27 Janvier 2021 - 10h37 • 14176 vues

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Actuellement à près de 1 000 milles de l'arrivée, le skipper de L'Occitane en Provence était à la vacation de ce matin. Il s'apprête à rencontrer la plus grosse dépression de son tour du monde !

« L’arrivée se précise, c’est assez compliqué car il y a une énorme dépression qui nous arrive dessus. On fait le tour du monde et la plus grosse dépression qu’on se prend, c’est dans le golfe de Gascogne ! Il y a deux options : soit j’arrive à passer devant la dépression, soit je n’y arrive pas. Si je n'y arrive pas, je vais devoir ralentir pour la laisser passer. Le vent sera gérable mais la mer sera très forte, de 8 à 10 mètres de creux. Ce sera ambiance « casse bateau ». Ce serait dommage si près du but… Je n’ai plus de voile de capelage alors je ne suis pas très efficace ni très rapide en descente. Ce n’est pas l’idéal. Je suis sous J2, à vrai dire, je n’ai plus trop le choix. Hier j’étais sous J0, mais il y a trop de mer là.

C’est une fin épique, c’est bien la peine d’aller dans le grand Sud ! Je pense que le maximum que j’ai pu avoir sur ce tour du monde, c’est 40 nœuds dans les claques. En vent moyen, je dirais 30 à 32 nœuds et au niveau de la mer, je dirais 5 mètres de creux maximum. On a eu des conditions qu’on peut avoir régulièrement en Atlantique Nord en hiver ou au printemps. J’ai jusqu’à demain matin pour décider. La dépression passe assez vite, si je peux être Nord Espagne/Portugal, je laisse passer le gros et j’arrive à passer ensuite.

J’ai dû 'jiber', j’ai entre 28 et 30 nœuds de vent là. Ça pousse pas mal et la mer commence à se creuser un peu. On va faire au mieux pour réussir à bien avancer.

Il y un match avec Maxime, c’est sympa. Il est quand même bien reparti cette nuit. Il doit avoir une voile de capelage efficace, ça va être compliqué pour moi de revenir sur lui. Je ne sais pas quelle décision il va prendre, mais en étant rapide, la question va moins se poser pour lui que pour moi. Si je suis rapide et que je passe devant la dépression, j’arrive samedi matin. Sinon je prends 48h dans la vue. J’aurais encore un peu plus faim en arrivant ! J’ai toujours un repas le soir et des barres de céréales le midi donc ça va, c’est juste un peu monotone ! J’ai commandé du poisson grillé et du poulpe pour l'arrivée. Le plat s’appelle « Pulpo a la Gallega ». C’est du poulpe au paprika, on en trouve beaucoup en Espagne sous forme de tapas, ça fond sous la langue, c’est délicieux.

J’ai mis mes bottes mais il fait encore bon, et comme on arrive avec une dépression, il ne fait pas froid. Je suis en bordure anticyclonique : j’ai encore du soleil, ce sont de bonnes conditions.

J’ai encore vu des sargasses hier, j’étais étonné d’en voir aussi Nord. Mais rien à voir avec le pot au noir, où c’était des champs entiers et où il fallait parfois faire demi-tour pour s’en défaire. Hier j’ai quand même dû relever le safran pour en retirer. »

Armel Tripon / L'Occitane en Provence