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À quitte ou double

Si pour certains, l’ambiance est groupée façon piste de danse surpeuplée, d’autres ont entamé une valse de couple bien huilée, en essayant tout de même de se marcher un peu sur les pieds. Mais en moins de deux, on peut vite perdre sa paire et se retrouver sans repères !

LE 26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau HUMAN Immobilier lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Antoine Cornic) Vagues
LE 26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau HUMAN Immobilier lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Antoine Cornic) Vagues

On s’était habitué à les voir ensemble, se motivant mutuellement face aux facéties de l’océan. Depuis plusieurs semaines, Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 14e) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) naviguaient de conserve, d’abord dans l’Indien puis dans le Pacifique, ratant toutes deux le fameux front qui, mi-décembre, a fracturé la tête de flotte sans prendre le temps d’anesthésier ! 

Ensemble, elles avaient vécu de pénibles journées de près, s’envoyant des messages d’encouragements alors qu’elles étaient ballottées dans leur bateau comme un grain de maïs dans une machine à popcorn. Depuis quelques jours, enfin, elles avaient retrouvé vitesse et route directe vers l’Est, tout semblait aller pour le meilleur des mondes dans cette idylle pacifique, mais voilà que patatras ! Depuis hier, le divorce semble avoir été prononcé, alors que Samantha Davies grimpe vers le Nord, frôlant au passage le point Nemo, quand son ancienne comparse continue de piquer vers la zone des glaces. Pire : voilà la navigatrice britannique bien vite remplacée, alors que Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family) lui a ravi la 13e place, et surtout se rapproche dangereusement de Clarisse Crémer ! 

« j’ai choisi l’option bon marin »

Une rupture que nous expliquait cette nuit Samantha Davies, bien amusée de nos inquiétudes de couple : 


On était contentes d’être ensemble avec Clarisse, mais là on n’a pas les mêmes stratégies ! J’ai bien regardé, je trouve que les conditions plus Sud dans cette dépression sont assez extrêmes, avec une hauteur de vagues au-dessus de 6 mètres et du vent fort, je trouve que c’est un peu risqué de faire un tout droit, donc j’ai choisi l’option bon marin, qui est un peu plus longue, qui contourne la zone avec du vent très fort et de la mer très difficile par le Nord. C’est un choix de préservation du matériel, des voiles et du bateau, parce que mon objectif c’est d’être à 100 % pour la remontée de l’Atlantique !

Samantha Davies
Initiatives-Cœur

Voilà pour le motif de casse ! Il faut dire que Sam échaudée craint l’eau glaciale du Pacifique Sud, elle qui est justement passée dans la journée près d’un point symbolique : celui de son démâtage en 1998 sur une tentative de Trophée Jules Vernes. « Un peu superstitieuse », la Britannique y fait d’ailleurs chaque fois qu’elle y repasse une offrande chocolatée à Neptune, qui serait bien ingrat de ne pas lui accorder une grâce cacaotée…

Retour à l’isolement donc pour Samantha Davies, qui se languit du soleil mais savoure tout de même ses derniers jours dans les Mers du Sud, et espère de toutes façons retrouver son ex-camarade de chambrée au Cap Horn : 


C’est possible qu’on arrive dans de la molle, et ça peut être très long, du coup a priori le petit retard que j’aurai ne devrait pas être trop pénalisant. En tous cas, le passage devrait être le 1er janvier, c’est chouette ! J’espère qu’il fera jour, normalement je devrais passer proche, avec du vent fort, et ça va mollir en arrivant sous la pointe.

Samantha Davies
Initiatives-Cœur

COURSE, 26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux) alimentation
COURSE, 26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau GUYOT Environnement - Water Family lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Benjamin Dutreux) alimentation

S’il y en a bien une autre qui doit avoir hâte de rompre avec sa solitude, c’est bien Pip Hare (Medallia), victime d’un démâtage voilà dix jours et qui poursuit son pénible trajet vers Melbourne sous gréement de fortune. Après avoir adapté sa route à un fort coup de vent pour mieux économiser le gasoil qui lui facilitera l’arrivée au port, la navigatrice approche enfin de la côte australienne, et devrait ainsi voir le bout de sa peine. 

