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L’incroyable Noël de monsieur Roura

Après un été de prospection long et éprouvant moralement, le skipper suisse a dégoté un nouveau sponsor-titre et un bateau d’exception, l’ex-Hugo Boss. De quoi savourer cette fin d’année avec le sourire, avant d’envisager l’avenir avec enthousiasme et gourmandise.

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Certes, « l’eau est un peu froide, mais les conditions de vent sont idéales ». À quelques jours des fêtes de fin d’année, Alan Roura, lui, est là où il se sent le mieux : sur l’eau. Le Suisse multiplie actuellement les sorties en mer à bord de l’ex-Hugo Boss. « On essaie de naviguer le plus possible jusqu’à janvier, février ». Dans la voix du skipper de 28 ans, l’enthousiasme dit tout : les bonheurs simples de lancer un projet, d’avoir une vision claire sur l’avenir à court et moyen terme et le bonheur, aussi, d’être à bord d’un bateau d’exception. « Par rapport aux bateaux de génération 2007, c’est un peu le jour et la nuit, assure-t-il. On n’a pas besoin de forcer pour aller vite et décoller. Et les foils commencent à porter même dans du vent faible ».

« On avait conscience que ça allait être compliqué »

Alan est admiratif, à bord du monocoque signé VPLP, de « ce surplus de confort et de performance », la capacité à se « sentir vite très bien à bord (…) où tout est très bien pensé » au point « où on n’est ni fatigué, ni mouillé ». « Après, ça reste un bateau, il faut s’adapter aux couleurs des cordages, à la disposition des sorties de drisses et des écoutes. Mais on s’y fait vite ! » Avant de multiplier les sorties en mer et apprécier chaque accélération, chaque bord et toutes les sensations que cela induit, il a fallu se battre et vivre ce que la majorité des marins affrontent : « Le Vendée Globe débute toujours par la recherche de financement, ça fait aussi les qualités d’un marin ».

C’est le temps des rêves, des conjonctures, mais aussi de la patience, de l’acceptation de ne pas tout maîtriser. Ni l’agenda, ni les rendez-vous et encore moins les réponses des interlocuteurs que vous avez face à vous. Après 5 ans de collaboration avec La Fabrique  - avec qui il conserve de très bonnes relations – Alan savait qu’il fallait relancer les recherches de financement. « On avait conscience que ça allait être compliqué avec la période actuelle, l’impact du Covid-19… ». Alan dit « on » parce que sa femme, Aurélia, est aussi de l’aventure. « Ce sont des moments difficiles, mais le fait de bosser en famille, ça aide à conserver la motivation ». Pourtant, ils patinent, multiplient les allers-retours en Suisse, y laissent beaucoup d’énergie. Et puis le temps file, l’été ne peut donc pas être aussi beau qu’en ayant l’esprit libéré.   

Une année 2022 riche en promesses

« À un moment donné, tu te dis que tu ne vas pas y arriver. Et cette semaine-là, celle où tu as envie de tout lâcher, c’est là que ça a commencé à avancer ». Un partenaire-titre s’engage à ses côtés et les récompense enfin de leurs efforts. Dans le même temps, ils savent qu’il est « trop tard pour la construction d’un bateau ». Parmi les bateaux disponibles, Hugo Boss dont l’avenir n’en finit plus d’animer les discussions à Lorient. Ce sera pour Alan. « On ne rachetait pas seulement un bateau, mais aussi l’expérience d’Alex Thomson, son expertise et tout le travail de développement du bateau ».

À l’heure où tous ses compères d’IMOCA préparent la Transat Jacques Vabre, Alan se rend en octobre à Cannes récupérer le bateau avant qu’il soit sorti de l’eau à Toulon puis ramené à Lorient. Au fil de ces semaines où tout s’est accéléré, il retient des attitudes et un état d’esprit : celui d’Alex Thomson. « C’est quelqu’un de profondément gentil et passionné qui transmet ses connaissances avec plaisir. Naviguer avec lui, c’est juste du bonheur ».

Ce bonheur-là, Alan espère l’étirer toute l’année prochaine et jusqu’au Vendée Globe 2024. Il faudra mettre le bateau à ses nouvelles couleurs dans les prochaines semaines puis participer à toutes les courses IMOCA en 2022 : Lorient-Les Bermudes-Lorient, la Vendée Arctique Les Sables afin de faire « une préparation aux petits oignons » pour la Route du Rhum. « J’ai hâte de me confronter aux autres : on sera beaucoup à être sur le même pied d’égalité, le match race s’annonce passionnant ».  Avant de se projeter sur cette nouvelle saison, Alan souhaite profiter de ces fêtes de fin d’année, un an après les avoir passées seul en mer, au cœur du Vendée Globe. « J’ai deux cadeaux à Noël : un bateau et être en famille, avec ma fille et ça, c’est vraiment agréable ». Décidément, les marins aussi peuvent vivre leurs contes de Noël…


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