Tout a commencé lors d’une énième nuit d’insomnie pour Agnès, 72 ans. Cette ancienne comptable à la retraite, qui vit désormais à Reims, lisait les actualités sur sa tablette quand elle a ouvert par erreur un article consacré à Louis Duc, skipper de Fives Group – Lantana Environnement. « J’allais refermer quand j’ai lu la première phrase, qui parlait de rêve et de voyage. Pour un sportif, ça m’a surpris, alors j’ai continué ma lecture. Ca m’a plu, j’ai trouvé ce mec super, il m’a fait penser à mon fils et j’ai eu envie de creuser… », explique cette mère de trois grands enfants, désormais « un peu isolée dans mes petites montagnes ».
A force de creuser, c’est peu dire qu’Agnès est tombée dedans ! Depuis le 10 novembre, la voilà qui s’est « découverte accro, tout simplement ». Consulter la cartographie est devenu « un réflexe », elle qui « connaissait de nom le Vendée Globe mais ne suit pas du tout le sport d’habitude, parce que le côté compétition bête et méchant m’ennuie ». Ce qui lui a plu alors, dans ce tour du monde sans escale et sans assistance ? « Tous ces personnages si différents, qui viennent tous chercher quelque chose et nous racontent un peu d’eux-mêmes au passage, ça m’a apporté une vraie bouffée d’oxygène », résume-t-elle.
« J’ai l’impression d’être un berger qui veille sur ses moutons »
Alors petit à petit, le Vendée Globe s’est invité dans son quotidien, et l’a accompagné jour et nuit. « A 3 heures du matin, je vais voir s’ils ont avancé, j’ai l’impression d’être un berger qui veille sur ses moutons… On s’y attache à force de partager des nuits avec eux ! », s’amuse la retraitée, dont la relation à l’océan était jusque-là « purement platonique, à peine deux ou trois semaines de vacances à la mer dans toute ma vie. Mais je crois que l’océan, finalement, c’est quelque chose qui habite notre imaginaire collectif ».
Axel, 5 ans, vit lui non loin de la mer, à Plouhinec (Morbihan). Mais s’il voit régulièrement des IMOCA dans le port voisin de Lorient, c’est par l’album Panini du Vendée Globe que sa passion a commencé. Dans la cour d’école, la folie des cartes s’est emparée de sa bande de copains, et a participé de sa nouvelle passion grandissante pour les skippers du Vendée Globe. Sa coqueluche ? « C’est un peu tous des super-héros, mais quand même il y en a une qui est encore plus forte » : Sam Davies, la navigatrice de Initiatives-Cœur, à qui il a adressé plusieurs courriers et dessins, et espère qu’elle lui répondra un jour. « Je la trouve trop géniale, son bateau est beau, et elle sauve les enfants qui ont un cœur malade, donc on a de la chance », raconte le nouveau fan, devenu incollable sur la course et la géographie du parcours emprunté par les solitaires.
Si son grand frère Paul pratique déjà la voile régulièrement, Axel était plutôt tourné vers le rugby et l’équitation, mais n’exclue pas de s’essayer bientôt à l’Optimist. Humblement, il reconnaît « qu’il ne pense pas être un jour au Vendée Globe », mais « aimerait bien que ce soit plus souvent que tous les quatre ans, parce que le prochain j’aurai 9 ans et c’est vieux ».