« Il semble que l’on soit désormais sortis du Pot-au-Noir. En tous les cas, ça y ressemble car ça se stabilise ! », s’est réjouit Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA), ce matin, lors de la vacation officielle. Si l’on en croit sa vitesse et celles des autres leaders, il n’y a en effet aucun doute sur le fait qu’ils soient à présent tirés d’affaires. Qu’ils en aient terminé avec cette zone délicate où la concentration de cumulonimbus est plus forte qu’à n’importe quel autre endroit du globe et anarchise la circulation générale de l’air. « Au final, on est restés 24 heures dedans. Pendant 12 à 15 heures, on a été un peu dans le dur. On est resté vraiment bloqués mais on a déjà vu des scénarios bien pires que celui-ci ! », a détaillé le navigateur qui, après s’être offert le record de la plus grande distance en solitaire et en monocoque hier, espérait également réussir à recoller ses adversaires dont certains sont, de fait, parvenus à mieux se dépatouiller de la situation que lui. Passé à l’ouest, Thomas Ruyant (VULNERABLE) est indiscutablement celui qui a été le moins longtemps ralenti ces dernières 24 heures, tant et si bien qu’il cavale à présent en tête avec une vingtaine de mille d’avance sur son plus proche poursuivant, Sam Goodchild. Décalé dans son Est, ce dernier profite néanmoins d’un meilleur angle de progression et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Nordiste cherche à présent progressivement à se rapprocher du même axe que lui.
Un nouveau départ ?
Le plus « gros » coup dans ce Pot-au-Noir reste toutefois à mettre au crédit de Pip Hare. La Britannique, qui comptait 250 milles de retard sur le premier hier matin, n’en affiche désormais plus que 81. « Elle s’est bien gavée ! », a noté Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family) qui s’est ainsi fait doubler par la skipper de Medallia, mais qui se satisfait de n’avoir bataillé que peu de temps dans cette zone où l’accumulation de gros nuages noirs et les vents erratiques fait parfois douter les marins de leur capacité à s’en sortir. « Pour ma part, j’y suis entré mais aussi sorti plus vite que prévu. Cela me permet d’aborder sereinement la suite », a indiqué le Sablais. Même son de cloche ou presque du côté de Yannick Bestaven (Maître CoQ V). « Le Pot a été intense, avec pas mal de grains et des vents très instables, à la fois en force et en direction, mais il a été court. Ce qui était bien, c’est qu’on était plusieurs à se voir à l’AIS, ce qui permettait de comprendre un peu ce qui se passait », a commenté l’Aquitain qui est parvenu à grappiller un peu de terrain sur ses concurrents directs, et qui ne boude pas son plaisir de régater pleinement au contact à ce stade de la course. « J’ai presque l’impression que c’est un nouveau départ ! », a ajouté le vainqueur en titre du Vendée Globe.
L’équateur la nuit prochaine
La prochaine échéance ? Le franchissement de l’équateur. Celui-ci est prévu la nuit prochaine. Dès lors, les uns et les autres se retrouveront dans l’autre hémisphère puis attaqueront la longue descente de l’Atlantique Sud. Une descente qui pourrait toutefois se faire sur les chapeaux de roues et presque tout droit. La raison ? Une dépression qu’ils pourraient accrocher un peu au nord de Rio de Janeiro. Cette dernière, bien dodue mais pas violente, pourrait leur permettre de dépoter plein gaz jusqu’au sud du continent Africain. Si ce scénario venait à se confirmer, il serait alors similaire à celui qui avait propulsé à plein badin Alex Thomson et Armel Le Cléach’ jusqu’aux îles Kerguelen, lors de l’édition 2016-2017. « C’est une bonne perspective. Elle va concerner beaucoup de monde mais elle va provoquer une cassure avec le groupe de derrière », a analysé Yoann Richomme. De fait, l’ensemble de la flotte, exception faite d’Oliver Heer (Tut Gut), de Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group), de Jingkun Xu (Singchain Team Haikou) et de Szabolcs Weöres (New Europe) qui s’est par ailleurs brûlé la main hier en se faisant chauffer de l’eau, ne sera sorti du Pot-au-Noir que dans 36 heures environs.