Le courant des Aiguilles longe la côte Est Africaine, il descend après Madagascar, longe le canal du Mozambique. Un peu avant le cap de Bonne Espérance, il quitte la côte puis effectue un virage à 180 degrés, une rétroflexion à la pointe du continent africain. Il génère à ce niveau des tourbillons avec des courants très forts (jusqu’à 2,5 nœuds soit 1,3 mètre par seconde). Ce sont les anneaux du courant des Aiguilles, bien connus des marins.
Le courant des Aiguilles, un bouillon à la croisée de trois océans
Entre l’océan Atlantique, Indien et Austral, à l’extrémité sud du continent africain, se trouve le courant des Aiguilles, formant des tourbillons de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre. Ce courant est redouté par les skippers pour ses états de mer notamment.
C’est un courant important en termes de biodiversité. L’eau est marquée par des mouvements horizontaux en surface mais aussi par des mouvements verticaux qui favorisent la vie sous la surface. En effet, les tourbillons permettent d’apporter les nutriments, présents dans les eaux profondes et opaques, vers la surface où la lumière favorise la croissance du plancton, premier maillon de la chaîne trophique (alimentaire). Par ailleurs, les tourbillons charrient aussi des déchets flottants.
Capteurs, satellites et modèles numériques pour mieux connaitre les courants marins
Les océans sont en mouvement. Le vent génère les vagues, la Lune et le Soleil provoquent les marées, la rotation de la Terre engendre les tourbillons. Et pour ajouter la dimension verticale, l’eau froide et salée plonge. Un vaste tapis roulant océanique transporte ainsi chaque goutte d’eau autour du monde, de la surface au fond et du fond à la surface.
Clément Vic nous en dit plus sur les questions scientifiques qu’il se pose encore sur cette mécanique des courants :
Pourquoi est-ce important aujourd’hui de mieux connaitre cette dynamique des courants marins ? Car ils ont un impact déterminant sur notre climat. Le courant le plus connu, et pourtant pas le plus fort, est par exemple le Gulf Stream, dont le prolongement, le Courant Nord Atlantique, draine douceur et humidité vers l’Europe et qui explique pourquoi nous n’avons pas un climat canadien sur nos côtes.
Or le changement climatique dérègle les courants marins. Par exemple, la fonte des glaces augmente et accélère les flux d’eau douce sont aux pôles avec des eaux de surface moins salées, plus légères. Comment va réagir notre tapis roulant dans les prochaines décennies ? Risque-t-il de se gripper ? Pour répondre à cette question, les scientifiques déploient des appareils de mesure dans tous les océans du globe, avec par exemple le réseau de flotteurs Argo. Ils utilisent également les observations de surface effectuées grâce à des satellites équipés de capteurs. Enfin, ils résolvent par des calculs informatiques les équations qui régissent les mouvements des océans. Un moyen qui permet de prédire ce qui peut arriver dans les climats futurs à l’horizon 2050 ou 2100.
Car l’océan est un réservoir de chaleur important par rapport à l’atmosphère. L’eau a en effet une capacité mille fois plus importante que l’air pour absorber l’énergie. L’océan fonctionne ainsi comme une éponge qui absorbe l’excès de chaleur de l’atmosphère ainsi que 25% du CO2 émis par les activités humaines.