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Un nouvel IMOCA signé Sam Manuard pour le Britannique Phil Sharp

Phil Sharp a annoncé cette semaine la construction d’un nouvel IMOCA à zéro émission mettant en avant la technologie de la pile à combustible à hydrogène. Après plusieurs tentatives, notamment celle d'avoir un bateau pour la course 2016-17, le Britannique semble prêt à réaliser son rêve de participer au Vendée Globe. L’homme de 41 ans, originaire de Jersey dans les îles Anglo-Normandes, aura le troisième IMOCA conçu par Sam Manuard et construit par le chantier Black Pepper Yachts, basé à Nantes.

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Sharp, ingénieur mécanicien diplômé, est depuis longtemps un défenseur des technologies d'énergies propres et n'a cessé de promouvoir la décarbonisation des transports maritimes de tous types, des navires de plaisance aux énormes cargos. Il est le fondateur de Genevos, une start-up qui a mis au point un module de pile à combustible à hydrogène innovant et prête à l'emploi, avec des applications marines évolutives. Son IMOCA OceansLab sera une plateforme permettant à la fois de promouvoir, de prouver et de tester de nouvelles technologies propres.  

Comme Yoann Richomme, Phil Sharp passe du top de la flotte Class40 à l’IMOCA avec un bateau dernière génération, nourrissant l’espoir d’un podium. Après avoir réalisé des podiums en Mini au début des année 2000, le skipper a remporté la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Class40 en 2006 puis terminé 3e en 2018. À cela s’ajoute ses deux titres de champion du circuit européen en Class40, qui lui confèrent une réputation de redoutable marin, tenance et rusé.

Son plan Manuard - qui bénéficie de quelques améliorations par rapport à ses sisterships Bureau Vallée (lancé sous le nom de L'Occitane de Provence pour le Vendée Globe 2020) et du nouvel Initiatives-Cœur de Sam Davies - ne sera lancé que fin juillet ou début août, à temps pour le Défi Azimut - Lorient Agglomération et la Transat Jacques Vabre. Il devra rattraper son retard par rapport aux nouveaux IMOCA lancés en 2021, 2022 et début 2023.

Pourquoi ce plan Manuard, était-ce parce que c’était le seul bateau disponible à la vente ?

J'aime beaucoup le concept Manuard (de l'étrave "scow" ndlr). J'ai beaucoup navigué sur des bateaux que le cabinet a conçus, mon Class40 était une conception Manuard et j'ai aussi navigué sur des plans Manuard en Mini. J'ai connu Sam Manuard dans cette classe dès 2005. Je pense vraiment que ce concept est excellent pour disputer un Vendée Globe. À mon sens, ces bateaux sont plus faciles à naviguer que d’autres. Ils bénéficient d’une grande stabilité. L’ensemble est très polyvalent et c’est ce qu’il faut pour performer sur tour du monde.  

Quand le bateau doit-il être mis à l’eau et quel est ton programme de navigation ?

Nous prévoyons de mettre le bateau à l'eau fin juillet voire début août. Nous ferons des navigations techniques tout au long du mois d’août pour pouvoir nous aligner sur le Défi Azimut – Lorient Agglomération début septembre. Ensuite, il y aura la Transat Jacques Vabre, puis le « Retour à la Base » qui sera crucial pour valider ma première course de qualification pour le Vendée Globe.  

As-tu réuni l’ensemble du financement nécessaire à ta campagne Vendée Globe ? 

Nous avons un partenaire de base pour couvrir cette saison, mais nous sommes à la recherche du partenaire principal. Nous sommes probablement le seul nouveau bateau qui a encore la possibilité d'accueillir un partenaire principal et je pense que la technologie propre de l'hydrogène peut intéresser une entreprise qui s'associerait à OceansLab.  

Quelle est l’activité de “Genevos”, ta start-up ? 

Nous avons commencé il y a quelques années par une étude de faisabilité pour l'hydrogène sur un IMOCA. Nous avons mis en place le projet en Class40, mais nous avons immédiatement réalisé le potentiel de la technologie dans le secteur maritime en général. Nous avons lancé l'entreprise pour développer la technologie des piles à combustible dans le secteur maritime, avec un système d'alimentation en hydrogène « plug and play » pour remplacer complètement tout moteur diesel sur n'importe quel bateau. L'IMOCA pourrait ainsi devenir un véritable bateau de course "zéro émission", ce qui n'est pas le cas de la plupart des bateaux aujourd'hui. Nous pensons vraiment que l'IMOCA est une classe pionnière pour adopter et mettre en lumière les nouvelles technologies propres.  

As-tu développé cette technologie toi-même ?  

Oui, c'est une technologie brevetée. Nous avons effectivement développé quelque chose de simple et facile à installer par un OEM (original equipment manufacturer, ndlr) et par les chantiers navals, à la place d'un moteur diesel ou d'un générateur. Nous sommes très enthousiastes à l'idée d'entrer dans la phase de commercialisation et d'utiliser des systèmes de plus grande puissance, jusqu'à 80 kW, pour les ferries rapides, les navires de service des parcs éoliens, etc. Le projet IMOCA est une magnifique vitrine de la technologie pour le secteur maritime, un projet pilote pour accroître la confiance dans la technologie. L'objectif d'OceansLab est de mettre en évidence une technologie avancée, évolutive et disponible pour l'industrie maritime, en se concentrant sur l'hydrogène mais en utilisant également des matériaux composites recyclables très disruptifs, dont le secteur de la navigation de plaisance a grandement besoin, pour faire évoluer cette industrie vers un avenir plus propre.  

Tu entres tardivement sur le circuit IMOCA, quelle est ton ambition sur le Vendée Globe ? 

Mon ambition est toujours d'être dans le paquet de tête, ou proche de ce dernier. Si j’ai choisi cet IMOCA, c’est pour aller chercher un bon résultat. Mais en effet, le temps est notre pire ennemi sur ce projet. Nous devons faire les choses simplement et nous concentrer sur la prise en main du bateau le plus tôt possible, sans forcément chercher à atteindre les deux ou trois derniers pourcentages de son potentiel. Je ne vais pas dire que nous visons la victoire parce que ça porte malheur et qu'il y aura énormément de marins avec plus d'expérience que moi, mais j'aime à penser que je vise un podium ! Sinon je ne construirais pas un nouveau bateau.  


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