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Accélérateur de particules

Après avoir traversé une zone de vent faible, idéal pour recharger les batteries, les deux leaders, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) peuvent enfin accélérer et relancer leur duel à couteaux tirés. L’écart avec Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) va se creuser alors que Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) apprend à composer sans son J2 (voile d’avant) et qu’une dépression accapare ses poursuivants de Paul Meilhat (Biotherm, 5e) à Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef, 10e). De leur côté, Romain Attanasio (Fortinet Best Western, 14e) et Damien Seguin (Groupe APICIL, 15e) ont franchi le cap Horn que Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor Lux, 16e) devrait dépasser demain.

À bord d'Initiatives Coeur (Samantha Davies).
© Samantha Davies

Dalin-Richomme, le coup d’accélérateur

Quand on est à la tête de la course la plus prestigieuse du monde, que l’on ne lâche rien, la vitesse est une douce addiction. Après une longue zone à batailler dans moins de 10 nœuds de vent, permettant à Charlie de monter au mât, le vent va enfin forcir. « Ça devrait s’accélérer ce soir et dans la nuit autour de 13 nœuds », confie Basile Rochut, le consultant météo du Vendée Globe. Finie la parenthèse de la « douceur de vivre brésilienne », qu’évoquait Charlie ce matin. Les deux IMOCA vont se remettre à voler, les vitesses continuer d’augmenter et la bataille redoublera forcément d’intensité.

Derrière, la guerre des nerfs

Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), lui, poursuit sa remontée le long du Brésil. Même s’il ne va pas tarder à bénéficier à son tour des alizés, l’accélération du duo de tête devrait creuser à nouveau l’écart.  À plus de 900 milles au Sud, Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) compose avec son avarie de J2, conséquence d’un phénomène orageux très localisé et particulièrement virulent. « Il va être pas mal désavantagé dans la remontée de l’Atlantique, précise Fabien Delahaye de la direction de course. Le J2 s’utilise dans 10 à 20 nœuds de vent, ce qui devrait être les conditions jusqu’aux Açores. Il a cette avarie de J2, celle de sa grand-voile et devra aussi monter au mât pour vérifier qu’il n’y a pas plus de dégâts ».   

Le Nordiste, qui a compté plus de 300 milles d’avance sur ses poursuivants, voit son avance fondre (170 milles). Derrière, un groupe de cinq skippers de Paul Meilhat (Biotherm, 5e) à Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef, 10e) est confronté à une dépression. La plupart la contourne par l’Est, la Suissesse, elle, essaie de progresser au portant par l’Ouest. Surtout, ce front engendre des conditions très aléatoires, des coups de vent brutaux, une mer courte, ce qui oblige à être vigilant en permanence. Paul Meilhat a pris le temps de détailler la situation lors des vacations, sans cacher la fatigue que cela engendre :  


Le vent tourne dans tous les sens, il y a des orages, des grains… L’idée, c’est de progresser au maximum vers le Nord pour s’échapper du centre dépressionnaire. C’est compliqué, risqué et très nerveux, d’autant que les petits soucis qu’on a tous complexifient chaque manœuvre. Il faut faire attention à ne pas déchirer les voiles, à ne pas casser quelque chose… Ce qui est usant, c’est qu’on ne peut pas se projeter. Je n’ai pas dormi depuis 36 heures, je suis obligé d’être sur le pont et aux écoutes en permanence.

Paul Meilhat
Biotherm

Paul Meilhat a d’ailleurs dû mettre un terme précipitamment à la vacation afin de régler ses voiles alors qu’un grain venait de survenir.  La progression s’annonce moins complexe pour Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family, 11e) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) qui progressent le long de la ZEA. Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e), elle, doit composer avec l’anticyclone qui pourrait la bloquer un temps avant de retoucher des vents portants dimanche. Invité au Vendée Live ce midi, la Franco-Britannique garde le sourire :


C’est dur, fatiguant, il y a beaucoup de manœuvres. J’ai profité d’une petite accalmie pour me reposer ce matin. C’est sûr qu’il y a eu beaucoup de frustration de ne pas être dans le groupe que je voulais. Mais on ne peut pas changer le passé, il faut positiver et la course n’est pas finie. J’essaie de mettre ma frustration de côté pour profiter au maximum de participer à cette course incroyable. Et je suis heureuse d’être sur mon bateau.

Samantha Davies
Initiatives-Cœur

De récents cap-horniers et des cap-horniers en devenir

Deux nouveaux skippers ont franchi le cap Horn ce vendredi : Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 14e) et Damien Seguin (Groupe APICIL, 15e). À la différence de leurs prédécesseurs, ils pourraient passer à l’intérieur de l’île des États et à l’ des Malouines. Mais avant, les deux ont savouré cette étape particulièrement symbolique. « Une petite éclaircie nous permet de le voir » souligne Damien. « Il est là, c’est la première fois que je le vois aussi bien, confie Romain. Ça fait tellement plaisir ! »  Un peu plus tôt, le marin de Fortinet-Best Western avait savouré l’instant en chantant ‘La Dernière Séance’ d’Eddy Mitchell. « Bye bye le grand Sud ! »

Passage du cap Horn en musique pour Romain Attanasio | Vendée Globe 2024

Les passages au cap Horn se succéderont ces prochains jours. Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux, 16e) y est attendu demain avec 17 à 18 nœuds de vent d’Ouest. Pour Alan Roura (Hublot, 17e), Isabelle Joschke (MACSF, 18e) et Giancarlo Pedote (Prysmian Group, 19e), il faudra attendre la nuit de samedi à dimanche et les conditions s’annoncent virulentes avec 45 nœuds de vent au programme.  

Pour les autres skippers, l’épisode des icebergs croisés en chemin est désormais de l’histoire ancienne. « Les marins concernés sont sortis de la zone de vigilance, il n’y a plus d’alerte ni de détection proche », précise Fabien Delahaye. Pour mémoire, trois concurrents ont en effet vu des icebergs mercredi dernier : Éric Bellion (Stand As One – Altavia, 22e), Sébastien Marsset (FOUSSIER, 23e) et Conrad Colman (MS Amlin, 28e). Désormais, tout ce groupe, mené par Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e), progresse dans du vent fort au portant, dans le nord d’un système dépressionnaire. 

De son côté, Oliver Heer (Tut Gut., 30e) est toujours bloqué dans un anticyclone. “Je suis forcément frustré d’avancer aussi peu, d’autant qu’il fait très froid, a-t-il confié au Vendée Live en anglais. Même si je suis Suisse, je souffre du froid, mes doigts sont vites gelés !”  Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 35e), la lanterne rouge, s’est affairé à réparer son safran. Le Belge fait une route très Nord, une option prudente puisqu’une forte dépression va se creuser d’ici mardi sur son chemin.   


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