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Charlie Dalin : « très content de retrouver la vie de terrien »

MON RETOUR À TERRE (1/3). Il a remporté le Vendée Globe il y a plus de vingt jours. Charlie Dalin s’est offert le record de l’épreuve (64 jours et 19 heures), l’émotion de l’arrivée, une tournée médiatique à Paris avant de rentrer enfin chez lui. Le grand vainqueur savoure ce retour à la vie normale et les petits riens du quotidien. Il s’est confié avant de partir en séjour à la montagne en famille.

Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) lors de sa conférence de presse.
© Olivier Blanchet / Alea

Vendée Globe :

Tu es rentré à terre depuis plus de vingt jours… Comment tu te sens ? 

Charlie Dalin
Charlie Dalin
MACIF Santé Prévoyance

Je me sens bien ! Je suis toujours en phase de récupération forcément. Depuis jeudi matin, j’ai recommencé à faire un peu de fractionné sur mon home trainer. Mais sinon je dors bien et je mange bien. J’avais pris 2 kg il y a quatre ans et 3 kg cette année, j’ai un peu progressé ! Ça fait du bien de profiter de ma famille, d’être au calme. Entre le Vendée Globe, la « tournée média » mais aussi les stages, les courses et toute la préparation, je n’ai pas pu passer beaucoup de temps avec eux récemment…

Vendée Globe :

Tu as raconté que ta première nuit avait été compliquée… 

Ce n’était pas dur mais j’ai fait un peu de somnambulisme. Je me suis levé en sursaut, j’ai ouvert grand les rideaux, la fenêtre et j’ai mis les mains sur les hanches. Je crois que je parlais de Yoann (Richomme), que j’avais oublié de virer. Heureusement que Perrine (ma compagne) était là pour refermer la fenêtre, sinon on se serait levé avec 5°C dans la chambre le lendemain ! La tension avait été forte avant la ligne d’arrivée et je crois que cette nuit-là mon cerveau était encore en course. 

Vendée Globe :

Est-ce que c’est facile de retrouver un quotidien, une « activité normale » ? 

Oui totalement ! Je suis très heureux d’emmener mon fils à l’école, de le récupérer. Nous sommes allés au cinéma, on s’apprête à partir au ski… Je suis très content de retrouver cette vie de terrien. Après, c’est vrai que je suis facilement fatigué. Mais je fais la sieste tous les jours ! 

Vendée Globe :

Est-ce que tu continues à suivre la course ? 

Oui, je regarde la cartographie de temps en temps… Mais je ne fais pas de routage ! (rires)

Vendée Globe :

Quels sont les grands enseignements techniques que l’on peut tirer de cette 10e édition ? 

Que les bateaux ont tous gagné en fiabilité. Ils ont beaucoup progressé depuis la dernière édition. Mais il reste toujours des aspects à améliorer et il y a forcément une marge de progression. De notre côté, on a déjà fait plus de 7 heures de debrief cumulé avec l’équipe depuis mon arrivée. 

Vendée Globe :

À quoi vont ressembler les bateaux qui seront conçus dans ce nouveau cycle pour le Vendée Globe 2028 ? 

Ce sera la 4e génération de foilers. Les carènes, les coques, les foils vont progresser. Il va également falloir réfléchir à la gestion des voiles (les skippers auront un jeu de voile en moins en 2028). Vue l’intensité avec laquelle on fait la course, il y a des progrès à faire sur l’ergonomie. Les bateaux seront de plus en plus raffinés et sauront s’adapter aux hautes vitesses. La nouvelle génération d'IMOCA sera encore plus polyvalente. 

Vendée Globe :

Avec un peu plus de recul, est-ce que tu te sens chanceux des conditions que tu as eu pendant ton tour du monde ? 

Oui, j’ai eu des conditions incroyables mais il a fallu aller les chercher (rires) ! Le fait d’avoir été en tête en sortant de l’Atlantique m’a permis de bien me positionner dans le Sud. Tout le monde ne pouvait pas être à l’avant de la dépression dans l’océan Indien. Mais c’est vrai qu’entre la Nouvelle-Zélande et le cap Horn, j’ai fait moins de cinq empannages quand les autres en ont fait une vingtaine ! Ensuite, malgré une petite dépression après le cap Horn et un front froid un peu engagé, je suis resté sur le même bord de l’île de Trindade à Penmarch. C’est sûr que c’est incroyable. La plus grosse risée que j’ai eu était à 40 nœuds. Par rapport aux autres, je m’en sors vraiment très bien.

Vendée Globe :

Est-ce que tu penses que ton record tiendra longtemps ? 

Il ne faut pas oublier qu’on était loin des temps de référence d’Armel (Le Cléac’h) et d’Alex (Thomson) jusqu’au cap de Bonne Espérance. Avec un Atlantique Nord plus rapide et un front qui propulse la flotte comme on a eu dans l’Atlantique Sud, tu peux avoir quatre jours d’avance sur leur record. Hormis l’édition 2020, tu enlèves généralement 4 jours à chaque édition. Mais tu sais bien qu’à un moment, la courbe va s’infléchir. C’est vrai que la météo que j’ai eue était dingue. Je pensais finir en 68 à 72 jours mais faire moins de 65, je ne m’y attendais pas du tout ! 

Vendée Globe :

Tu as donné beaucoup d’interviews… Tu as pris du plaisir à raconter ton aventure ? 

Oui totalement. J’ai eu la chance d’être très bien accueilli dans les rédactions par les journalistes, les techniciens... J’ai pris du plaisir à  participer à ‘En aparté', ‘Quelle époque’, ‘Stade 2’, avec les lecteurs de L’Équipe... On voit que les gens ont beaucoup suivi la course. Dans notre sport, tu n’es pas dans un stade, tu ne sais jamais si le public est au rendez-vous ou pas. Mais là j’ai l’impression que c’était le cas ! 

Vendée Globe :

Est-ce que tu as l’impression d’avoir tout dit sur ton tour du monde ? 

Je n’y ai pas pensé… Il y a forcément des anecdotes dont je n’ai pas parlé. Il y a un moment notamment. J’étais bord à bord avec Yoann, je rentrais mon J0. Il y avait des paquets de mer à 3 degrés qui s’abattaient sur le pont du bateau, une lumière un peu blafarde, la fin du crépuscule dans les 60e. Ça fait partie des souvenirs très spéciales que j'ai beaucoup apprécié pendant mon tour du monde.


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