Benjamin Ferré : « la compétition à la table de l’aventure »
Le skipper de Monnoyeur-Duo For a Job a pu profiter de l’euphorie du chenal. Vainqueur d’un incroyable « match dans le match » devant Tanguy Le Turquais (Lazare) et Alan Roura (Hublot), il savoure sans compter. Benjamin vient d’aller au bout de son premier tour du monde à l’issue d’une sacrée belle bataille !
Vendée Globe :
Qu’est-ce que tu ressens à l’issue de cette remontée du chenal ?
J’ai trop de chance ! Je ne sais pas si ça dure toute la vie mais tant que la chance est là, j’en profite ! C’est tellement magique ! Je n’aurais pas pu écrire un meilleur scénario que celui-là avec ce coucher de soleil, ce monde…
Vendée Globe :
Vous vous êtes livrés à un sacré duel avec Tanguy !
Oui, je crois que c’est ma plus belle découverte du Vendée Globe ! Peut-être que notre match avec les bateaux à dérives est passé un peu inaperçu mais c’était d’une intensité extraordinaire. Depuis le cap Horn, il n’a jamais été à plus de 20 milles de moi… C’est pour ça que je l’appelais mon petit kangourou : il faisait des sauts et n’arrêtait pas de revenir ! Ce matin, il est rentré dans ma tête. À la VHF, il m’a dit : « je vais à la ligne ». Ça m’a fait gamberger jusqu’au bout ! 16 minutes d’écart sur un tour du monde, c’est extraordinaire.
Vendée Globe :
Tu as trouvé ce que tu es venu chercher sur le Vendée Globe ?
Je ne sais pas ce que je suis venu chercher… Mais j’ai trouvé bien plus que ça ! Voir que la compétition s’invite à la table de l’aventure, c’est le graal !
Vendée Globe :
Pourquoi as-tu fait autant de comparaisons entre la course et les animaux ?
À bord, j’avais des podcasts et surtout beaucoup de documentaires animaliers. Et je me suis régalé. Ce que j’ai appris, je l’ai remis sur les concurrents du Vendée Globe. Jean Le Cam s’était le vieil éléphant, Guirec Soudée le petit singe qui allait dans des situations pas possibles. Et Tanguy, j’ai mis du temps à trouver. Jusqu’à voir un documentaire sur les kangourous. Ils ont l’air mignon mais en fait ce sont des combattants de l’espace !
Vendée Globe :
Comment fais-tu pour garder toujours le sourire ?
Je suis plutôt jovial et souriant mais les moments de difficultés sont là. C’est ce qui rend le Vendée Globe magique. Si on nous prive de quelque chose, on a encore plus de l’avoir. C’est tellement dur, tellement intense, tu puises tellement au fond de tes ressources que ce qui manque, ce sont les moments simples. Tu rêves d’une table, d’un verre à ballon, de proches, de rires. C’est parce qu’on te prive de ces moments que tu te dis que tu as une chance de les vivre… C’est aussi ça qui nous permet de tout vivre avec le sourire.