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Le carbone bleu : pourquoi les marais salés littoraux ?

Alors que les skippers arrivent peu à peu aux Sables d’Olonne, ville de départ et d’arrivée du Vendée Globe mais également des marais d’Olonne, véritable laboratoire pour le carbone bleu. Les marais salés littoraux sont des terres basses à faible pente que l’on trouve le long des côtes abritées (estuaires, lagunes…). Ces marais sont inondés lors des marées hautes de forts coefficients.

Marais
© Laboratoire LIENSs

Ils se sont en général créés par l’accumulation de vase dans des zones de faible courant. Le dépôt de vase s’y produit rapidement, ce qui fait que dans de nombreux cas, ces marais gagnent sur la mer bien que le niveau de celle-ci augmente en raison du réchauffement climatique. Une végétation adaptée aux sols salés et aux embruns s’y développe. Il s’agit d’espèces végétales dites halophiles (adaptées au sel) comme l’Obione faux-pourpier (Halimione portulacoides, Aelen 1938) ou la Salicorne (Salicornia sp.) qui sont spécifiques de ce milieu.  

En raison de la forte accumulation de vase, l’oxygène ne pénètre pas en profondeur dans la vase et les débris végétaux sont très peu dégradés. Ainsi, les écosystèmes séquestrent le carbone puisé par les plantes par le processus de photosynthèse. Les travaux menés sur les marais salés dans le Pertuis Charentais (Charente Maritime et Vendée) ont permis de montrer que ces milieux ont le potentiel de séquestrer jusqu’à 8,8 TCO2eq/ha/an soit l’équivalent de l’empreinte carbone annuel d’un français. Ces milieux sont donc classés comme des puits de carbone, aussi appelés « écosystèmes du carbone bleu » faisant référence au carbone séquestré par les écosystèmes marins végétalisés.  

Marais
© Laboratoire LIENSs

Les marais salés à forts potentiels de séquestration carbone peuvent également être présents en arrière du cordon littoral. Cependant, leurs capacités de captation (photosynthèse) et de séquestration de carbone dépendent fortement des modes de gestion et de leur état de santé. S’ils sont en mauvais état, ils peuvent se transformer en source de carbone, c’est à dire devenir des émetteurs de carbone vers l’atmosphère. 

Les marais de Vendée avec ses 800 ha à Talmont Saint Hilaire Jard, 1400 ha aux Salines des Sables d’Olonne et 400 ha à Saint-Gilles Croix de Vie, offre un potentiel d’écosystèmes « carbone bleu » sur ce territoire qu’il est nécessaire d’étudier afin de savoir s’ils sont des puits ou des sources de CO2. Des actions sont menées dans ce sens par l’association Carbone bleu des marais sur le territoire Vendéen. 

Marais
Les équipes de l’association carbone bleu des marais présentent leurs recherches sur les marais au skipper Benjamin Dutreux sur le village départ du Vendée Globe 2024-2025.
© Vincent Curutchet / ALEA / VG2024

Gardons en tête qu’en plus d’être des écosystèmes « carbone bleu », les marais salés littoraux ont bien d’autres vertus et peuvent offrir un service de régulation du climat. Ils s’élèvent en même temps que le niveau marin et dissipent les vagues de tempêtes, tout en préservant la biodiversité et améliorant la qualité de l’eau et des paysages. Ils font partie intégrante de notre patrimoine naturel et culturel et sont de véritables zones « tampons » pour les pollutions et le stockage temporaire de surplus d’eau. Ils protègent ainsi nos côtes des inondations et des submersions. Les marais salés littoraux offrent ainsi de nombreux services, parmi lesquels le carbone bleu est important à prendre en compte pour nous aider à l’atténuation du changement climatique. 

 

Pour en savoir plus : 

Carbone bleu des marais 

Carbone bleu - Université de La Rochelle

La Rochelle, territoire zéro carbone

« Hé... La mer monte ! » de G. Bouzard, E. Chaumillon et M. Duméry


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