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Double ration !

Ce mercredi en milieu de matinée, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) a franchi le légendaire cap Horn, faisant à son tour son retour dans l’océan Atlantique un peu moins d’un jour et demi après les deux leaders, Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), qui ont, eux, fini par se séparer après de longues heures de navigation collés-serrés. Si moins de dix petites minutes les séparaient en effet au large de la Terre de Feu, 100 milles les distancent à présent, alors qu’ils se préparent à négocier une phase de transition avant de retrouver du vent qui devrait les catapulter - et même littéralement les téléporter - jusqu’au large de Rio de Janeiro. Un brin chanceux, ces deux-là ? Possible, mais ils ne sont pas les seuls à bénéficier d’un peu de magie. En plein cœur du Pacifique, certains concurrents passent l’antiméridien et obtiennent un cadeau rare : un deuxième 25 décembre. Double réveillon, double magie… et pourquoi pas une deuxième part de bûche ?

Guirec Soudée à bord de Freelance.com
© Guirec Soudée

« Merci le Pacifique, ciao le Sud et vive l’Atlantique ! », s’est écrié Sébastien Simon, plus heureux encore qu’un enfant découvrant un paquet de bonbons sans fond lors de son passage du cap Horn, ce matin, malgré les conditions un peu rugueuses qui l’ont accompagné pour ce moment. « Je suis passé avec plus de 40 nœuds de vent et une mer démontée, ce qui n’a pas empêché que ce soit le plus beau des cadeaux de Noël ! », a ajouté le Sablais qui a, malgré tout, préféré miser sur la prudence pour contourner la pointe Chilienne en choisissant de s’en éloigner d’une trentaine de milles. Et à raison, car même s’il aurait évidemment bien aimé l’apercevoir, essayer de s’en rapprocher davantage aurait été comme essayer de bronzer sous une lampe torche, c’est-à-dire complètement contre-productif. Car à présent qu’il évolue au près et dans de tous petits airs, il pourrait subir les dévents de la côte, la falaise du Horn elle-même s’élevant à 425 mètres tout de même ! « C’est une bonne chose de faite », a ajouté le skipper de Groupe Dubreuil, dont la vitesse actuelle peine à dépasser les sept nœuds, soit à peu près la même moyenne que ses deux prédécesseurs.

Un contraste saisissant

« Un peu de calme, ça fait du bien », a toutefois exposé Yoann Richomme lors de la vacation officielle, ce matin, après une sieste « absolument abyssale », ainsi qu’il l’a lui-même qualifiée. Le fait est qu’après presque un mois de montagnes russes dans les mers du Sud, les leaders apprécient sans réserve le retour à une certaine sérénité en Atlantique. Une mer plate, des vents à peine assez forts pour faire tourner une girouette, et soudain, l’impression que la Terre elle-même a décidé de respirer un peu ! Voilà qu’ils redécouvrent le plaisir de marcher droit sans rebondir contre les parois de leur cockpit comme des balles de flipper. « La mer est magnifique depuis le passage du cap Horn », a relaté le leader qui savoure ce moment rare où l’Atlantique lui fait les yeux doux. Pas de vagues géantes, pas de rafales assassines. Au nord-est des Malouines, il y a seulement cette étrange sensation de luxe : avancer tranquillement, sans se faire secouer. « Après le Horn, on a eu de supers conditions avec du vent de travers globalement très rapide. Ça nous a permis de bien avancer vers le Nord », a expliqué Yoann, qui a choisi de longer la Zone d’Exclusion Antarctique aussi longtemps que possible pour profiter au maximum de la pression. Une stratégie payante, puisqu’il a creusé un écart de 100 milles sur son rival, qui, lui, s’est retrouvé piégé dans une zone de molle.


La mer est magnifique depuis le passage du cap Horn.

Yoann Richomme
PAPREC ARKÉA

La magie de l’antiméridien

Il ne s’emballe pas pour autant et reste concentré sur la phase de transition qu’il va devoir négocier avant de toucher du vent pour foncer jusqu’à la latitude de Rio de Janeiro. « Il faut que je récupère un peu et il y a un petit coup de clean à faire à bord du bateau », a précisé le marin qui ne boude pas son plaisir de retrouver petit à petit des températures plus clémentes. Exit la chapka et les maxi chaussettes ! C’est malheureusement encore loin d’être le cas pour ses poursuivants qui évoluent, pour une large majorité d’entre eux, dans les Cinquantièmes Hurlants. « Il fait bien-bien froid ! », a confirmé Justine Mettraux (TeamWork – Groupe Snef) qui empile les couches tel un oignon mais rien n’y fait : ça caille sec, l’eau glacée s’infiltre partout et le souffle se transforme en vapeur. L’attention de la Suissesse est toutefois avant tout focalisée sur sa course d’autant que, tout comme Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer), elle effectue un remarquable retour en force au sein du groupe emmené par Thomas Ruyant (VULNERABLE). « La météo m’a pas mal aidée parce que j’avais plus de vent que ceux de devant, ces dernières 24 heures. A présent, je vois Yannick (Bestaven) et Paul (Meilhat) à l’AIS. C’est chouette de les avoir retrouvés. C’est un peu inespéré parce qu’ils étaient quand même assez loin ! », a ajouté la navigatrice, plutôt satisfaite de bénéficier d’un tel cadeau de Noël. Noël qui reste toujours un moment à part pour les marins du Vendée Globe et plus spécialement pour ceux qui, comme Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux), Isabelle Joschke (MACSF), Giancarlo Pedote (Prysmian) et Alan Roura (Hublot), ont fraîchement franchi l’antiméridien et défient donc le temps. Pour eux, Noël, déjà vécu, s’offre une seconde fois, comme un cadeau inattendu. Ce double réveillon, entre hier et aujourd’hui, devient une célébration unique. Un rappel poétique de la puissance du voyage : traverser le temps comme on traverse l’océan.

25 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Hublot lors de la course à la voile du Vendée Globe le 25 décembre 2024. (Photo du skipper Alan Roura) Noël
25 DÉCEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Hublot lors de la course à la voile du Vendée Globe le 25 décembre 2024. (Photo du skipper Alan Roura) Noël

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