« Chaque mètre de gagné vers l’Est vaut vraiment de l’or. Il ne faut pas de contre-temps ni de problème technique. C’est une navigation clairement sur le fil du rasoir », avait indiqué Charlie Dalin hier, rappelant alors l’importance pour lui de mettre le paquet pour ne pas se faire rattraper par le centre de la (très) grosse dépression lancée à sa poursuite. Le skipper de MACIF Santé Prévoyance a finalement réussi son pari et il ne l’a pas volé car il a clairement placé le curseur très haut en couvrant pas moins de 540 milles ces dernières 24 heures. Ce que cela signifie pour lui ? Tout simplement qu’il va pouvoir profiter d’un vent adonnant et donc être en mesure de faire une trajectoire très tendue en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique pendant que, dans le même temps, ses concurrents vont continuer de slalomer sur des pistes en gravier.
Ne pas laisser les premiers trop filer
Sébastien Simon, qui s’est fait rattraper par la patrouille (autrement dit, qui s’est fait aspirer par l’axe du système dépressionnaire) va devoir multiplier les empannages le long de la ZEA dans des conditions de mer et de vent assez toniques. Une bonne nouvelle pour lui, cependant : bien qu’il ne tire pas autant de bénéfices de son option Sud que Charlie, il réalise malgré tout une belle opération par rapport à toute la petite bande partie plus au nord. Cette dernière devrait en effet accuser a minima 250 milles de retard sur lui en arrivant sur le plateau imposé par l’autorité australienne de sécurité maritime. Ça reste, certes, moitié moins que leur retard annoncé sur Charlie, mais ce n’est assurément pas rien. « Le but, c’est d’aller vite pour les laisser filer le moins possible », a commenté le skipper de VULNERABLE qui bataille comme il peut pour enquiller les milles sur une mer transformée en surface cahoteuse. « Ce ne sont pas des conditions faciles. C’est difficile de savoir comment toiler et quel angle donner au bateau. Parfois ça va très vite et parfois moins. Le vent a quelque peu molli mais il y a toujours entre six et sept mètres de houle. C’est impressionnant », a relaté Thomas Ruyant qui alterne les montées infernales puis les descentes vertigineuses, comme une boule de flipper prise dans une partie frénétique. « Il ne faut pas traîner parce que derrière, il n’y a pas beaucoup de vent », a ajouté le Nordiste qui aurait préféré un autre cadeau qu’une visite au musée des creux et des bosses pour sa Saint-Nicolas, même si, au final, il s’en sort nettement mieux que certains de ses adversaires, à commencer par Jérémie Beyou et Nicolas Lunven (Holcim – PRB).
Un coup du père Fouettard ?
Littéralement mangés par l’anticyclone, ces deux-là évoluent désormais dans des vents mollassons, ce qui ne facilite pas leur progression et qui fait dire au skipper de Charal que la note risque de piquer autant qu’un oursin sous le pied :