Il y a peut-être un bénéfice à subir la tempête comme le vivent les habitants de l’Ouest de la France en ce début de semaine. Parce qu’à être balayé par les bourrasques, la pluie incessante, les pieds dans l’eau et la colère du ciel, on finit par comprendre – un peu – ce que vivent les skippers au large. Ainsi, ils sont nombreux à pouvoir avoir un aperçu de la vie au cœur du chaos. Les deux prochains marins attendus sur la ligne d’arrivée, Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) sont bien placés pour vous en parler.
Vers une réactivation de la “ligne tempête” ?
Actuellement au niveau du cap Finisterre, ils doivent composer avec 40 à 50 nœuds de vent et jusqu’à 9 mètres de mer. Leur expérience et leur sang-froid sont donc soumis à rude épreuve mais leur permettent de tenir bon. La proximité de l’arrivée aussi leur donne certainement du courage, eux qui espèrent boucler leur tour du monde demain. « En fonction de l’évolution de la météo, nous verrons si on active à nouveau la ‘ligne tempête’ (une porte du parcours obligatoire qui se transforme en ligne d’arrivée en cas de fortes conditions) », précise Hubert Lemonnier le directeur de course.
À noter que le chenal devrait être praticable demain une partie de l’après-midi. Par ailleurs, les IMOCA MACIF Santé Prévoyance et Paprec Arkéa pourraient en profiter pour quitter Port Olona ce jeudi et rejoindre leurs ports d’attache (respectivement Concarneau et Lorient). De plus, la direction de course échange avec Guyot Environnement – Water Family et L’Occitane en Provence afin de planifier le moment où Benjamin Dutreux et Clarisse Crémer s’offriront les joies de la fameuse remontée du chenal.
Le grand contournement
Pour les autres skippers, un constat s’impose : ils sont légèrement moins rapides que les premiers et sont surtout obligés de faire une route bien plus longue. C’est ce qu’explique Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe : « de Romain Attanasio (Fortinet - Best Western, 14e) à Violette Dorange (DeVenir, 26e) tous les concurrents semblent passer à l’Ouest des Açores, ce qui rallonge fortement leur route ». Romain Attanasio et Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) ont déjà bien entamé ce grand tour après avoir laissé passer un front et traversé une dorsale. Le vent d’une dépression va maintenant les propulser vers l’arrivée où ils sont attendus ce week-end, au large des Sables d’Olonne.
C’est cette même dépression qui permettra au groupe de derrière, composé de huit skippers de Giancarlo Pedote (Prysmian, 15e) à Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor Lux, 23e), d’accélérer également l’allure. Justement, le Roi Jean était aux vacations ce matin. Tout juste réveillé d’un « petit roupillon » et heureux d’avoir réparé son étai de J2, le skipper avait des mots empreints de sagesse :