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À quoi vont ressembler les premières heures de course ?

Les skippers auront le droit à des conditions particulièrement clémentes pour le « top départ ». Une mer plate, moins de dix nœuds de vent, aucune averse à l’horizon… Même s’il faudra veiller aux risques de collisions, la situation semble plus que malléable et idéale pour entrer progressivement dans la course. Les skippers, qui étudient les fichiers météos depuis le début de la semaine, décryptent ce départ et ce qui suit.

Illustration départ du Vendée Globe
© Jean-Louis Carli/Alea/VG2020

Il s’agit d’un soulagement généralisé pour l’ensemble de la flotte. « Pour une fois, on ne va pas se faire botter les fesses tout de suite », s’amuse Oliver Heer (Tut Gut). « Il n’y aura pas de gros coups de vent » assure Guirec Soudée (Freelance.com) et « le départ devrait être assez calme », résume Sam Goodchild (VULNERABLE). Tanguy Le Turquais (Lazare) ajoute : « avec la météo qu’on va avoir, on n’a pas besoin de stresser ».

« Un départ bien moins angoissant et engageant » 

C’est Louis Duc (Fives Group - Lantana Environnement) qui détaille les conditions attendues : « il devrait y avoir un peu de brume dans la matinée. Ensuite, on aura quelques nœuds de vent, de 0 à 8 nœuds. Ça peut être aussi un peu frustrant s’il faut attendre que le vent rentre mais on va s’adapter ». Les marins surveillent aussi le brouillard.  « Il faut espérer qu’il se dissipe vraiment avant le départ, ça pourrait être dangereux », a estimé Paul Meilhat (Biotherm). D’après les dernières prévisions, le brouillard devrait être particulièrement prégnant en début de matinée, au moment du départ des pontons et de la traversée du chenal.

« Globalement, ce ne sera pas très piégeux, ça permet de partir dans un état d’esprit serein », explique de son côté Yoann Richomme. Le skipper de PAPREC ARKÉA savoure de pouvoir partir à des allures dans lesquelles son monocoque est le plus à l’aise. « Il y aura du portant un peu faible au départ qui va se renforcer à mesure qu’on va progresser vers le Sud-Ouest », détaille Jérémie Beyou. Pour le marin de Charal, 5e participation, « c’est un départ bien moins angoissant et engageant que ce qu’on peut connaître souvent à cette période de l’année ».

« Ça semble trop beau pour être vrai »

Le souvenir de plusieurs courses majeures ces dernières années restent bien ancrées dans les mémoires. La mer avait été particulièrement agitée avec des rafales de près de 40 nœuds lors de la Rolex Fastnet Race (2021). Le départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe (2022) et de la Transat Jacques Vabre (2023) avaient également été décalés de quelques jours afin d’éviter les fortes dépressions alors enregistrées sur le parcours. « Après ces trois courses-là, le départ du Vendée Globe semble trop beau pour être vrai, s’amuse le Hongrois Szabolcs Weöres (New Europe). Le départ du Vendée Globe ressemble rarement au lac Balaton (en Hongrie NDRL). » « Ce n’est jamais agréable de commencer une course de 90 jours avec 30 nœuds de vent », abonde Oliver Heer (Tut Gut). 

Le départ, un grand moment d’émotion… Et de logistique

Ces conditions seront l’occasion de pouvoir vivre pleinement le départ qui s’annonce chargé en émotion pour les skippers. Afin que l’événement soit à la hauteur, toute l’organisation sera mobilisée et, après avoir embrassé leurs familles et leurs proches, ils quitteront les pontons les uns après les autres, toutes les trois minutes à partir de 8 heures. Ensuite, place à la remontée du chenal, stade à ciel ouvert où des milliers de spectateurs sont attendus pour un dernier au revoir aux solitaires. 
Plus au large, la direction de course comme les marins alertent de la nécessité chez les plaisanciers de faire preuve d’une grande prudence sur le plan d’eau. « Ce sera de toute façon un moment d’extrême tension, reconnaît Guirec Soudée. Il est important d’être vigilant, de prendre de la marge et de bien veiller à éviter les collisions ».

« Ça va être hyper intense dès le début »

Une fois le top départ donné et les premiers milles avalés, la flotte devrait donc filer au portant. Le vent « devrait se renforcer au large du Cap Finisterre » dixit Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef). Sans dépasser pour autant les 30 nœuds, « il sera important d’avoir une bonne position » lors de ce passage à niveau assure Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA). Ensuite, « on devrait probablement atteindre les alizés avec ce même flux de Nord-Est », raconte Louis Burton (Bureau Vallée).
Même si aucune dépression hivernale n’est attendue dans les premiers jours, la bataille s’annonce féroce. « La compétition va être hyper intense dès le début et ce n’est pas impossible que 100% de la flotte arrive jusque dans l’océan Indien », décrypte Louis Burton. Par ailleurs, les conditions des premières heures, jours, pourraient permettre aux bateaux à dérives droites d’être dans le match. « Bien entendu, les bateaux à dérives droites seront plus à l’aise au départ mais ça ne devrait pas durer trop longtemps », sourit Louis Duc (Fives Group - Lantana Environnement). Contrairement à la plupart de ses confrères ayant des bateaux à dérives droites, Tanguy Le Turquais confie « ne pas avoir pris de spi. C’est dommage parce que mes petits copains vont aller plus vite… Mais je préfère être moins rapide au début plutôt qu’à la fin ». 

À les écouter, une certitude : la course a déjà commencé. 
 


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