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En mer, quand la musique est bonne !

Et si le large rendait les skippers mélomanes ? Tous les marins ont embarqué des centaines de titres qu’ils peuvent écouter au gré de leurs envies. Certains mettent des morceaux pour immortaliser un moment fort, d’autres chantent à tue-tête. À l’instar de Thomas Ruyant avec le musicien électronique “Molécule” il y a quatre ans, Éric Bellion a poussé le curseur un peu plus loin : avec l’artiste Mat Bastard, il aspire à retranscrire ses émotions en musique.

LORIENT, FRANCE - 12 AVRIL 2024 : Le skipper de Stand As One Eric Bellion (FRA) est photographié le 12 avril 2024 à Lorient, France - Photo par Ewen Carbonnier
LORIENT, FRANCE - 12 AVRIL 2024 : Le skipper de Stand As One Eric Bellion (FRA) est photographié le 12 avril 2024 à Lorient, France - Photo par Ewen Carbonnier
© Ewen Carbonnier

Il a nommé son bateau ‘STAND AS ONE’ avant de découvrir qu’il s’agissait du titre d’une chanson de Skip the Use. Mais pour Éric Bellion, les liens entre le groupe et son aventure étaient plus nombreux, les paroles du groupe correspondant beaucoup à ce qu’il peut vivre sur l’océan. Il a alors décidé que le chanteur de Skip the Use, Mat Bastard, soit le parrain de son bateau. À la Transat Jacques Vabre 2023, pour baptiser l’IMOCA, un concert avait été organisé sur les pontons. Au Vendée Globe, Mat Bastard est venu saluer Éric au départ. Surtout, il lui a confié qu’ils vont se lancer dans un projet fou : raconter en chanson son tour du monde. 12 semaines en mer, 12 titres, et un « périple aquatique » dixit Télérama renommé « Sail and Sound ».

« J’en garde une dose pour la route »

Dans ces titres, disponibles sur Youtube, Mat Bastard évoque les émotions contradictoires du large, les remises en question, l’impérieuse nécessité de croire en son étoile. Une chanson évoque avec sensibilité la femme d’Éric, Marie, et la vie à terre, une autre : ‘Papa et papi’, soit Éric Bellion pour père et Jean Le Cam pour le grand-père, dont le chanteur dit qu’il « parle avec les yeux ». Il y a des rythmes entêtants mais pas que, les paroles racontent bien la réalité des femmes et des hommes de la course au large. Illustration au début de ‘Jusqu’au ciel’ publié il y a trois semaines :

« Désespéré / décomposé / j’ai mis des plombes à me recomposer / J’en garde une dose pour la route, de toute façon j’ai rien d’autre à foutre / Le temps passe comme une vie trop brève ».

Sail & Sound 4

Sail and Sound, le projet musical d'Éric Bellion et Mat Bastard | Vendée Globe 2024

Ruyant – Molécule, le précédent

Ce projet fait penser à celui qu’avait mené Thomas Ruyant (actuellement VULNERABLE) avec le compositeur et artiste Molécule lors de la dernière édition du Vendée Globe. Ensemble, ils avaient installé un dispositif de captation, en son et en images. Une matière brute qui avait donné un film (29 173 NM), une des immersions les plus impressionnantes de ce qu’est cette course à nul autre pareil.

Bande-annonce

Skippers et artistes, une sacrée filiation 

Les liens entre les marins et les artistes sont multiples. Le bateau de Fabrice Amedeo (Nexans - Wewise) a été baptisé par le chanteur Jérémy Frérot (ancien du duo Fréro Delavega) aux Sables d’Olonne. « Je trouvais que Jérémy était un super ambassadeur, je l’ai un peu contacté au culot sur les réseaux sociaux et il a tout de suite répondu », a expliqué Fabrice. La chanteuse Anne Sila était sur le pont de Monnoyeur – DUO for a JOB pour baptiser le bateau de Benjamin Ferré. Elle avait ramené à Benjamin une lettre signée… Jean-Jacques Goldman, que Benjamin a conservé à bord pendant son tour du monde.

Dans la même veine, il y a aussi Francis Cabrel, parrain de Fortinet – Best Western, le bateau de Romain Attanasio, fan absolu du chanteur.  Par ailleurs, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) a eu droit aux encouragements de Patrick Bruel, eux qui se sont rencontrés grâce à des connaissances communes. C’est aussi le cas du DJ et ancien candidat à la Star Academy Quentin Mosimann et Maxime Sorel (V and B - Monbana – Mayenne). Le skipper était d’ailleurs monté sur scène quand l’artiste s’était produit sur le bar du Vendée Globe.

Chacun ses styles, chacun leur chemin

Depuis qu’ils sont partis pour leur tour du monde, tous les skippers ont embarqué avec eux des centaines de titres à écouter au gré de leurs envies. Leur poser la question, c’est souvent l’assurance d’entendre : « j’ai pris un peu de tout ». Et au fil des semaines, on a en effet entendu un peu de tout ! Arnaud Boissière s’est filmé plusieurs fois en train de voguer sous des airs de rock ou de reggae et Jingkun Xu apprécie les musiques chinoises traditionnelles. Sébastien Marsset a eu le droit à un hymne créé par un sponsor, et écoute beaucoup “Lose Yourself” d’Eminem.

De son côté, Alan Roura est un habitué et un passionné de Jacques Brel qu’il chante à tue-tête en s’amusant parfois à réécrire les paroles. Tanguy Le Turquais, lui, a plusieurs fois filmé de grands moments de plénitude, en écoutant MPL (Le mystère abyssal) ou Tiken Jah Fakoly (Alou Maye). Sa compagne Clarisse Crémer assure « écouter des playlist Spotify » mais « être incapable de dire quels sont les titres et les paroles des chansons ». Et elle ajoute : « par contre quand je peux, je danse un peu sur le pont. Et côté musique, je suis un peu resté bloqué dans les années 1970 ! » Et puis il y a Romain Attanasio qui a démontré au fil des semaines son talent de chanteur. Au Cap Horn, il a entonné du Eddy Mitchell, « La dernière séance » en revisitant le refrain : « bye bye le grand Sud ». Mercredi, nouveau titre, cette fois-ci devant un lever de soleil avec la reprise de Pierre Bachelet, ‘Elle est d’ailleurs’, offrant encore quelques vibrations de bonheur.  

Passage du cap Horn en musique pour Romain Attanasio | Vendée Globe 2024

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