Antoine Cornic : « Ce qui compte, c’est aller au bout de ses rêves »
Antoine Cornic a accompli bien plus qu’un tour du monde en terminant le Vendée Globe : il a réalisé un rêve qu’il nourrissait depuis vingt ans, porté par une passion inébranlable et une détermination sans faille. À bord de son IMOCA HUMAN Immobilier, il a affronté les défis de la course avec optimisme, transformant chaque difficulté en une occasion de prouver sa résilience. Son passage du cap Horn a été un moment d’émotion intense, symbolisant l’aboutissement de son ambition. Vingt ans après un premier projet avorté, il a enfin touché du doigt ce qu’il avait longtemps cru inaccessible. Son enthousiasme communicatif et sa joie sincère montrent qu’au-delà de la performance, c’est l’expérience humaine et le dépassement de soi qui comptaient le plus pour lui. Contrairement à de nombreux skippers focalisés sur le classement, le Rétais a navigué sans pression de résultat, avec pour seul objectif de vivre pleinement son aventure. Son amour pour l’océan, son goût pour la solitude et son optimisme naturel lui ont permis d’affronter chaque moment difficile avec sérénité et de savourer chaque mille parcouru comme une victoire. Ses premiers mots.
![LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 14 FEVRIER 2025 : Le skipper de HUMAN Immobilier Antoine Cornic (FRA) est interviewé par les médias après avoir pris la 28e place du Vendée Globe, le 14 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Jean-Louis Carli / Alea)](/sites/default/files/styles/article_header_desktop/public/imported_img/2025/02/67af5fa5427d8.jpg.webp?itok=4VADlkb1)
Vendée Globe :
Que ressens-tu après cette arrivée à l’issue de 96 jours de mer ?
![Antoine Cornic](/sites/default/files/styles/thumbnail/private/2024-05/_PSB_CALAGE_0007s_0001_VG24_Studio_Cornic_VC6537.png.webp?itok=gT-t7opy)
Il n’y a pas de mots pour décrire tout ça. Voir autant de monde venu m’accueillir, c’est incroyable… alors qu’au fond, j’ai juste fait un petit tour du monde, comme ça, pour rigoler ! (Rires) C’est extraordinaire. Il y a mes copains, mes partenaires, tant de personnes qui ont fait le déplacement… Merci à eux, et merci aussi aux Sablais, présents aujourd’hui comme ils l’étaient au départ. C’est fou, vraiment incroyable ! Ce que je retiens surtout de cette arrivée, c’est cette énergie incroyable. Les gens sont dingues… et après tout, il faut bien des fous pour nous encourager ! (Rires)
Vendée Globe :
As-tu pris beaucoup de plaisir sur cette course ?
J’étais tellement bien en mer qu’à l’arrivée j’ai dit à Hubert (Lemonnier, le Directeur de course) que ce n’était pas assez long et que l’on devrait faire deux tours avant de rentrer ! (Rires) Je suis hyper content. Je vais tout faire pour être sur ce joli ponton en 2028 et revivre cette expérience, parce que, franchement, c’est un truc de malade ! C’était dur, mais ça l’a été pour tout le monde. La remontée de l’Atlantique a été particulièrement éprouvante, avec des alizés très forts. On sentait que les bateaux souffraient, et nous, on souffrait avec eux. Mentalement, c’était vraiment intense. Heureusement, j’ai pu échanger avec Éric (Bellion) à ce moment-là, même si je suis plutôt du genre à discuter à terre plus qu’en mer. Un tour du monde, ce n’est pas rien. On comprend pourquoi si peu de marins l’ont fait et réussi. Je pense à Cali (Arnaud Boissières), et je suis vraiment déçu pour lui. Abandonner si près du but, c’est terrible.
Vendée Globe :
Quel a été le moment le plus marquant ou le plus beau de ton Vendée Globe ?
