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Paul Meilhat : « La France peut battre son record de médailles aux JO de voile »

La voile aux Jeux Olympiques, c’est une longue histoire. Des épreuves étaient prévues dès les Jeux d’Athènes en 1896 mais elles n’avaient pas eu lieu à cause des conditions météo. Quatre ans plus tard en revanche, les premières compétitions se tiennent bien lors des Jeux Olympiques de Paris. C’était il y a 124 ans, 89 ans avant la première édition du Vendée Globe. Progressivement, la voile a évolué en intégrant récemment des supports à foils. Elle est devenue un sport incontournable, au point qu’une épreuve de course à large a un temps été envisagé pour Paris 2024. Avant que les compétitions ne commencent à Marseille, l’équipe du Vendée Globe est allée à la rencontre de Paul Meilhat pour comprendre le lien entre la voile olympique et la course au large.

Paul Meilhat à bord de son IMOCA Biotherm
© Anne Beaugé

En 2024, les catégories voile retenues pour les Jeux sont :

  • La planche à voile à foil (IQFoil) femme et homme
  • Le dériveur double (49ers) femme et homme
  • Le dériveur solitaire (laser, ILCA) femme et homme
  • Le kiteboard (foil) femme et homme
  • Le catamaran à foil double mixte (Nacra 17)
  • Le dériveur double mixte (470)

Vendée Globe :

Paul, peux-tu nous parler de tes débuts en voile ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

J’ai fait mes premiers pas sur un bateau en croisière avec mes parents. Ensuite, en région parisienne en Optimist, dès l’âge de 12 ans. J’ai poursuivi en laser jusqu’à la fin du lycée, puis j’ai été détecté par le pôle France de La Rochelle à mes 18 ans. En 2004, nos clubs ont envoyé les « potentiels 2008 » à Athènes pour les Jeux, dans une délégation sportive, j’en garde un souvenir incroyable ! J’étais là pour la médaille d’or de Faustine (Faustine Merret, médaillée en planche à voile). Ensuite, j’ai fait une préparation olympique pour Pékin 2008 en 49ers. Je continuais mes études de Staps à Paris, mais je m’entraînais toutes les semaines. J’ai finalement obtenu l’équivalent d’un master (sur 8 ans) en combinant mes entraînements et les compétitions internationales.

Vendée Globe :

Pendant ces années-là, tu ne rêvais que des Jeux ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

Je rêvais des Jeux, mais en même temps… Disons qu’avec mes coéquipiers, on gagnait sur des compétitions comme les championnats de France, on faisait de bons résultats aux championnats d’Europe, mais derrière on plafonnait un peu. On manquait de temps, de moyens… On ne passait pas le cap de se consacrer à 100 %.

Vendée Globe :

Qu’est-ce qui t’a fait basculer vers la course au large ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

Dans la course au large, il n’y a pas que le sport, il y a tout un univers dans lequel tu es immergé. Il y a un côté beaucoup plus « passion ». Tu peux faire de la voile olympique comme tu fais du 100 mètres ou n’importe quel autre sport, sans forcément être un marin ou aimer la mer. Il faut avoir les bonnes sensations, s’amuser à gagner… Parce que globalement, leur truc ça ne dure que 20 minutes sur l’eau (rires) ! C’est hyper dur, la préparation physique est prépondérante. Certaines disciplines sont très cardio, c’est presque comme un Tour de France vélo !

Pendant toutes mes années en olympisme, le large continuait de me faire rêver. C’est peut-être aussi pour ça que je n’ai pas percé, ma tête était un peu ailleurs. Je faisais des transmanches, des Tourduf (Tour du Finistère), des tours de France à la voile… Je faisais beaucoup d’habitable à côté. Et puis à la fin des études, le dériveur ne me faisait pas gagner d’argent, au contraire (rires). Je suis devenu entraîneur, mais en réalité je m’éclatais plus en course au large. Je me suis lancé en Figaro… Et là ça a été la galère pendant deux ans ! Mais en course au large tu peux monter de super projets même sans être énormément financé, parce que l’aventure fait partie du sport. Tu peux raconter ta propre histoire et tu as énormément de moyens différents d’arriver au résultat, c’est ce qui me plaît !

