Après une brève carrière dans le commerce en Extrême-Orient, il a décidé de poursuivre ses rêves suite au décès prématuré de son père, lui-même passionné de voile. Heer a rejoint l’équipe d’Alex Thomson et gravi les échelons jusqu'à devenir « boat captain » du bateau pour la campagne du Vendée Globe 2020. Alors que l'idée de relever son propre défi le taraudait déjà, Thomson l’a encouragé à franchir le pas et à se lancer dans l’aventure, après son abandon au Cap, en Afrique du Sud.
Oliver Heer : « Je suis très heureux et fier d'être ici »
PAROLE DE SKIPPER (23/40) : Originaire de Zurich et passionné du Vendée Globe depuis son plus jeune âge, Oliver (Ollie) aspire à devenir le premier skipper suisse-allemand à terminer cette course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.
Vendée Globe :
Ton parcours pour arriver jusqu'ici a été semé d'embûches, peux-tu nous raconter ?
Je suis très heureux et, d'une certaine manière, fier de là où nous en sommes aujourd’hui, même si les débuts n'ont pas été faciles. Nous avons eu du mal à boucler le budget, mais nous avons finalement réussi à atteindre notre objectif : être au départ avec un bateau bien préparé, une équipe solide et un sponsor. Nos efforts ont porté leurs fruits.
Vendée Globe :
On dit toujours que le plus difficile, c’est d’être au départ. Es-tu d’accord avec ça ?
Oui, tout à fait ! Les gens ne voient souvent que le côté spectaculaire de la navigation, mais ça ne représente qu'un tiers de notre travail. Les deux autres tiers concernent la recherche de financement et la gestion du projet. Maintenant, j'ai hâte de partir pour ce que ma femme Theresa appelle mes « vacances à la voile » (rires).
Vendée Globe :
Est-ce que parfois, tu t’es dit que tu n’allais pas y arriver ?
Extérieurement, j'ai toujours montré de la confiance, de l'énergie et de l'optimisme quant à notre capacité à être au départ, mais ce serait mentir de dire que je n’ai pas eu des moments de doute. Il y a eu des fois où j’ai douté, que ce soit en termes de performances, de sélection ou sur le plan financier.
Vendée Globe :
Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Je suis maintenant confiant. Les deux dernières années et demie n’ont pas été simples, mais j’ai toujours atteint mon objectif de ramener le bateau et moi-même à terre en toute sécurité. J’aborde ce Vendée Globe avec sérénité.
Vendée Globe :
En tirant les leçons de tes expériences, qu'emportes-tu comme matériel pour bricoler ?
Je me dis que 10 kg de pièces de rechange ne feront pas perdre la course, alors autant les prendre ! Si je ne peux pas dire clairement « non, je n’en ai pas besoin », c’est probablement une bonne idée de l’embarquer.
Vendée Globe :
As-tu fait des concessions sur les équipements du bateau ?
Nous avons un jeu de voiles entièrement neuf, de nouveaux câbles et enrouleurs. Le gréement, les écoutes, les drisses, les batteries, les panneaux solaires, les hydrogénérateurs et alternateurs sont également neufs. Tout le système de production d’énergie a été complètement révisé, et nous avons aussi changé l’électronique et les pilotes automatiques l’hiver dernier.
Vendée Globe :
Et le bateau (mis à l'eau sous le nom de Gitana, ndlr) connaît bien le parcours de la course, n’est-ce pas ?
Oui, en effet ! Après l'abandon de Loïck Peyron au Vendée Globe 2008, Jean Le Cam l'a mené à la 5e place en 2012. Ensuite, Fabrice Amadeo a terminé avec en 2016, et en 2020, Romain Attanasio a de nouveau bouclé la course. Le bateau a un bon palmarès, sa structure est solide, elle a été éprouvée.
Vendée Globe :
Comment vas-tu gérer la solitude ?
Je ne sais pas exactement comment je réagirai, car je n’ai jamais passé autant de temps seul. Je travaille avec le même préparateur mental depuis deux ans et demi, ce qui m’aide beaucoup. Lors de nos séances, nous essayons de visualiser les différents moments du parcours. Je pense être assez résistant face à l’isolement.
Vendée Globe :
Comment fais-tu pour te distraire pendant la course ? Que vas-tu emporter ?
Je n’emporte aucun livre, mais j’écoute beaucoup de livres audios et de podcasts. Et j’aurai des échanges ponctuels avec ma famille, ma femme, mon frère… Ce contact aide vraiment.
Vendée Globe :
Comment te projettes-tu sur le parcours ?
D’après mes expériences passées, j’ai tendance à naviguer un peu trop fort, ce qui peut causer des dégâts. Cette fois, je compte préserver le bateau et être prudent pendant les deux premiers tiers de la course. J’aimerais faire ma propre course sans trop me comparer aux autres, même si c’est difficile à appliquer. Mon bateau est proche de celui de Sébastien Marsset, et je suis aussi curieux de voir comment je me débrouillerai face à Manuel Cousin, qui a un bateau similaire à la base mais très optimisé. Et puis tous les bateaux à dérives, je pense que ce sera presque une course dans la course. Cela va être intéressant !
Vendée Globe :
Quels sont tes premiers souvenirs de Vendée Globe ?
J’ai grandi avant l’ère d’Internet, donc je suivais le Vendée Globe dans les magazines, surtout au début des années 2000. Je découpais des photos de Dominique Wavre, le concurrent suisse, et les accrochais dans ma chambre.
Vendée Globe :
Tu n’avais pas de footballeurs, de joueurs de tennis ou d'autres héros sportifs ?
Non, jamais. Il n’y avait que la voile !