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Développer ses qualités physiques pour optimiser ses performances

Afin d'améliorer leurs performances de manière holistique, les marins du Vendée Globe travaillent différents aspects comme la maîtrise technique, la tactique, la nutrition, le sommeil, le mental mais également la préparation physique. En plus de servir leur discipline en développant leurs qualités corporelles et en optimisant leurs résultats, celle-ci intervient également dans la récupération puis dans la prévention des blessures. Elle est donc tout simplement indispensable, surtout à l'heure où les IMOCA sont de plus en plus puissants et exigeants.

Maxime Sorel au "moulin à café"
Maxime Sorel au "moulin à café"
© Gautier Le Bec

Ce n'est pas un secret : la préparation physique fait partie des outils qui optimisent et améliorent les performances sportives. Afin d'accroître leurs champs de compétences et d'atteindre leurs objectifs, les coureurs au large ont besoin de développer certaines habilités comme la vitesse, la vivacité, la puissance, l'explosivité ou encore la souplesse qui se trouve être un excellent moyen de limiter les risques de blessures mais aussi d'améliorer la mobilité, pas toujours très aisée à bord d'un bateau qui penche, tape ou file à des vitesses supersoniques. « La préparation physique n'est pas tout en haut de la job-list des marins mais elle fait néanmoins partie de leurs priorités. Leurs bateaux sont devenus hyper inconfortables, très puissants, très rapides et donc très physiques, ce qui leur demande beaucoup d'énergie. Dans le travail que je réalise avec eux, le paquet est mis sur la réathlétisation et l'anticipation des blessures », explique Stéphane Eliot, coach sportif collaborant, entre autres, avec Jérémie Beyou (Charal), Clarisse Cremer (L'Occitane en Provence), Violette Dorange (Devenir), Thomas Ruyant et Sam Goodchild (VULNERABLE) ou Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One). 

Jérémie Beyou s'entraînant sur la plage
Jérémie Beyou en plein entraînement physique sur la plage
© Gauthier Lebec / Charal

Pour ne pas subir le bateau

« Tous ont de très grandes qualités foncières. Ils pratiquent généralement la natation, la course à pied, le vélo, le rameur ou des sports ludiques, comme le wingsurf ou le surf, de leur côté tandis que lors de nos séances, généralement individuelles, l'accent est mis sur la proprioception et le renforcement musculaire », poursuit l'ancien instructeur de karaté qui réalise avec eux des exercices de respiration et de gainage afin d'améliorer leurs postures et de solliciter leurs muscles profonds pour une meilleure transmission des forces entre le bas et le haut du corps, mais aussi pour un effet prophylactique. En somme : pour plus de résistance, de mobilité et de fonctionnalité. « En mer, il est important que les skippers gardent le contrôle de leur corps, qu'ils ne subissent pas leur bateau au risque de s'affaiblir et de ne plus être efficaces », confirme Maxime Sorel (V and B - Monbana - Mayenne) qui a fait le choix de collaborer avec le centre 321 Perform basé à Alex, proche d'Annecy. 

Du physique au cognitif

« Doté de nouvelles technologies, cette structure travaille avec de très nombreux athlètes et notamment des pilotes automobiles tels qu'Esteban Ocon. Elle mise sur la science pour développer les axes physiques, mentaux, cognitifs et spécifiques à l'univers de chacun », détaille le Cancalais qui attache une importance toute particulière à sa préparation physique générale mais aussi à sa préparation physique spécifique. « J'aime essayer de chiffrer les choses et, évidemment, les faire du mieux possible », ajoute l'ingénieur en génie civil qui a débuté son travail avec le centre haut-savoyard en amont de son ascension de l'Everest réalisée en mai 2023. Un défi qui, comme celui de faire le tour du monde à la voile en solitaire, sans assistance et sans escale, requiert une préparation rigoureuse, à la fois physique et mentale. 

Maxime Sorel faisant du surf
Le skipper Maxime Sorel en pleine séance de surf
© Vincent Curutchet / Alea

Optimiser le moindre détail

« En plus des entraînements physiques, des activités ludiques et axées sur le bien-être ou de l'accompagnement nutritionnel, les équipes de 321 Perform m'aident à évaluer des fonctions cérébrales comme la capacité de travail sous stress, la décision dans l'urgence, la réactivité... Ensemble nous avons également bossé sur la notion de bruit que l'on ne peut pas ne pas prendre en compte sur nos IMOCA. Cela m'aide à comprendre ce que consomme le cerveau comme oxygène lorsqu'il est fatigué, à trouver des automatismes ou à améliorer certaines choses comme nos écrans d'affichages à bord, finalement trop petits et pas assez colorés, ou encore comme nos mains courantes en textile, trop petites, qui peuvent créer des points de compression sur le corps et générer des pertes d'énergie complètement inutiles », explique Maxime Sorel qui aime explorer tous les détails de sa préparation mais aussi de se lancer régulièrement des défis, le dernier en date ayant été la CCC (Courmayeur - Champex - Chamonix) avec ses 101 kilomètres et 6100 mètres de dénivelé positif en août dernier. « Cela fait partie de mon mode de vie », relate le skipper de V and B - Monbana - Mayenne qui s'entraîne a minima cinq fois par semaine. 

être capable de repousser ses limites

Même topo du côté de Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Passionné de sport depuis toujours, ce dernier pratique de multiples activités, pour performer sur l'eau évidemment, mais pas seulement. « C'est une nécessité pour moi. J'en ai besoin pour mon équilibre. Faire une activité me permet de m'aérer l'esprit et plus j'avance en âge, plus c'est le cas », avance le Sablais qui pratique à haute intensité le vélo, la course à pied et la natation - il a participé avec brio à l'Ironman 70.3 des Sables d'Olonne en 2022 et projette de prendre part à l'Ironman au même endroit l'année prochaine. « Depuis mon accident lors du Retour à La Base en décembre 2023 (fracture des cervicales, ndlr), j'ai intégré du renforcement musculaire à mon programme afin de remuscler mon cou et le haut de mon corps, mais aussi pour gagner en puissance car naviguer sur un IMOCA aujourd'hui est très rude. Ce sont des bateaux très exigeants et il faut être capable d'encaisser dans la durée puisqu'un tour du monde dure plus ou moins 80 jours », commente Sébastien qui, comme  l'ensemble de ses concurrents, n'aime finalement rien de plus que de constamment repousser ses limites, se surpasser, se découvrir de nouvelles capacités mais aussi ressentir de l'adrénaline et le plaisir associés à de nouvelles expériences. 


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