« Ça fait du bien, mentalement, de retrouver du vent, de faire enfin route vers la maison et d’être en accord avec les routages ! », confie Denis Van Weynbergh. Fini l’impuissance face à un bateau figé sur l’eau, fini les longues heures à scruter l’horizon dans l’attente d’un souffle d’air, comme un cow-boy dans un western attendant une diligence qui ne viendra jamais. Maintenant, le compteur affiche des vitesses décentes, la glisse est de retour, et la progression vers l’arrivée est bien tangible. Même son de cloche du côté de Manu Cousin, qui retrouve des sensations qu’il croyait presque oubliées : « C’est assez drôle de retrouver des vitesses auxquelles on n’était plus habitué. Je regarde le GPS : 15, 16 nœuds… Ça fait bizarre, après ces derniers jours de galère. J’en rigole maintenant, mais honnêtement, ça a été très éprouvant mentalement. » Ce vent retrouvé est une délivrance, mais il rappelle aussi qu’il faut rester vigilant. « On est proches des Açores et du centre de l’anticyclone, donc on joue un peu avec le feu… On croise les doigts pour que tout se passe bien », précise le skipper de D’Ieteren Group.
L’impatience grandit, l’épuisement aussi
Si le moral remonte, la fatigue, elle, ne disparaît pas pour autant. Au final, elle est un peu comme une musique d’ascenseur en boucle : on s’y habitue, mais impossible de vraiment l’ignorer. Fabrice Amedeo revient sur ces derniers jours éprouvants : « Ça a été particulièrement pénible. J’ai dû traverser une dorsale avant que le centre de l’anticyclone ne me passe dessus sous l’effet d’une dépression venant du nord. Résultat : une nuit complète à l’arrêt ! » Avancer à un nœud dans ces conditions, c’est comme essayer de faire du vélo avec les freins serrés… autant dire une épreuve de patience. Désormais, le skipper - journaliste sent la terre se rapprocher. « Je commence à retrouver un peu d’air, même si ce n’est pas encore la folie. Je fais route vers le Nord et, progressivement, je vais récupérer de la pression. Ça fait du bien, surtout parce que ça donne vraiment l’impression de rentrer à la maison, et c’est une sensation agréable. J’espère que la vitesse va augmenter dans les prochaines heures. » L’excitation de l’arrivée est bien là, mais il faut encore rester concentré.