« Merci le Pacifique, ciao le Sud et vive l’Atlantique ! », s’est écrié Sébastien Simon, plus heureux encore qu’un enfant découvrant un paquet de bonbons sans fond lors de son passage du cap Horn, ce matin, malgré les conditions un peu rugueuses qui l’ont accompagné pour ce moment. « Je suis passé avec plus de 40 nœuds de vent et une mer démontée, ce qui n’a pas empêché que ce soit le plus beau des cadeaux de Noël ! », a ajouté le Sablais qui a, malgré tout, préféré miser sur la prudence pour contourner la pointe Chilienne en choisissant de s’en éloigner d’une trentaine de milles. Et à raison, car même s’il aurait évidemment bien aimé l’apercevoir, essayer de s’en rapprocher davantage aurait été comme essayer de bronzer sous une lampe torche, c’est-à-dire complètement contre-productif. Car à présent qu’il évolue au près et dans de tous petits airs, il pourrait subir les dévents de la côte, la falaise du Horn elle-même s’élevant à 425 mètres tout de même ! « C’est une bonne chose de faite », a ajouté le skipper de Groupe Dubreuil, dont la vitesse actuelle peine à dépasser les sept nœuds, soit à peu près la même moyenne que ses deux prédécesseurs.
Un contraste saisissant
« Un peu de calme, ça fait du bien », a toutefois exposé Yoann Richomme lors de la vacation officielle, ce matin, après une sieste « absolument abyssale », ainsi qu’il l’a lui-même qualifiée. Le fait est qu’après presque un mois de montagnes russes dans les mers du Sud, les leaders apprécient sans réserve le retour à une certaine sérénité en Atlantique. Une mer plate, des vents à peine assez forts pour faire tourner une girouette, et soudain, l’impression que la Terre elle-même a décidé de respirer un peu ! Voilà qu’ils redécouvrent le plaisir de marcher droit sans rebondir contre les parois de leur cockpit comme des balles de flipper. « La mer est magnifique depuis le passage du cap Horn », a relaté le leader qui savoure ce moment rare où l’Atlantique lui fait les yeux doux. Pas de vagues géantes, pas de rafales assassines. Au nord-est des Malouines, il y a seulement cette étrange sensation de luxe : avancer tranquillement, sans se faire secouer. « Après le Horn, on a eu de supers conditions avec du vent de travers globalement très rapide. Ça nous a permis de bien avancer vers le Nord », a expliqué Yoann, qui a choisi de longer la Zone d’Exclusion Antarctique aussi longtemps que possible pour profiter au maximum de la pression. Une stratégie payante, puisqu’il a creusé un écart de 100 milles sur son rival, qui, lui, s’est retrouvé piégé dans une zone de molle.