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Pip Hare : « Je veux terminer la course sans regret »

PAROLES DE SKIPPER (30/40). La Britannique a conquis le public avec sa bonne humeur et sa ténacité en 2020. À bord d'un des plus vieux bateaux de la flotte, elle avait réalisé une performance remarquable (19e). Désormais, place à un 2e Vendée Globe avec toujours autant d'enthousiasme.

Pip Hare
Pip Hare à bord de Medallia
© James Tomlinson

Peu de temps après son arrivée, Pip Hare et son sponsor Medallia annoncent l’achat de l’IMOCA vainqueur de l’édition 2016 aux mains d’Armel Le Cléac’h, toujours détenteur du record de la course avec 74 jours.

Avec ce nouveau bateau, Pip obtient des résultats réguliers : 12e de la dernière Route du Rhum et de la dernière Transat Jacques Vabre. Considérablement modernisé l'hiver dernier avec de nouveaux foils plus grands, la navigatrice britannique s’est offert un « top 10 » sur la dernière course de qualification. 

Coureuse longue distance - elle avait déclaré avant son Vendée Globe 2020 : « un marathon n'est jamais assez » - cette Britannique de 51 ans a parcouru des dizaines de milliers de milles avant de participer à la Mini Transat et de passer ensuite au Class40. Elle a également beaucoup coaché et écrit régulièrement pour le magazine Yachting World.

Vendée Globe :

Comment te sens-tu à l’approche de ton deuxième Vendée Globe ? 

Pip Hare

Pip Hare

MEDALLIA

Je me sens soulagée, car cela a été plus compliqué que la dernière fois d’être ici. Il y a quatre ans, c’était déjà une bataille pour être au départ, mais je n’avais pas beaucoup d’attentes. Cette fois-ci, je me suis fixée des objectifs élevés avant même de couper la ligne de départ, et j'ai dû travailler dur. Je suis soulagée de me dire que nous y sommes parvenus, que nous avons pratiquement réalisé tout ce à quoi j'aspirais. Une fois que j'aurai pris le départ, la seule chose dont je devrai me préoccuper sera la course ; le reste viendra tout seul. J'ai hâte d'y être !

Vendée Globe :

Tu as connu des difficultés, des sponsors se sont retirés du projet… As-tu eu peur de ne pas réussir à être sur la ligne de départ ? 

Non, je n'ai jamais eu peur de ne pas prendre le départ, mais je voulais vraiment pouvoir le prendre dans les conditions que je souhaitais, avec le niveau de préparation auquel j’aspirais.

Vendée Globe :

Quel est ton objectif sur ce Vendée Globe ? 

J'ai beaucoup réfléchi à cette question et je pense que ce qui est important sur un Vendée Globe, c’est d’avoir plusieurs définitions de la réussite. Il ne faut pas que le seul facteur de réussite soit le classement. On ne peut pas tout contrôler et on part avec beaucoup d’incertitudes. Pour moi, certaines choses n’ont pas changé depuis le dernier Vendée Globe : je vais donner tout ce que j’ai, saisir toutes les opportunités pour n’avoir aucun regret à la fin.

Vendée Globe :

Après le dernier Vendée Globe, tu avais envisagé t’installer en France avant de faire machine arrière. Le fait d’être basée à Poole et d'être le seul projet 100 % britannique est important pour toi ? 

Oui, c'est vrai. Je tiens beaucoup à ce que notre identité soit celle d'une équipe britannique. C’est important pour nous et c’est une certaine fierté. Nous sommes la seule équipe étrangère basée à l’étranger ; beaucoup d’équipes internationales sont basées en France. Je suis fière de ce que nous avons accompli en tant qu’équipe en trois ans et demi ; j’ai le sentiment que nous avons déplacé des montagnes ! J’aimerais vraiment que cela perdure. Si ce n’était pas le cas, ce serait dommage pour la voile britannique.

Vendée Globe :

Tu restes pendant toute la période du village aux Sables d’Olonne, c’est important pour toi ? 

Je voulais qu’on en profite, mon équipe et moi. Être ici permet de se rendre compte de ce qu’on a accompli. Et puis d’un point de vue pratique, c’est compliqué de rentrer à la maison. J’aurais fait les cent pas chez moi en regrettant de ne pas être sur place. Nous avons une belle maison ici, on y est bien, et cela permet de bien se reposer.

Vendée Globe :

Tu as un lien particulier avec ton bateau, peux-tu nous en parler ? 

Je l’adore. Il n'existe nulle part ailleurs où je préférerais être que sur mon bateau. Je mesure la chance que j’ai d’être là où je suis et de participer au Vendée Globe avec un bateau comme celui-là. Ma personnalité me pousse à toujours aller de l'avant, à aller plus loin, à faire mieux. Je suis comblée par la situation actuelle !

Vendée Globe :

À bien des égards, tu t’es surpassée en 2020…

Je sais que ce Vendée Globe sera différent du précédent. Je dois surtout gérer mes propres attentes. Si je n’atteins pas le niveau de performance souhaité, je ne veux pas être submergée par la déception et le sentiment de décevoir les autres, au point de m'enlever toute forme de plaisir. Il ne faudra rien lâcher et toujours tenter de me dépasser. 

Vendée Globe :

Qu’est-ce qui t’inquiète le plus sur la course ? 

Je pense que ce qui m'inquiète le plus, c'est le départ. Historiquement, je ne suis pas très douée sur les phases de départ ! Ensuite, il y a la traversée du golfe de Gascogne, la traversée du Pot-au-Noir, puis l’approche de l’océan Austral, la grande inconnue. C’est « le grand monstre effrayant sous le lit » ! Mais ce que je retiens surtout du dernier Vendée Globe, c'est que j'ai énormément sous-estimé les quatre dernières semaines. Cette fois-ci, je vais m’assurer d'être en bien meilleure forme lorsque je quitterai les mers du Sud. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et de nombreuses cartes à jouer à ce moment du parcours.

Vendée Globe :

Quel est ton programme d’entraînement ? 

Juste avant la Route du Rhum, je me suis déchirée le ligament croisé du genou. J'ai eu quelques mois où je n'étais pas en grande forme, mais j'ai travaillé avec un nouveau kiné et un nouveau préparateur physique ces six derniers mois, et j'ai vraiment pris un virage. Avant, je travaillais beaucoup sur la prise de masse musculaire ; j'avais des entraîneurs obsédés par ça ! Mon programme est désormais différent. Je fais toujours de la musculation, mais c'est juste pour garder un niveau de base ; le reste consiste surtout à faire de la corde à sauter, à sautiller, à me tenir sur une jambe et je suis beaucoup plus en phase avec ce que je demande à mon corps de faire. Cela m’a surpris, mais j’ai remarqué que cela m’a apporté une meilleure confiance en moi.

Rencontre avec Pip Hare, Medalia | Vendée Globe 2024

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