Il aura fait les choses comme à son habitude : avec panache et surtout à sa manière ! Ovationné par le public des Sables d’Olonne comme une rock star, Jean Le Cam se lance dès le début de course dans une option Est spectaculaire au large de Madère, alors que les alizés ont déserté. L’audace paye dans un premier temps, permettant au roi Jean d’endosser la couronne du premier au classement ! Le doyen de l’édition s’en amuse… « Dans la vie il faut oser et croire en soi ! », lance-t-il à la vacation ! Mais le bon coup se transforme en bourbier, et alors que le marin retrouve enfin ses crocs dans la poubelle, c’est finalement en 22e position qu’il franchit l’équateur.
Qu’à cela ne tienne, la route est encore longue pour qui connaît si bien le chemin, et il y a tant de manières encore de s’amuser ! Surtout sur ce nouveau bateau à dérives droites mis à l’eau en 2023 - encore une originalité sortie tout droit de son cerveau de passionné. Dans l’Atlantique Sud, Jean montre le plein potentiel de cette nouvelle monture et prend la tête de son groupe. « 22,24 nœuds. Là, on tutoie les limites de la connerie .... C’est chaud patate, mais ça devrait mollir ! », lance le Finistérien avant de franchir son neuvième cap de Bonne Espérance, puis de signer un record de vitesse avec une pointe à 32 nœuds.
Les dieux de la météo
Pas grisé par ces performances inédites, Jean Le Cam file dans le Nord de l’océan Indien, et observe de loin tous ces « bizuths » partis se faire secouer dans le grand Sud austral. Une histoire de grimaces et de vieux singe… Bord à bord avec Isabelle Joschke (MACSF) qui l’avait tant impressionné voilà quatre ans, mais aussi Alan Roura (Hublot) et Giancarlo Pedote (Prysmian), Jean Le Cam déroule une partition parfaitement orchestrée.
Dans le Pacifique, les dieux de la météo sont avec lui, et une fois contournée la pétole initiale, lui offrent un véritable boulevard. Il fausse compagnie à ses camarades pour recoller jour après jour à Damien Segin (Groupe APICIL) et Romain Attanasio (Fortinet – Best Western). Le 4 janvier, pour la huitième fois de sa vie, Jean franchit le cap Horn de nuit. Il est en 16e position. « Oh pétard ! », ponctue-t-il à son passage.
La voie est toujours aussi libre pour le doyen au large des îles Falkland, ce qui lui permet de recoller à ses deux prédécesseurs arrêtés dans la barrière anticyclonique. Mais Tout Commence en Finistère – Armor-lux se fait à son tour rattraper. Un petit trou de souris s’ouvre pour lui, mais voilà le 14e au classement rattrapé par les pépins. Le 14 janvier, son étai de J2 se brise. Pris dans la pétole, Jean chute à la 22e place, et doit surtout monter par deux fois au mât pour remettre son gréement en ordre de bataille.
Pari osé
Après l’équateur, les Açores et leur anticyclone lui permettent à nouveau de rattraper le paquet, mais une casse d’un hook l’oblige à nouveau à grimper à 29 mètres de hauteur. S’il ne se ménage pas dans les derniers jours de course, Jean Le Cam ne parvient pas à tenir la cadence de ceux de devant, et finit sur une 20e place, juste devant Conrad Colman, et derrière ses collègues à dérives droites, Benjamin Ferré et Tanguy Le Turquais.
Si l’exploit de faire un tour du monde en solitaire et sans assistance à 65 ans est indiscutable, il y aura tout de même un pari que cette fois, Jean Le Cam n’aura pas réussi. Celui de rivaliser avec les foilers autant qu’il l’espérait. Le « tonton flingueur » de la course au large l’aura d’ailleurs volontiers reconnu, lui qui saluait les performances « stratosphériques » de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA). Sa conclusion ? « Mon rêve serait d’aller faire un tour avec Charlie Dalin sur son bateau à foils ». Nul doute que le vainqueur du Vendée Globe ne pourra exaucer une telle demande, surtout quand elle provient de son souverain…