« On ne peut pas savoir à l’avance quels systèmes météos on va rencontrer et encore moins la manière dont ça va se passer. Il faut approcher les choses avec vigilance et attention. » Voilà comment Giancarlo Pedote, toujours très pragmatique, résumait son état d’esprit à l’aube de son deuxième Vendée Globe.
Malgré ces dispositions alertes, le scénario aura vite pris un tour inédit pour le skipper de Prysmian. Dans les premiers jours de course, un enchaînement de zones de pétole oblige à des options radicales. Joueur, l’expérimenté marin, 11e de la Transat Café L’Or 2023 et 16e de la Route du Rhum 2022, tente un passage plein Sud. S’il prend un temps la tête du classement, l’addition derrière est sévère, d’autant qu’une longue réparation sur son FR0 s’ajoute à son manque de réussite. « J’ai connu des moments meilleurs. Tous les modèles de ces derniers jours étaient à la ramasse et ça n’a pas joué à mon avantage. C’est un peu difficile à gérer nerveusement », explique alors le marin à la vacation.
Giancarlo Pedote franchit l’équateur en 27e position, et passera le reste de sa course à essayer de cravacher. Au cap de Bonne Espérance, il a déjà regagné quelques places, mais l’Indien le cueille à froid. « C’est un cycle infernal, comme si j’étais dans une machine à laver géante en mode essorage permanent ! » dit le marin italien, malgré sa route Nord pour échapper au pire. Il finit par rejoindre Jean Le Cam, Alan Roura et Isabelle Joschke, avec qui il va lutter plusieurs semaines, jusqu’au 30 décembre, où sa course prend un nouveau tour. Une sérieuse avarie sur son safran bâbord oblige l’Italien a passé de longues journées à bricoler.
Diminué, le skipper de Prysmian doit préserver sa monture, et choisit de ralentir avant le cap Horn pour éviter la tempête. Mais même le symbolique caillou, franchi en 18e position, ne console pas Giancarlo Pedote, qui a bien du mal à ne pas serrer les dents. « Ce n’était ni un moment de détente ni de plaisir, contrairement à ceux qui ont eu des conditions idéales. »
Après l’avoir tant accablé, la météo lui offre un petit cadeau en lui permettant de recoller au paquet de devant : d’abord au Sud du Brésil, puis au large des Açores. Mais son bateau fatigué l’empêche à nouveau de rivaliser, et la frustration se fait sentir pour ce passionné de compétition, qu’elle soit sur l’eau, sous l’eau, en ski ou encore en boxe, qu’il a longtemps pratiquée à haut-niveau avant de troquer les gants pour le ciré. A l’arrivée, c’est donc une 22e place qui lui tend les bras, et s’il y a bien de la joie d’avoir surpassé les épreuves et de retrouver les siens, il y a peu de doute sur le fait que le véloce Italien ne voudra pas en rester là.