Dès la ligne de départ, il avait montré qu’il était là pour vivre l’expérience « à fond les ballons » ! Premier à couper la ligne le 10 novembre dernier, Benjamin Ferré a animé la course tout au long de ses trois mois et demi en mer. Par ses performances sportives bien sûr, lui qui a toujours été à la bagarre, et surtout avec Tanguy Le Turquais (Lazare), avec qui il aura navigué collé-serré tout au long de son tour du monde.
Par ses capacités de résilience aussi, réparant l’un après l’autre les petites et grosses avaries qui touchaient son IMOCA, le bateau vainqueur de l’édition de 2012 aux mains de François Gabart. Safrans, fixation du vérin de quille, casse de deux hooks… Celui qui se surnomme « Pépin » apprend au fil des semaines et sur le tas l’art du bricolage, lui qui confessait avant le départ ses lacunes dans le domaine, et affirme même, réjoui, « s’être découvert une nouvelle passion » !
Par son enthousiasme et sa spontanéité enfin, que ce soit pour raconter sa fascination devant l’exotisme des pays frôlés, son désespoir avant le cap Leeuwin quand il croit un instant son Vendée Globe terminé, ou pour partager sans fard, au large du Brésil son « coup de massue monumental », alors que la fatigue lui tombe dessus après le passage d’une grosse dépression aux îles Falkland. « Même me déplacer dans le bateau devenait un effort surhumain », raconte le jeune Breton, qui avait déjà impressionné en finissant 4e de la Vendée Arctique en 2022, 15e de la Route du Rhum 2022 et 13e du Retour à La Base en 2023.
Avant le départ, son seul objectif était de « finir coûte que coûte, même à la nage en tirant mon bateau ». Mais avec ses jolies trajectoires tendues, ses options affirmées même à une semaine de l’arrivée, dans ce paquet de huit bateaux dont il parvient à s’échapper pour batailler avec des foilers bien plus récents et arracher la première place des bateaux à dérives droites, Benjamin Ferré a fait assurément mieux que ça : il a bel et bien régaté dans les règles de l’art, et avec la manière ! Décidément, petit « pépin » a pris de la graine !
