Il s’agit toujours d’un moment fort, presque fondateur. Avant chaque course, le briefing départ réunit l’ensemble des skippers. Celui de ce Vendée Globe 2024, forcément particulier, s’est donc tenu ce vendredi en fin de matinée dans une salle à proximité des hospitalités. Il y avait chez les marins ce matin autant de sourires que de visages détendus et ce, malgré la fatigue qui affleure et le stress un peu plus palpable. Les attitudes corporelles disent beaucoup et d’ailleurs, les embrassades et les poignées de main ont déjà été proscrites afin de se préserver au maximum. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) s’est même présenté avec un masque, protection supplémentaire et lointain souvenir de la situation sanitaire lors de la dernière édition.
« Merci pour tout ce que vous avez apporté au public »
Dans la salle - moquette bleue, estrade claire et grand écran lumineux - l’heure est presque solennelle. Le silence est prégnant et seulement entrecoupé par la voix basse de la traductrice en anglais pour les skippers étrangers. Alain Leboeuf, président du Vendée Globe et du Conseil départemental de la Vendée, s’adresse aux marins. « Je tenais à vous dire merci. Merci pour ce que vous avez apporté au public, aux médias, aux partenaires. Le Vendée Globe, c’est d’abord vous et les exploits que vous vous apprêtez à faire ».
S’en est suivi une séquence dédiée à la météo, puis une autre au sujet de la zone d’exclusion des glaces (ZEA). Un travail particulièrement conséquent sera réalisé tout au long de la course afin d’ajuster la zone en fonction de la dérive éventuelle d’icebergs sur le parcours. « Nous sommes capables de détecter des icebergs à partir de 100 mètres », explique Franck Mercier de CLS.
Le grand départ, un sacré défi logistique
Après son intervention, la direction de course a détaillé l’ensemble des procédures du départ. Dès 08h, un appareillage aura lieu toutes les trois minutes. Tous les bateaux auront donc quitté le ponton vers 10 heures. Dans le chenal, les bateaux progresseront à une vitesse modérée de trois nœuds. D’autres moyens nautiques accompagneront les bateaux afin d’assurer la sécurité, la réalisation télévisée, la présence d’invités...
« Le briefing a été une bonne occasion de nous remettre toutes les choses en tête et d’y voir plus clair avec tout ce qui a été mis en place par l’organisation », assure Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef). Le fait que les conditions attendues semblent particulièrement malléables avec une mer calme et moins de dix nœuds de vent réjouit les skippers. « C’est sûr que ça allège un peu de la pression du départ », sourit Sébastien Marsset (Foussier). « C’est une chance de ne pas avoir besoin de stresser pour la météo », ajoute Tanguy Le Turquais.
« Être concentré mais aussi en profiter »
En plus de la météo, il y aura toute la portée émotionnelle du grand départ. « Ce sera un moment très fort où il faudra à la fois être concentré mais aussi en profiter, assure Sam Goodchild (VULNERABLE). Nous avons tout fait pour profiter en famille et réduire progressivement les sollicitations afin de bien se préparer pour le top départ ». Un leitmotiv que l’on retrouve chez tous les skippers qui tentent de repousser le stress et la pression au maximum. Seul Boris Herrman (Malizia-Seaexplorer) affirme « être beaucoup plus nerveux » sans « parvenir à l’expliquer ».
Quoi qu’il en soit, tous franchiront la ligne de départ ce dimanche à 13h02. Celle-ci sera matérialisée par la position du Patrouilleur des Affaires maritimes et une bouée de 3,50 mètres. Pour rappel, le dernier équipier à bord devra quitter le bateau cinq minutes avant le départ. À titre d’information, les marins sont également dans l’obligation de franchir la ligne entre le top départ et jusqu’à 60 minutes après. Si ce n’est pas le cas, ou s’ils ont dépassé la ligne avant le top, une pénalité de 4 heures devra être observée.
D’ici là, il reste deux nuits, des sollicitations encore nombreuses et un tourbillon d'émotions pour les skippers, comme la farouche impression que tout va subitement s’accélérer.