau pour qu’il reste en osmose avec la mer. Ni surtoilé, ni sous-toilé. Cette rigueur est essentielle pour rester dans la course. Si, à un moment, tu commences à te demander pourquoi tu devrais te lever à 3 heures du matin pour prendre un ris sous les vagues, en te disant que dans deux heures il fera beau… c’est fini, tu as perdu la course dans ta tête. Chaque skipper a ses propres conditions, ses propres défis, mais tous se battent avec la même détermination.

Vendée Globe :

Depuis ton premier Vendée Globe en 1996, quelles évolutions notes-tu dans la préparation des teams, des bateaux et des skippers ?

Lors de mon premier Vendée Globe, tout était bien moins organisé. Par exemple, la veille du départ, j’étais encore avec une brouette pour transporter la nourriture vers le bateau. Aujourd’hui, tout est prêt des semaines à l’avance : les repas sont lyophilisés, emballés, optimisés. C’est une évolution énorme et très positive. À l’époque, il n’y avait pas de Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA). On fonçait à pleine vitesse dans des zones où il y avait des icebergs, sans les prévisions météo précises d’aujourd’hui. Ils annonçaient 40 nœuds, et on se retrouvait avec des rafales à 80. Tout était plus approximatif. Chaque époque a ses spécificités, mais aujourd’hui, les skippers doivent gérer le stress lié à ces survitesses. Ils naviguent dans des cockpits où les mains courantes sont indispensables, même dans des conditions clémentes, tant ça secoue. C’est comme être dans une machine à laver en marche. Les bateaux, eux, ont beaucoup progressé. Ils arrivent à mieux se positionner par rapport aux systèmes météo. À mon époque, on subissait les systèmes, alors qu’aujourd’hui, ils vont les chercher. Par exemple, Charlie Dalin a fait, entre Bonne-Espérance et Leeuwin, un temps équivalent à celui d’un multicoque comme Orange de Bruno Peyron avec huit équipiers. C’est incroyable. Enfin, les bateaux sont de plus en plus fiables, même si certains problèmes, comme ceux des hooks, persistent. Il faudra vraiment fiabiliser ces pièces métalliques, car c’est un point critique. Cela dit, ces avancées rendent la course toujours plus fascinante.


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