« La vie n’est pas facile ici ! On essuie quasiment une dépression par jour. Les systèmes s’enchaînent hyper rapidement. Cela implique des changements de voiles hyper fréquents. C’est du sport ! », a commenté Éric Bellion, qui tente de se frayer le meilleur chemin possible au sud de l’Afrique du Sud. « La mer est courte. Ça bouge dans tous les sens. Le bateau n’arrive pas à accélérer. Je fais des zigs et des zags dans les méandres du courant des Aiguilles. J’essaie de préserver mon bateau mais je ne peux donc pas faire de vitesse. C’est très frustrant », a ajouté le solitaire avec cette drôle d’impression de jouer à Tetris mais de n’avoir que des briques en Z. Pas facile, en effet, de trouver le compromis parfait. D’un côté, la prudence impose des mesures préventives pour éviter la casse. De l'autre, la performance exige rapidité, fluidité, et réactivité au prix de certaines contraintes. Le défi est de placer le curseur au meilleur endroit : là où la sécurité ne freine pas l’efficacité, et où la performance n’expose pas aux risques. C’est un équilibre subtil, tout aussi scabreux que d’essayer de garder un soufflé chaud sans qu’il retombe.
Une histoire de curseur
Pour ce qui le concerne, le skipper de Stand as One – Altavia semble néanmoins avoir tranché. « Aller au Sud, c’est raccourcir la route mais composer avec davantage de mer et de vent. Partir au Nord, c’est profiter de conditions un peu plus calmes mais aussi bénéficier d’une sortie de secours. Le calcul est, selon moi, assez vite fait », a souligné le marin. Même stratégie du côté d’Isabelle Joschke (MACSF). « J’ai fait le choix prudent d’aller me caler dans le nord de la dépression pour rester bien derrière et ne pas rentrer dedans. Je n’ai pas l’impression de faire de la stratégie pour aller vite ou gratter les autres mais plutôt pour trouver un passage qui ne soit pas dangereux », a relaté la navigatrice franco-allemande qui devrait toutefois prochainement profiter d’un bon angle pour cavaler plein Est. Plus, en tous les cas, que ses concurrents directs situés plus au Sud. « En attendant, je prends mon mal en patience », a ajouté la navigatrice qui espère avoir l’occasion de recoller au petit paquet situé juste devant elle.