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La santé, un axe de performance sur le Vendée Globe

Depuis ses débuts, la course au large a toujours été une histoire d’Hommes et de machines, mais le regard porté sur cette dualité a évolué avec le temps. Longtemps, l’attention s’est focalisée uniquement sur la performance et la fiabilité des bateaux. Aujourd’hui, cette dernière est portée sur le skipper.

LORIENT, FRANCE - 23 SEPTEMBRE 2024 : Tut Gut. Le skipper Oliver Heer (SUI) à l'entraînement, le 23 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo Richard Mardens
LORIENT, FRANCE - 23 SEPTEMBRE 2024 : Tut Gut. Le skipper Oliver Heer (SUI) à l'entraînement, le 23 septembre 2024 au large de Lorient, France - Photo Richard Mardens

Des bateaux truffés de capteurs

Les IMOCA sont des concentrés de technologies. Ils naviguent à plus de 30 nœuds, soit environ 60 km/h dans une mer formée, ils dévalent la longue houle, on s’habitue au bruit infernal de 100 db, une alarme sonne, laquelle est-ce ? Caméra, coque, mât, pilote, quille, growler ? En effet sur ces bateaux il y a des capteurs de toute sorte, capteurs de tension, de pression, de traction, de chocs ou de température qui viennent s’ajouter aux capteurs de vent, de gîte ou de vitesse qui existent depuis longtemps. Un capteur transforme une grandeur physique en un signal électrique.

Cependant, la technologie ne fait pas tout. L’humain, lui aussi, est un système ultra-sophistiqué ! Avec ses propres "capteurs" biologiques (comme la vue, l’équilibre ou la proprioception), il détecte, analyse et réagit à son environnement avec une rapidité et une adaptabilité que les ordinateurs peinent encore à égaler. Il nous a paru amusant de comparer certains capteurs montés sur ces machines modernes et les capteurs embarqués du corps humain. Par exemple, le bateau a une jauge pour connaître la quantité de carburant dans le réservoir ou un ampèremètre pour connaître la charge de la batterie. L’humain, lui, a des viscéro-capteurs qui donnent la sensation de remplissage de la vessie ou la notion d’estomac vide.

Certains avantages penchent du côté de l’humain. Le cerveau par exemple, peut s’adapter, inventer. Il tombe rarement en panne mais peut être paralysé par le stress. Autre avantage pour l’humain, la vitesse de réaction, chez l’Homme elle ne passe pas toujours par le cerveau mais parfois seulement par la moelle, ce qui permet de retirer sa main en cas de brûlure en quelques centièmes de seconde alors que si un multicoque s’incline, il faut deux à trois secondes avant que l’écoute ne soit libérée automatiquement pour se rétablir s’il est encore temps.

Le skipper, au cœur de la performance

Dans les conditions extrêmes du Vendée Globe, le corps humain est soumis à des sollicitations intenses : privation de sommeil, froid, humidité, et un niveau sonore pouvant atteindre 100 décibels dans un bateau lancé à pleine vitesse. Autant de facteurs qui mettent à rude épreuve les capacités physiques et mentales du marin.

Les équipes médicales, en collaboration avec les skippers, ont donc développé des protocoles pour surveiller leur santé. Le diagnostic peut inclure des échanges en télémédecine ou l’analyse de photos envoyées grâce aux connexions par satellites. La gestion du stress, la prévention des blessures et l’optimisation du sommeil sont devenues des priorités pour maximiser les performances en mer.

Un skipper stressé, fatigué ou blessé peut commettre des erreurs, tandis qu’un skipper en pleine possession de ses moyens mentaux et physiques saura exploiter au mieux les capacités de son bateau.

Une vision intégrée de la performance

La course au large évolue vers une approche globale de la performance où la santé du skipper est aussi surveillée que la structure du bateau. Les préparateurs intègrent désormais des aspects physiologiques et psychologiques dans leurs entraînements, combinant les avancées médicales, les innovations technologiques et l’expérience humaine.

Ainsi, dans le Vendée Globe, la quête de performance ne repose plus uniquement sur le bateau mais aussi sur la résilience, la concentration et le bien-être du skipper, véritable "cerveau" de cette machine complexe. Une révolution qui replace l’humain au centre de l’aventure hors du commun !

Docteur Yves Lambert pour AMCAL


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