C'est assez dingue, mais je crois que la plus belle chose que j’ai vue, c’est la tempête dans l’océan Indien. C’était tout simplement incroyable. Ce qui est fou, c’est qu’aucune photo ou vidéo ne peut réellement en rendre la magie. Mais c’était d’une beauté saisissante ! Il y avait 85 nœuds de vent, un élément totalement déchaîné, impressionnant et puissant. Et pourtant, au milieu de ce chaos, il y avait une harmonie parfaite entre mon bateau et moi. Il ne m’a jamais trahi, il est resté stable, même quand les vagues montaient très haut. J’ai vraiment aimé ce moment. C’était une épreuve, bien sûr, car cela a duré plus de deux jours, mais c’était une expérience inoubliable, un véritable partage avec mon bateau. Et puis, en arrivant, l’émotion m’a submergé. C’est difficile de ne pas pleurer face à tant de monde, tant d’amour, ces regards, ces applaudissements… Je trouve ça complètement fou. Déjà, au départ, je trouvais ça dingue, mais à l’arrivée, c’est encore plus fort. Un vendredi après-midi, sous la pluie, alors que beaucoup vont peut-être sortir dîner pour la Saint-Valentin, ils ont pris le temps de venir saluer un marin qui rentre d’un tour du monde en solitaire. C’est juste incroyable !
Vendée Globe :
Cette expérience a-t-elle répondu à tes attentes ?
Oui, et même bien au-delà. Ce Vendée Globe a laissé tant de choses en suspens que j’ai envie d’explorer à nouveau. J’espère être au départ dans quatre ans. Avec tout ce que j’ai vécu à bord, je suis déjà très satisfait d’avoir bouclé la course en moins de 100 jours. Je suis convaincu que ce bateau peut passer sous la barre des 90 jours sans difficulté. Alors, oui, j’ai vraiment envie de repartir pour un nouveau tour du monde en 2028.
Vendée Globe :
Quand tu as eu ton avarie sur le rail de grand-voile, as-tu pensé que ta course était terminée ?
Quand je me suis retrouvé avec la pièce dans la main, je me suis demandé comment j’allais réparer. Heureusement, en mer, on a du temps pour évacuer, réfléchir et chercher des solutions. La seule option qui s’offrait à moi était de m’arrêter à Saint-Paul, car travailler en haut du mât avec une meuleuse aurait été bien trop dangereux. Il m’a fallu quatre jours et demi pour y parvenir et peaufiner mon plan d’attaque. Une fois sur place, j’avais entre cinq et six heures de travail devant moi. Il fallait que ça tienne, sinon c’était direction l’Australie. À ce moment-là, j’ai pensé à tous ceux qui me soutiennent. L’Atlantique a été éprouvant mentalement, mais cet arrêt à Saint-Paul a été un véritable défi physique. Je n’étais pas vraiment à l’abri, avec des rafales atteignant 40 nœuds. C’est assez fou d’avoir réussi à repartir, car tout aurait pu s’arrêter là. Il a fallu beaucoup de réflexion pour trouver la bonne solution, mais elle a tenu jusqu’au bout. Et aujourd’hui, je suis incroyablement heureux d’avoir réussi.
Vendée Globe :
Que retiens-tu de ce premier Vendée Globe ?
Finir un Vendée Globe, ce n’est pas rien. C’est une aventure longue, une véritable épreuve. Chacun de nous s’est battu à sa manière, dans sa propre « catégorie ». C’était une expérience incroyable. J’ai envie de repartir, de vivre un autre tour du monde en solitaire. Finalement, ce qui compte, c’est d’aller au bout de ses rêves, de ne jamais abandonner.
Vendée Globe :
Le Vendée Globe en deux mots ?
Essentiel et magique.
![LES SABLES D'OLONNE, FRANCE - 14 FEVRIER 2025 : Le skipper de HUMAN Immobilier Antoine Cornic (FRA) est photographié sur scène après avoir pris la 28e place du Vendée Globe, le 14 février 2025 aux Sables d'Olonne, France - (Photo by Jean-Louis Carli / Alea)](/sites/default/files/styles/image_desktop/public/imported_img/2025/02/67af66fa3e627.jpg.webp?itok=gj4q02ZQ)