Vendée Globe :

Est-ce que les ponts sont faciles entre la voile légère et la course au large ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

Quelqu’un qui fait de la voile olympique n’a pas forcément de raison d’aller faire de la course au large, même si c’est quelqu’un de talentueux, il faut surtout avoir l’envie ! En course au large, il faut être un peu moyen partout. Dans l’olympisme, si tu es moyen partout, tu ne sors jamais du lot. Il y a plein d’exemples de personnes talentueuses en olympisme qui n’ont pas marché en course au large. Beaucoup de coureurs au large viennent de l’olympisme, mais souvent ce n’étaient pas les meilleurs ! J’ai fait de la voile légère en même temps que François Gabart, il ne gagnait pas les championnats du monde (rires) !

Vendée Globe :

Que t’apportent tes années de voile légère dans ta façon de naviguer aujourd’hui ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

En course au large, on fournit beaucoup d’énergie dans le montage et la gestion des projets. La voile olympique, ça amène de la méthode et de la rigueur quand tu vas sur l’eau : cette capacité à vouloir aller vite, dans les moindres détails. Je pense que ça m’a beaucoup apporté car ce n’est pas inné chez moi. Ce que j’aime, c’est la course au large dans son ensemble. Je ne suis pas perfectionniste, je ne suis pas hyper pointilleux, mais mes années de voile légère m’ont beaucoup appris là-dessus. Ça apporte le sens régatier, compétiteur pur. Le côté « killer », tu dois l’avoir en course au large aussi ! Et mes années en Figaro m’ont permis de continuer cet apprentissage.

Vendée Globe :

Peux-tu nous parler des athlètes 2024 ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

Il y a des nouvelles pratiques, avec les supports à foils notamment. Ils ont vécu la même transition que nous ! Nous avons même intégré les foils avant eux, c’est assez incroyable. Dans les séries un peu plus anciennes, il n’y a que des gens que je connais. Camille Lecointre, je faisais de l’Optimist avec elle quand j’avais 12 ans ! Avec Jérémie Mion, on est nés dans la même ville de 3 000 habitants en région parisienne, on était dans le même collège ! Jean-Baptiste Bernaz, on a fait du laser ensemble, Sarah Steyaert aussi, on s’entraînait au pôle à La Rochelle. Il y a aussi Charline, qui était elle aussi au pôle. Elles ont eu cette capacité de travail que je n’aurais jamais eue, elles n’ont rien lâché ! Jean-Baptiste c’est pareil, il a emmagasiné 20 ans de travail qui l’ont amené vers un titre de champion du monde, comme Charline avec sa médaille d’or et sa médaille d’argent… Je ne sais pas si en course au large on a des exemples comme ça, avec une progression sur autant d’années. Et puis il y a la nouvelle génération, que j’ai juste croisée, car on a 20 ans d’écart !

Vendée Globe :

Quels sont tes pronostics de médaille pour la France ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

C’est la première fois qu’il y a autant de si bons résultats, dans des séries que la France ne dominait pas auparavant. En planche, kitesurf, 470, on a toujours été bons, mais en laser et 49ers c’est assez nouveau. On a eu deux titres de champion du monde, c’est une première dans l’histoire. On peut battre le nombre de médailles sur ces Jeux !

Vendée Globe :

Que penses-tu de l’idée d’intégrer la course au large aux disciplines olympiques ?

Paul Meilhat

Paul Meilhat

Biotherm

Je pense que ce serait une bonne chose. Dans plein de sports représentés aux Jeux, tu as des disciplines très différentes, donc pourquoi la voile n’aurait pas sa diversité ? Je trouve ça important que les disciplines soient représentatives des pratiques, c’est pour ça que je suis vraiment content que le kite à foil soit aujourd’hui une discipline olympique. Quand on voit le nombre de wingfoils sur les plages, je pense que ça devrait être aux JO en 2028 !


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