C’est rare qu’un surnom ne soit pas un tant soit peu mérité. Quand celui qui nous a été affublés est celui « des îles de la Désolation », il y a de quoi se remettre un peu en question. Le voilà ce confetti de terre volcanique, perdu au milieu du vaste Océan Indien, que vont déborder dans les prochaines heures le duo de tête de ce Vendée Globe. Mais si par le passé, d’illustres marins comme Isabelle Autissier ou Bernard Stamm s’y sont réfugiés pour réparer, nul doute que Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), eux, ne voudront pas s’y éterniser.
Car la dépression est bien là, s’enroulant sur le fichier météo en une botte de paille violacée que n’aurait sûrement pas renié un Van Gogh sous substance prohibée. Plus d’une cinquantaine de nœuds en rafales, une mer qui va progressivement se soulever : l’enjeu pour ces deux échappés est de maintenir leur vitesse pour rester aussi longtemps que possible devant le plus gros des problèmes. Mais au petit matin, Charlie Dalin semble mieux s'en tirer, et affiche désormais près de 100 milles d'avance sur son dauphin sablais.
Un peu plus au Nord, chacun tente de se frayer un chemin, tout en sachant que le moment n’aura, quoi qu’il arrive, rien d’anodin. SI Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 6e) naviguent encore de concert, Yannick Bestaven (Maître CoQ V, 9e) a emboîté le sillage de Sam Goodchild (VULNERABLE, 7e) pour redescendre vers le Sud-Est. Pour tous, les heures à venir ne seront pas des plus reposantes, et c’est un bien maladroit euphémisme.
MacGyver n'a pas pu lutter
A 1 700 milles derrière le leader, la nuit a été encore plus douloureuse pour Louis Burton. Pour le skipper de Bureau Vallée, victime d’une sérieuse avarie sur son gréement, il n’y a cette fois pas eu de miracle. Même MacGyver ne peut pas lutter quand le sort mécanique s’acharne ! Après ses réparations structurelles dans l’Atlantique Nord, l’expérimenté marin aux deux tours du monde bouclés, cette fois sans solution, a dû annoncer, le cœur brisé, son abandon. Celui qui évoluait en 16e position au moment de sa casse devrait mettre 36 heures pour rallier Cape Town, au près, dans des conditions de mer et de vent fortes.
Car la porte sud-africaine n’a rien d’accueillant, dans l’instant. Franchie par Isabelle Joschke aux premières heures de la nuit, qui se fait de plus en plus courte pour nos marins lancés à la poursuite du soleil, la navigatrice de MACSF (19e) nous décrivait ses conditions :