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En bande organisée

En tête de course, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) devrait passer l’équateur dans une dizaine d’heure, lui qui bénéficie toujours des alizés comme son rival, Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e). De son côté, Alan Roura (Hublot) est devenu le 17e skipper de ce Vendée Globe à franchir le cap Horn. Un peu plus loin, un groupe de neuf marins, de Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) à Arnaud Boissières (La Mie Câline, 29e), bataille sans relâche dans une saine émulation. Alors qu’ils devraient atteindre le cap Horn en milieu de semaine, trois d’entre eux racontent les petits bonheurs de cette bande à part.

À bord de Biotherm (Paul Meilhat).
© Paul Meilhat

Quand on a connu les vents erratiques, les grains et les dépressions, filer dans les alizés est une sacrée satisfaction. C’est ce que vivent les deux leaders, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) qui progressent sous vent de travers. « L’angle s’ouvre au fur et à mesure qu’ils remontent, explique Fabien Delahaye à la direction de course. Les conditions d’alizé sont stables avec une quinzaine de nœuds de vent, une mer peu formée, des conditions estivales… Tout est propice pour aller vite ! » Charlie devrait atteindre l’équateur en milieu d’après-midi ce dimanche. 

Des retrouvailles et un cap-hornier 

Derrière, on note plusieurs recompositions. Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) revient sur Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 11e) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e). « Samantha a réussi à se faufiler devant la dorsale de l’anticyclone », précise Fabien. De même, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor Lux, 16e) devrait pouvoir revenir sur Romain Attanasio (Fortinet – Best Western, 14e) et Damien Seguin (Groupe Apicil, 15e) qui sont bloqués par l’anticyclone.  

Alan Roura (Hublot, 17e), lui, a passé le cap Horn à 7h43 (heure française, 6h43 UTC) dans des conditions dantesques avec des modèles à 30-35 nœuds de vent, 4 à 5 mètres de mer. Le Suisse y progresse au ralenti pour préserver au maximum son bateau. Mais la délivrance est bien là : « dès qu’il franchit le cap Horn, le vent se baisse d’un coup et la mer », assure Fabien Delahaye. De leur côté, Isabelle Joschke (MACSF, 18e) et Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e) ont préféré ralentir pour laisser passer ce gros coup de vent. Ils pourraient passer le cap Horn dans la soirée. 

« Le groupe des ‘banditos’ » 

À 4500 milles de la tête de flotte, au cœur de l’océan Pacifique, d’autres marins écrivent patiemment leur histoire. Ces aventuriers du large, qui ne sont pas effrayés par la solitude, se retrouvent à progresser en groupe. Alors que Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job, 20e) s’est offert 200 milles d’avance, ils sont neuf dans un rayon de 180 milles. Il y a six bizuths, un des skippers les plus expérimentés (Arnaud Boissières, La Mie Câline), la benjamine (Violette Dorange, Devenir, 26e), un revenant (Éric Bellion, STAND AS ONE – Altavia, 24e), deux étrangers (Kojiro Shiraishi, DMG Mori Global One, 22e, et Conrad Colman, MS Amlin, 27e)... En somme, ils représentent à eux seuls l’éclectisme du Vendée Globe et la saveur de l’aventure. Actuellement, Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) a pris les commandes du groupe avec 70 milles d’avance, Arnaud Boissières (La Mie Câline, 29e) ferme la marche mais rien n’est figé.  Arnaud, qui dispute le Vendée Globe pour la 5e fois et « échange beaucoup avec Éric Bellion », se charge des présentations : 
 


« C’est sûr qu’on est un sacré nombre de bateaux ! Ce qui est drôle, c’est qu’on a tous des profils différents. C’est le groupe des ‘banditos’ ! Il y a que des gens gentils dans ce groupe : la petite jeune qui en veut (Violette Dorange), le guerrier ‘Seb’ (Sébastien Marsset), le ‘crazy kiwi’ (Conrad Colman), Louis Duc à la peau épaisse, ‘Koji’ (Kojiro Shiraishi) qui a mis le turbo… On a tous des configurations de gréement et des types de voiles différents. Ça fait un moment qu’on est ensemble même si je cravache pour revenir. C’est toujours plus intéressant de naviguer à plusieurs. Tout seul, tu es le roi du pétrole. Là, il faut regarder le classement, les trajectoires, c’est une saine émulation. »

Arnaud Boissières
LA MIE CÂLINE

Sébastien Marsset (FOUSSIER, 23e) fait donc partie des « banditos ». Lui qui explique avoir un moral en dent de scie – « ça va, ça vient en fonction de la capacité à avoir du temps de repos et à bien s’alimenter » - se réjouit de ce groupe qui vogue ensemble au cœur du Pacifique : 


 


Finalement, j’ai peu de contact avec eux, même si j’ai croisé Éric Bellion hier et que j’étais très content de lui parler à la VHF. Ça me fait marrer d’imaginer les autres sur leurs bateaux à vivre la même chose. Je les imagine avec leurs différentes façons de naviguer, leur caractère, leur bateau… Je trouve ça sympa, ça stimule. Tout le monde est attentif et s’attache à savoir qui fait quoi, qui a quelle trajectoire. On se remet en question, on jauge nos niveaux, ça nous donne une pression sportive aussi.

Sébastien Marsset
FOUSSIER

Louis Duc (Fives Group - Lantana Environnement, 28e) est également de la partie. « Je mets de l’angle pour que ça marche », s’amuse-t-il en évoquant sa trajectoire. Louis est aussi revenu sur la genèse de ce groupe et le plaisir qui en découle :


À l’origine, ils étaient tous derrière globalement. La météo fait que c’est revenu par derrière. Au début, c’était un peu frustrant. Mais ensuite un mode régate s’est remis en route, ce qui n’est pas désagréable. On retrouve tout le monde à la VHF : hier c’était Conrad, Kojiro un peu avant… C’est sympa de voir qu’on se creuse tous la tête pour faire avancer nos machines. On alterne des moments galères avec des moments où le ciel s’éclaircit pas mal. Je passe beaucoup de temps dehors et ça permet de profiter de couleurs magnifiques, de glissades super sympas.

Louis Duc
Fives Group - Lantana Environnement

Tous progressent au cœur du Pacifique et « plus on gagne vers le Nord, plus on sort d’un système de vent fort », précise Sébastien Marsset.  Ils sont attendus au cap Horn en milieu de semaine prochaine. « C’est ce qu’on attend depuis un petit bout de temps, savoure Louis Duc. Ce sera la fin de cette grande étape des mers du Sud ! » Arnaud Boissières conclut : « j’hallucine un peu de l’endroit où on se trouve, c’est magique. Les oiseaux doivent se dire qu’on est taré ! » 

 


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