Il est déjà assuré de marquer l’histoire. Pour la première fois, un skipper chinois participera au Vendée Globe. À sa manière, Jingkun Xu symbolise l’internationalisation de la course au large, sa capacité à susciter la curiosité de nouveaux publics et à faire rêver, bien au-delà des passionnés de la discipline. Mais lui aussi est un passionné invétéré, un marin qui a le large au cœur. Lui, le natif des montagnes de la province du Shandong, à l’Est de la Chine, qui n’a vu la mer qu’à ses 12 ans. Sa capacité à croire en son destin et à se jeter avec détermination dans chacune de ses aventures en ont fait une personnalité à part dans l’Empire du milieu. Après avoir fait ses gammes en voile olympique puis participer à des compétitions aux Jeux paralympiques suite à une blessure, il a débuté en course au large, disputé la Mini Transat et réalisé un tour du monde avec sa compagne. Désormais, place à une nouvelle circumnavigation avec un bateau qui n’a plus de secret pour lui.
Jingkun Xu : « chaque voyage en mer est une leçon de vie »
PAROLES DE SKIPPERS (14/40). À 35 ans, Jingkun va devenir le premier skipper chinois à disputer le tour du monde iconique. Découverte d’un skipper pour qui le Vendée Globe est « un rêve devenu réalité ».
Vendée Globe :
Que ressens-tu à l’idée de disputer le Vendée Globe ?
C'est le sentiment d'un rêve devenu réalité. Pour pouvoir être sur la ligne de départ, j’ai dû travailler dur pendant 18 ans. Après plus de 6000 jours et nuits, pouvoir transformer ma "prétendue folie" d'autrefois en réalité est une sensation incroyable.
Vendée Globe :
Tu as une destinée incroyable… Tu as grandi au sein d’une ferme dans les terres. Quels sont tes premiers souvenirs de mer, de voile ?
Ma ville natale se trouve dans les montagnes à 120 kilomètres de Qingdao. Ce n'est qu'à l'âge de 12 ans que j'ai vu la mer pour la première fois. Le mot "voilier" est apparu dans ma vie lorsque l'équipe nationale de voile a été formée pour préparer les Jeux Olympiques de 2008 et qu'ils m'ont contacté pour rejoindre l'équipe. À l'époque, je ne savais pas ce qu'était un voilier, j’ai dû effectuer une recherche pour en savoir plus.
Vendée Globe :
Ce n’est qu’après ta blessure à la main que tu décides de te lancer dans la voile. Pourquoi ?
Après la blessure à ma main gauche, la course à pied m’a sauvé. Dans d'autres domaines, il me manque une main par rapport aux autres, mais sur la piste d’athlétisme, nous sommes tous égaux, nous avons tous deux jambes. Grâce à mes performances en course à pied et ma forme physique, j’ai été sélectionné comme l’un des candidats lorsque l’équipe nationale de voile a été formée pour les Jeux Olympiques de 2008.
Vendée Globe :
Qu’est-ce que la course au large évoquait pour toi ?
Pour moi, la navigation, et en particulier la navigation au large, est le meilleur mentor de ma vie. Chaque voyage est une leçon de vie, et la mer m'enseigne toujours beaucoup de choses, me donne matière à réflexion, ainsi que le courage et la persévérance pour affronter le destin. C’est pour ça que je suis toujours enthousiaste à l’idée de promouvoir la course au large : j’espère pouvoir partager les enseignements que j'ai reçus avec ceux qui en ont besoin.
Vendée Globe :
Tu as disputé un tour du monde de trois ans avec ta femme Sofia. Quelles images te restent-elles de cette aventure ?
Ces trois années m'ont non seulement permis de découvrir de nombreux paysages d'une beauté indescriptible, mais j'ai également été témoin de la pollution des océans et des conditions difficiles auxquelles les créatures marines sont confrontées. En tant que marin, nous sommes les premiers témoins du destin de l'océan. L'océan est un patrimoine commun à toute l'humanité, et je souhaite de tout cœur utiliser toutes mes forces pour sensibiliser et m'engager activement dans la protection des océans. J'espère que nos descendants pourront encore profiter d'une mer aussi belle que celle que nous avons connue.
Vendée Globe :
Ton livre « Rêveur humble » a connu un grand succès populaire. Qu’est-ce que tu as voulu transmettre par cet ouvrage ?
L’écrivain portugais Paulo Coelho a écrit dans l’Alchimiste : "Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. " Mon parcours de vie est la preuve de cette phrase. Grâce à mon histoire, j’espère que les jeunes n'auront plus peur d'avoir de grands rêves, car tant que tu cours de toutes tes forces vers ton rêve, tu rencontreras sur ton chemin beaucoup d'amour et de croyance. Ces forces te soutiendront pour atteindre des sommets incroyables, comme le Vendée Globe.
Vendée Globe :
Qu’est-ce qui t’a permis de participer à cette aventure Vendée Globe ?
Le courage vient probablement de deux aspects. D’une part, pour participer au Vendée Globe, j'ai passé 18 ans à me préparer et à acquérir les compétences nécessaires pour un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. D’autre part, sur le chemin de cette préparation, j'ai reçu la confiance et l'aide de nombreuses personnes. Leur soutien m'a apporté beaucoup de courage et de force.
Vendée Globe :
Depuis trois ans, tu as disputé quatre transatlantiques. Tu te sens prêt pour ce tour du monde en solitaire ?
Oui, totalement. Lorsque j'ai commencé mon projet pour le Vendée Globe en 2020, j'étais déjà prêt d’une certaine manière. Les quatre courses et les deux traversées de l'Atlantique au cours des trois dernières années m'ont permis de mieux connaître mon bateau et ont renforcé ma confiance. Je pense que le temps nous confirmera. Ces trois dernières années, j'ai passé presque tous les jours avec mon bateau, nous sommes les partenaires les plus proches. Au Vendée Globe, je suis convaincu que nous reviendrons ensemble aux Sables d'Olonne.
