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Mutualisation entre équipes : ensemble c’est tout !

Partager une partie de l'équipe technique, mutualiser le bureau d'études, les données à analyser et certains secteurs d'activité... Et si le fait Et si le fait de partager les ressources était une aubaine, un avantage en matière de performance ? C'est en tout cas le choix réalisé par Beyou Racing avec Charal (Jérémie Beyou) et TeamWork-Team SNEF (Justine Mettraux), Eric Bellion et Jean Le Cam et, de façon plus conséquente, TR Racing (Vulnerable) autour de Thomas Ruyant et de Sam Goodchild.

Les deux IMOCA VULNERABLE
Les deux IMOCA VULNERABLE
© Pierre Bouras

« Votre bateau, vous allez le vendre ? » La question a été posée avec acuité pendant un temps auprès de l’équipe TR Racing après le dernier Vendée Globe. Et pour cause : le team avait annoncé son intention de lancer la construction d’un nouvel IMOCA et Thomas Ruyant avait démontré tout le potentiel de LinkedOut, un des protagonistes majeurs du dernier Vendée Globe (4e sur la ligne, 6e du Vendée Globe). Pourtant, l’équipe a décidé de conserver son monocoque. 

« On savait qu’on avait entre les mains un bateau ultra-performant, explique Thomas Gaveriaux, directeur général de TR Racing. Nous avions envie de le garder le plus longtemps possible, d’autant qu’on s’est dit que cela pouvait être intéressant pour aider à développer le nouveau bateau ». Par ailleurs, la campagne 2024 menant au Vendée Globe étant si dense, le niveau si élevé qu’il fallait « trouver des façons d’être ultra-compétitif dans cet environnement ». L’idée d’exploiter deux bateaux s’est donc imposée naturellement. « On pressentait que ça pouvait nous apporter énormément ». 


Cela participe à une forme d'optimisation

Thomas Gaveriaux

Directeur général de TR Racing

Un an plus tard, il y a donc deux bateaux portant le nom de Vulnerable (bateau de Thomas Ruyant et celui de Sam Goodchild) engagés avec le mythique tour du monde en ligne de mire. Derrière les noms des bateaux, il y a l’idée de la part du partenaire Advens, de s’effacer derrière des engagements sociétaux. « Nous sommes une équipe avec deux bateaux et deux skippers engagés, comme une entreprise qui a des projets multiples » Au-delà du boat captain et des fonctions indispensables à chaque bateau, les autres postes sont mutualisés. « On ne divise pas nos ressources par deux mais cela participe à une forme d’optimisation, assure Thomas Gaveriaux. Quand il faut embaucher une personne en plus, on se pose forcément moins de questions ». 

Deux IMOCA neufs identiques

Jean Le Cam et Eric Bellion ont, eux aussi, mutualisé leurs projets à bien des égards. Un travail en commun qui a débuté par la phase de conception de leurs bateaux neufs : les IMOCA à dérives droites des deux marins, Tout commence en Finistère – Armor-lux et Stand As One sont identiques. Ils ont en effet travaillé main dans la main avec le cabinet d’architecte de David Raison, qui dessinait à cette occasion son premier IMOCA. Par ailleurs, les bateaux ont été construits dans le même moule, l’un après l’autre. La mutualisation s’est poursuivie au niveau des moyens et des compétences et elle se poursuit aujourd’hui dans l’optimisation des bateaux en vue du Vendée Globe. 

Éric Bellion à bord de son nouvel IMOCA
Le skipper Éric Bellion à bord de son nouvel IMOCA
© Olivier Blanchet / Alea

Cette mutualisation est également en vigueur pour d’autres équipes : Charal et Teamwork - Team SNEF, même si chaque team dispose de ses propres sponsors et sources de financement. Là encore, tout est parti de la construction d’un nouveau bateau, Charal 2 dans la quête de Jérémie Beyou vers une victoire au Vendée Globe. « Assez rapidement, on s’est dit que ça pouvait être pertinent que l’ancien bateau soit associé au projet actuel », explique Jean-Sébastien Chenier-Proteau. « D’un côté, ça permet d’augmenter les activités de l’équipe mais aussi d’être plus efficace dans notre recherche de performance ». 


Très intéressant pour la recherche de performance

Jean-Sébastien Chenier-Proteau

Team manager de BeYou Racing

Le sponsor Teamwork et sa skipper Justine Mettraux, désormais rejoints par le groupe SNEF, ont été intéressés. Le bateau a donc été vendu à cet armateur, chaque équipe dispose de cinq techniciens et d’un boat captain. En revanche, les ressources en matière de management, de logistique et les aspects liés à la performance sont mutualisés. « Ça a été particulièrement bénéfique pour nous, se souvient Justine Mettraux qui n’a eu que trois mois pour se préparer à la Route du Rhum 2022. Quand on monte un projet IMOCA, ça simplifie tout de s’associer à un projet déjà existant en matière de ressources humaines, d’installations ou d’atelier ». 

Cette mutualisation bénéficie donc à TeamWork-Team SNEF mais aussi à Charal.  « Une équipe IMOCA nécessite toujours plus de compétences très spécialisées, assure Jean-Sébastien Chenier-Proteau. Ça nous permet aussi d’avoir toujours deux modèles pour nous comparer, ce qui est très intéressant pour le développement et la recherche de performance. En la matière, on peut aller deux fois plus vite ». 

Justine Mettraux, skippeuse de Teamwork-Team SNEF
Justine Mettraux et son équipe Teamwork-Team SNEF, se sont associés à Charal
© Gauthier Lebec

Ça ruisselle sur toute l’équipe

Thomas Gaveriaux

Directeur général de TR Racing

En revanche, il y a de quoi avoir quelques sueurs froides parfois. Lors de la dernière Transat Jacques Vabre, Justine Mettraux a opté pour une stratégie très Nord qui s’est longtemps avérée plus payante que la route des favoris, dont Jérémie Beyou. Jean-Sébastien Chenier-Proteau préfère en rire : « ça démontre que malgré tous nos liens, il n’y a pas de stratégie commune entre nous ». Les deux équipes partagent des briefings météo avant le départ des courses et des debriefings quand celles-ci sont achevées. « Nous sommes transparents dans nos approches et nos conclusions, abonde Jean-Sébastien. D’ailleurs, on ne fait pas un mais deux debriefings à l’issue des courses et il peut donc y avoir deux options bien distinctes ! » Justine ne dit pas autre chose : « on a fait une préparation météo en commun avant le départ et on avait vu que l’option existait. Il n’y a pas du tout eu de tension. En mer, chacun fait sa course ! »

Chez TR Racing, l’enthousiasme est identique. « Ce sont deux projets qu’on mène main dans la main, que l’on construit ensemble, sourit Thomas Gaveriaux. Disposer de deux marins très compétitifs, ça ruisselle sur toute l’équipe et ça enrichit tout le monde ». Il est d’ailleurs possible que ce modèle donne des idées à d’autres. « Je ne serais pas surpris que ça se développe davantage à l’avenir ». « On pourrait optimiser encore plus le modèle avec deux bateaux de même génération, comme une écurie de Formule 1 », raconte Jean-Sébastien Chenier-Proteau. Justine Mettraux conclut : « je ne vois que des avantages à aller vers ce genre de modèle. C’est plus performant, plus efficace techniquement et plus intéressant économiquement. Et ça permet surtout de s’améliorer ! ». 


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