Il y a quatre ans, Isabelle Joschke avait remonté le chenal des Sables d’Olonne sur ce même IMOCA, MACSF, mais dans un tout autre contexte. Victime d’une avarie majeure de quille, la Franco-Allemande avait dû abandonner après son passage du cap Horn, choisissant après réparations de rallier seule la Vendée pour ne pas rester sur cette énorme frustration. Cette fois, c’est avec la joie bien réelle d’avoir « fait le boulot » qu’elle va pouvoir vivre cette arrivée, et savourer cette 19e place arrachée au bout de ses efforts !
Car il en aura fallu de la force de caractère pour parvenir à boucler ce tour du monde. Si les choses s’étaient relativement bien embarquées dès le début de course, malgré une avarie de voile dans 40 nœuds au passage du cap Finisterre, la skipper de MACSF retrouvait vite des couleurs, et des places au classement, attaquant l’hémisphère Sud en 19e position. Elle attaque l’Atlantique Sud en cavalier seul et mène sa barque sans faiblir. Reprise seulement par Jean Le Cam, elle franchit le cap de Bonne Espérance le 6 décembre, toujours 19e, en signant même son record personnel de vitesse en 24 h sur le bateau, avec 458 milles avalés en une journée.
« Je trouve que je me défends pas mal ! »
Dans l’Indien, que la navigatrice décrit cette année comme « corsé », ce sera le choix de la route Nord, en compagnie du binôme Le Cam-Roura. Elle tient tête à ses bateaux au potentiel de vitesse plus élevé, et impressionne par sa régularité, passant le cap Leeuwin à nouveau en 19e position. « Je suis contente, je trouve que je me défends pas mal ! » dit-elle, profitant de ses premiers jours dans le Pacifique où elle fait parler tout son talent de femme du large, elle qui a fini 12e de The Transat CIC en 2024, ou encore 9e du Retour à la Base en 2023 et de la Route du Rhum en 2022.
Mais le 29 décembre, c’est la douche froide. Alors qu’elle entend un gros « crac » et craint la même avarie de quille qu’il y a quatre ans, elle sort sur le pont et constate que son « foil tribord a cassé net ». A cela s’ajoute une panne de moteur, ainsi qu’une déchirure sur sa grand-voile. « Ma course ne sera plus la même à présent », explique-t-elle, forcément dépitée, et inquiète pour la suite de son parcours. Arriver, coûte que coûte, devient la seule priorité. Avant le cap Horn, Isabelle Joschke ralentit pour éviter le gros de la tempête. Au passage, elle est 18e.
La météo lui fait tout de même un joli cadeau, en ralentissant ses concurrents de devant. Huit bateaux se regroupent en moins de 150 milles, et Isabelle Joschke décide d’aller tenter sa chance près des côtes brésiliennes. L’option lui sourit, elle franchit l’équateur en 15e position, et accélère dans les alizés, tant qu’elle est sur son « bon » foil ! Mais de nouveau ralentie par l’anticyclone des Açores, la skipper de MACSF se fait reprendre, et c’est à nouveau à huit que la fin de parcours se dispute. Jusqu’au bout, elle aura lancé sa machine au maximum de son potentiel pour grapiller les places dans ce finish si disputé. L’occasion surtout de n’avoir aucun regret, pour celle qui avait parfois douté de vouloir revenir disputer le Vendée Globe. Sur sa route cette fois, il n’y aura pas eu que du plaisir, mais il y en aura eu beaucoup tout de même, et c’est déjà une victoire en soi.