Il n’en va pas encore de même pour Oliver Heer (Tut Gut, 31e) et Antoine Cornic (Human Immobilier, 30e) qui, à 500 milles d’écart, sont en train de vivre un moment difficile. En plein front, les voilà confrontés à de rudes conditions, qui n’épargnent ni le bonhomme, ni le bateau, et donneraient bien envie d’un peu plus de compagnie !

« c’est quand même assez sympa d’avoir un voisin »

Car la vie de couple, même lorsqu’elle se fait un peu ronronnante de routine, a du bon ! C’est ainsi qu’à l’arrière de la flotte, sous cette immense Australie qui n’en finit pas, Fabrice Amédéo (Nexans – Wewise, 35e), qui souffre de quelques contusions musculaires suite à un choc dans le balcon avant, reconnaît qu’il est bien soulagé de faire la paire avec Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e) :


Je ne te cache pas que c’est rassurant ! Quand on est dans un peloton et qu’il y a 25 bateaux derrière, ça va, mais quand on est décroché un peu derrière, c’est quand même assez sympa d’avoir un voisin. Donc je fais ma route mais j’ai quand même toujours un œil sur ce qu’il fait, pas pour le marquer mais pour ne pas rester trop loin ! Être à la bagarre mais sans prendre des options radicalement différentes…

Fabrice Amedeo
Nexans-Wewise

Voilà un art du compromis qui pourrait être enseigné par bien des conseillers conjugaux ! D’autant que les deux marins, qui ont littéralement vécu ensemble un sacré coup de foudre dans un orage de l’Indien, commencent à le trouver long, cet interminable océan ! 


En 2016, j’avais fait une stratégie différente, je m’étais mis le long de la ZEA, et je prenais ce que la nature me donnait, et puis j’ai déchiré ma grand-voile, j’ai eu plein de galères, ça me rappelle quelques plus jeunes qui sont allés cette année se mettre dans des conditions difficiles… là je suis plus prudent, je n’ai pas une confiance absolue dans mon bateau, je navigue plus raisonnablement, mais j’ai quand même trouvé l’Indien vraiment difficile ! Les Vendée Globe se suivent et ne se ressemblent pas !

Fabrice Amedeo
Nexans-Wewise

Devant, toujours le yoyo

Pour Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), il y a tout de même un désagréable petit air de déjà-vu à voir s’afficher le numéro 2 à côté de son portrait souriant. Et sa vie de couple a lui semble loin d’être reposante, ayant choisi pour binôme un Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA) qui semble n’avoir qu’une obsession : se barrer de la maison ! Ou vers la maison, plutôt et au plus tôt… 

Mais Éole ne l’entend pas tout à fait de cette oreille, et semble vouloir prolonger leur union, permettant à nouveau un rapprochement de coques à la faveur de la nuit. A l’aube, voilà le duo reparti à toute berzingue, façon Bonnie and Clyde… « Maintenant chaque fois qu'on essaie de se ranger, de s'installer tranquille dans un meublé, dans les trois jours, voilà le tac tac tac, des mitraillettes qui reviennent à l'attaque », chantait Gainsbourg, qui avait cerné la nature offensive de ce duo sulfureux… Après leur hold-up sur le Vendée Globe, ils n’ont en effet pas prévu de tomber ensemble, et s’ils n’en finissent plus de vouloir se quitter, ce serait surtout pour mieux se doubler. Car malheureusement à l’arrivée, il risque d’y avoir un cœur brisé ! 

 

26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau PAPREC ARKÉA lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Yoann Richomme) Cargaison
26 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau PAPREC ARKÉA lors de la course à la voile du Vendée Globe le 26 décembre 2024. (Photo du skipper Yoann Richomme) Cargaison

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