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Paprec Arkea et For People : ce qu’ils disent de l’évolution des IMOCA

Mis à l’eau à moins d’un mois d’intervalle, les monocoques destinés à Yoann Richomme et à Thomas Ruyant ont été dessinés par Antoine Koch et le cabinet Finot-Conq. Si la carène, les foils et les safrans sont identiques, les deux équipes ont fait des choix propres en matière de plan de pont, d’ergonomie et de zones de vie, ce qui les distingue aussi des autres bateaux neufs. Explications. 

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Ce sont toujours des moments fondateurs dans un projet de course au large. La mise à l’eau d’un bateau, c’est le point de départ d’une nouvelle aventure en mer et la concrétisation de mois de travail, à l’ombre du bureau d’études et du chantier. Le Jour-J, le scénario est toujours identique : sortie de chantier, grutage, regards curieux, appareils photo braqués sur le bateau et puis les applaudissements quand la coque finit par toucher l’eau. Il y a aussi un mélange d’appréhension à réussir l’ensemble de ses manœuvres et d’excitation à voir enfin le fruit du travail récompensé. « C’est l’accomplissement de beaucoup de travail, sourit François Pernelle, responsable du bureau d’étude de TR Racing (For People, anciennement LinkedOut). Il y a beaucoup de fierté, même si ce n’est que la 1ère étape ». « On se sent toujours mieux quand le bateau est enfin à quai », confie Gauthier Levisse, son alter ego chez Paprec Arkéa.

Des bateaux « plus sûrs, plus fiables, plus équitables » 

Les équipes de Yoann Richomme et Thomas Ruyant ont donc mis à l’eau deux bateaux neufs, respectivement en février et ce jeudi, en attendant les prochains à venir : le plan Verdier de Charlie Dalin et le plan Raison d’Éric Bellion. Si chacun s’amuse à repérer les similitudes et la différence entre eux et les précédents bateaux neufs - huit sont déjà sortis de chantier avant eux pour disputer le prochain Vendée Globe* - tous respectent un cahier des charges bien précis, la fameuse ‘jauge’ déterminée par la classe IMOCA et officialisée en avril 2021. 

René Boulaire, responsable des opérations de jauge pour l’ensemble de la classe, en explique les fondamentaux : « l’enjeu majeur, c’est d’assurer au maximum la sécurité des skippers, surtout quand on connaît les conditions auxquelles ils sont exposés pendant un tour du monde. En somme, on s’attache à ce que les bateaux soient plus sûrs, plus fiables et plus équitables ». Plusieurs éléments sont communs à tous les bateaux : le mât, les voiles, le vérin de quille, mais aussi (et c’est une nouveauté) la bôme, l’étai de J2 et les bastaques. Par ailleurs, la jauge encadre le volume des foils (limité à 8m3).

Richomme : « Il y a eu une mise en commun »

Les monocoques Paprec Arkéa et For People ont un peu plus en commun et pour cause : le premier est un sistership du second, résultat d’un travail commun mené par le cabinet Finot-Conq, l’architecte Antoine Koch ou encore GSea Design pour les calculs de structure. « Yoann avait déjà travaillé avec Finot-Conq et dès qu’on a appris qu’une nouvelle équipe Paprec Arkéa se montait, on a discuté avec eux », explique Antoine Koch. « Il y a eu une mise en commun des efforts en recherche et développement, poursuit Richomme évoquant les foils et les safrans identiques avec For People. En revanche, les plans de pont, de cockpit et de roofs sont différents. 

Pourtant, pour les deux équipes comme pour les autres, l’un des enjeux les plus étudiés réside dans la capacité à mieux passer les vagues et à faire face aux conditions instables, aux changements brutaux de vitesse. « Nous voulions un bateau qui demande moins de régulation, explique Thomas Ruyant. La carène permettra de naviguer davantage à plat, au portant dans le Grand Sud. Elle a plus de francs-bords aussi avec moins d’eau sur le pont et moins d’exigence en régulation à la colonne de winch ».  « On a essayé de faire un bateau 4x4 qui passe mieux la mer, qui offre une belle visibilité et qui protège davantage le marin », complète François Pernelle. 

Prêts à passer de la théorie à la pratique 

Yoann Richomme, lui, évoque l’étrave « tulipée » de son IMOCA. « L’idée, c’est d’enfourner le moins possible et d’éjecter l’eau sur les côtés pour qu’il y en ait le moins possible sur le pont », explique Yoann Richomme. « Pour améliorer les performances au portant, on a essayé de réduire pas mal la surface mouillée », poursuit Antoine Koch. Il souligne que ces deux bateaux sont plus étroits que la génération précédente, un aspect également notable chez Charal 2. Si les similitudes sont nombreuses entre les deux nouveaux IMOCA, chaque équipe a développé ses propres solutions en matière de plans de pont et d’ergonomie. 

Chez Paprec Arkéa, on a opté pour une zone de vie « semi-étanche » au centre du bateau qui fait office de zone de manœuvres, de veille, de sommeil… « L’idée, c’était d’avoir un espace le plus compact possible où on puisse avoir accès à tout : l’ordinateur, les winchs et avoir une vision pour assurer une veille correcte », explique Yoann. Dans l’équipe de Thomas Ruyant, on a préféré conserver la philosophie de l’ancien IMOCA LinkedOut. « La zone à l’intérieur est très épurée alors que la zone de manœuvres à l’arrière reste ouverte, Thomas ne voulait pas se sentir encapsulé, poursuit François Pernelle. Nous avions envie de garder ses points de repère et ça lui plaisait ». 

Reste désormais à passer de la théorie à la pratique. Paprec Arkéa a débuté les navigations cette semaine, For People devrait en faire de même d’ici quelques semaines. Afin d’accélérer l’optimisation de son nouveau bateau, Thomas Ruyant pourra compter sur Sam Goodchild qui disposera de l’ex-LinkedOut (ses couleurs seront dévoilées le 14 avril). « J’attends beaucoup de la mutualisation des moyens et du partage des idées avec lui », sourit le skipper nordiste. À noter que Paprec Arkéa et For People sont attendus sur la ligne de départ de la Guyader Bermudes 1000 Race, début mai à Brest, leur première course de la saison. 

* Charlie Enright (11th Hour Racing Team) - Kevin Escoffier (Holcim – PRB) - Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne)- Jérémie Beyou (Charal)- Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer)- Sam Davies (Initiatives-Coeur)- Yannick Bestaven (Maître Coq V)- Paul Meilhat (Biotherm)


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