« Ça accélère petit à petit. On sort de la zone de rupture d’alizés et on va avoir du vent jusqu’à l’entrée du Pot-au-Noir. Même si ces derniers jours ont été assez paisibles et donc plutôt agréable, c’est vrai que c’est sympa de retrouver de la pression. D’aller vite et dans la bonne direction ! », a résumé Clarisse Crémer. En effet, après avoir laborieusement oscillé entre rien et pas grand-chose, les vitesses de la skipper d’Occitane en Provence et de ses concurrents dépassent de nouveau les 20 nœuds de manière constante et avoisinent même les 30 nœuds pour les plus rapides d’entre eux, ce qui ne s’était plus produit depuis vendredi dernier. Autrement dit, c’est donc à plein badins que le groupe de tête cavale actuellement plein sud avec, en ligne de mire, la fameuse zone de convergence intertropicale. « Avec toutes ces histoires de molles à passer, on est quand même tous assez Ouest aujourd’hui. La situation est donc très différente que lorsque l’on arrive dans les alizés et que l’on fait des recalages et de ce fait, je ne suis pas sûre qu’il y ait une stratégie très pointue à faire. Notre point d’entrée dans le Pot-au-Noir est, en quelque sorte, déjà un peu choisi », a poursuivi la navigatrice qui a opté pour une trajectoire intermédiaire au sein du peloton. Un peloton qui, après s’être étalé sur plus de 300 milles en latéral, commence à converger vers un même axe situé entre le 20e et le 25e Ouest. « On arrive un peu tous sur une même ligne et on va vraisemblablement rentrer dans le Pot-au-Noir espacés de petites dizaines de milles seulement », a ajouté la navigatrice qui sait toutefois que dans cette fameuse zone de convergence intertropicale réputée pour son instabilité météorologique, le moindre petit écart ou nuage peut totalement changer la donne.
Le Pot-au-Noir plus sévère avec les leaders qu’avec les autres ?
« Concrètement, les premiers devraient y entrer demain en milieu de journée et en ressortir 24 heures plus tard. En l’état, on peut s’attendre à ce que les leaders composent avec davantage d’activité (grains, pluies…) que leurs poursuivants », a avancé Basile Rochut, consultant météo de la course avec une certaine prudence. « Le Pot a l’air assez coton-coton ! », a confirmé de son côté Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) qui aperçoit d’ores et déjà les premiers cumulonimbus pointer le bout de leur nez à l’horizon, tout comme ses concurrents également placés aux avant-postes. Ce n’est, en revanche, pas encore le cas de Jean Le Cam. A l’autre bout du plan d’eau, en bordure de la pointe sud-est de la zone de protection de la biodiversité de l’archipel du Cap Vert, le skipper de Tout Commence en Finistère – Armor-lux qui profite lui des alizés depuis hier soir déjà, tente de faire un maximum de gain dans l’ouest avec un objectif : couper le fromage dès que possible. « Il a parfaitement bien placé son empannage hier soir et il exploite, pour l’heure, toutes les capacités son bateau à dérives », a noté Jacques Caraës, de la Direction de course, relevant le fait que ces dernières 24 heures, le Finistérien a avalé presque exactement le double de milles que Sam Goodchild (VULNERABLE), le leader du groupe de l’ouest qui lui a toutefois chipé la vedette au pointage à la mi-journée.
Comme un air de déjà vu
« Le Vendée Globe a ceci de génial qu’il offre énormément de liberté dans les choix stratégiques. Jean a passé la zone de molle mieux que nous et surtout mieux qu’on l’imaginait. Je pense qu’il va franchir le Pot dans les mêmes temps que nous mais dans cette zone, tout reste toujours très aléatoire et peut changer très vite. Il est impossible de prédire quoi que ce soit ! », a indiqué Sébastien Marsset (Foussier) qui a pour sa part, le même sentiment que Nicolas Lunven (Holcim – PRB) et bien d’autres, en l’occurrence celui d’avoir d’ores et déjà vécu un Pot-au-Noir ces derniers jours. La question est à présent de savoir lequel, du « sosie » ou du vrai, aura été le plus coriace.